Créations et défaillances d'entreprises
En 1998, environ 266 000
entreprises ont été créées ou reprises tous secteurs d'activité confondus, soit 1,7 %
de moins qu'en 1997. Mais, les cafés, hôtels, restaurants semblent enfin tirer leur
épingle du jeu. Ce secteur a généré 11,5 % de ces "nouvelles entreprises"
alors qu'il ne représente que 9 % du parc des entreprises existantes. Cependant, le
comportement diffère d'un type d'activité à l'autre. La part de la restauration est
prédominante et a constitué 68 % des 30 609 créations en CHR. C'est la restauration
rapide qui a été la plus énergique et a connu une évolution de + 17 % en 1998
rejoignant ainsi les secteurs les plus énergiques parmi les créateurs d'entreprises,
mais dans une moindre mesure par rapport aux activités de télécommunications, largement
en tête.
2 784 hôtels créés, repris ou réactivés sont venus gonfler le parc hôtelier en 1998,
soit environ 14 % de l'offre. Les hôtels avec restaurant ont été les plus nombreux à
voir le jour, représentant à eux seuls 75 % des créations dans la branche hôtelière.
Le reste des créations revient majoritairement aux cafés, cafés-tabacs (18 %) et en
plus petit nombre aux autres formes d'hébergement (camping, résidences touristiques...).
En France, tous secteurs économiques confondus, 83 % des ouvertures sont dues à des
créations nouvelles (ex-nihilo + réactivations) et 17 % à des reprises. La reprise est
encore fortement pratiquée dans les CHR puisqu'elle représente 48 % des créations
enregistrées. L'explication en est relativement simple. Dans certaines activités du
tertiaire, l'entreprise ne repose que sur un nom, celui du dirigeant. Or pour les CHR,
hormis les grands restaurants gastronomiques où le nom du chef l'emporte sur celui de
l'établissement, l'emplacement et la qualité des services priment sur le propriétaire.
On rachète un fonds de commerce qui peut être bonifié ou relancé. La petite taille de
la plupart des hôtels, cafés et restaurants correspond aussi à des acquisitions souvent
abordables financièrement pour les repreneurs.
Recul des défaillances
Les défaillances d'entreprises ne sont pas à confondre avec une cessation volontaire
telle qu'un départ en retraite, une vente... et sont la résultante d'un acte de justice
du tribunal de commerce. En 1998, tenant compte de la date du jugement, l'INSEE annonçait
en France un chiffre brut d'environ 45 000 défaillances, contre 52 000 l'année
précédente.
Les CHR suivaient la même tendance affichant une régression de 12 % de leurs
défaillances. Alors qu'elles étaient près de 6 000 à disparaître en 1997, les
entreprises du secteur sont à peine plus de 5 200 à faire l'objet d'un jugement
ordonnant la fin de leur activité en 1998. Les premiers chiffres disponibles sur l'année
1999 laissent présager qu'il en sera de même cette année en hôtellerie-restauration.
De janvier à mai 1999, on comptabilise 15 % de défaillances en moins par rapport à la
même période de 1998. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que le secteur souffre
davantage que les autres. Le nombre de défaillances pour 1 000 entreprises existantes en
début d'année est de 27. Seul le secteur de la construction faisait état d'un score
plus mauvais. Quel que soit le secteur d'activité, une disparition sur deux concerne une
entreprise de moins de 5 ans d'existence. On peut penser que la reprise de l'activité des
CHR donnera un second souffle aux entreprises du secteur, leur permettant ainsi
d'échapper aux trop nombreuses liquidations judiciaires.
M.-L. Estienne
L'HÔTELLERIE n° 2644 Spécial Économie 16 Décembre 1999