Alsace
Ce haut-lieu complété par un parc entend devenir une hôtellerie de colloques et de congrès internationaux. 14 millions de francs de rénovations (dont 2 millions de mise aux normes) de 1997 à 1999 rendent possible cette vocation nouvelle. Les travaux ont concerné 32 des 52 chambres réparties sur trois niveaux. 10 chambres ont été agrandies pour atteindre 25 m2. La Maison propose un "mix" entre les chambres d'esthétique ancienne dominées par un mobilier en bois massif et celles d'inspiration plus contemporaine, où percent des décorations jaune et bleu. La partie rénovée comprend douche et W.-C. dans chaque chambre. Certaines d'entre elles abritent des équipements adaptés aux handicapés et personnes âgées, comme les douches au ras du sol. A l'escalier en bois du XVIIIe siècle, le client peut désormais préférer deux ascenseurs s'il le désire. Un local de lavage/repassage et une salle de jeux pour jeunes enfants répondent aux besoins d'une clientèle familiale, qui se voit proposer trois appartements. Grâce à ces efforts, l'établissement a décroché cette année son deuxième cur "Maison familiale". Elle affiche également les labels Loisirs de France, avec trois bonhommes (seuil maximal) pour le logement. Pour financer ce grand toilettage, les bonnes fées ont été nombreuses à se pencher sur Lucelle : l'Europe (à travers le programme de coopération transfrontalière Interreg-II), le conseil régional d'Alsace, le conseil général du Haut-Rhin, trois cantons suisses et deux fondations allemande et helvétique ont limité le financement propre à 3 millions de francs. L'emprunt du complément a été contracté par l'association L'uvre de Lucelle propriétaire des lieux, qui regroupe des anciens dirigeants et cadres d'entreprises qui avaient décidé de sauver l'abbaye il y a près de 40 ans.
Critiques de la profession
La générosité publique et privée ainsi que le concept général de "tourisme
familial et social" ne plaisent pas à tous : l'association suscite les critiques
locales de la profession. D'autant que ses prix la rendent très compétitive : 240 francs
par jour et par personne en chambre double pour une pension complète, petit-déjeuner
compris (320 francs en chambre individuelle). "Nous sommes fiscalisés, nous
payons la TVA et la taxe professionnelle comme tout le monde. Et surtout, nous accueillons
un public qui ne se rendrait pas, de toute manière, dans les hôtels voisins... que nous
alimentons en clients lorsque nous-mêmes connaissons une situation de surcapacité",
se défend Nicole Berto, directrice du Centre européen de rencontres, label regroupant
les composantes religieuses et touristiques du lieu. La Maison de Lucelle présente deux
atouts principaux : sa capacité (120 lits) et ses salles de réunion : avec les espaces
de séminaire du restaurant voisin Le Relais de l'Abbaye (également propriété de
l'association), elle peut accueillir simultanément trois manifestations de 50 à 180
personnes chacune. Le centre a par exemple abrité en octobre un colloque sur la
mondialisation. Il constitue un lieu de rendez-vous prisé des associations de retraités,
des chorales, des groupes de profession de foi, des classes vertes. Une clientèle
individuelle émerge cependant depuis cet été. "Nous atteindrons 5 000 nuitées
cette année et comptons arriver à 10 000 dans les prochaines années", annonce
Nicole Berto. Pour y parvenir, la Maison Saint-Bernard pourra s'appuyer sur le Relais de
l'Abbaye, situé en face d'elle. Le restaurant sert 32 000 repas par an et doit sa
notoriété à la carpe frite sans arêtes, proposée à la carte 85 francs. La structure
hôtellerie-restauration de Lucelle gagne ainsi en importance : elle emploie 13
professionnels, dont quatre en cuisine, deux en salle et deux en entretien.
C. Robischon
Une décoration mi-traditionnelle avec le bois massif, mi-contemporaine grâce au
choix des couleurs.
L'HÔTELLERIE n° 2643 Hebdo 9 Décembre 1999