Prix des chambres d'hôtels
Dans tous les secteurs du
commerce et de la distribution, c'est la bataille des prix entre réseaux et détaillants,
entre chaînes et indépendants. L'hôtellerie n'échappe pas à cette règle. La
dernière étude de Coach Omnium, réalisée sur 430 hôtels français de 2 étoiles et
plus, confirme ce dont on se doutait depuis longtemps : les prix moyens affichés des
hôtels de chaînes sont globalement plus élevés que ceux appliqués par les
indépendants.
Accueillant aujourd'hui près d'une nuitée hôtelière sur deux en France, les hôtels de
chaînes sont par ailleurs accusés de modifier les données du marché et d'imposer une
dictature tarifaire. Depuis une quinzaine d'années, depuis l'avènement des chaînes
superéconomiques qui affichent haut et fort leurs prix en gras, communiquer sur les
tarifs est devenu pour les chaînes une nouvelle méthode de promotion - en vogue aux
Etats-Unis. C'est un gros chan-
gement alors que les hôteliers français ont toujours été complexés à l'idée de
parler de prix et le sont encore. "Bien sûr, au début, la politique de prix des
chaînes nous agaçait. Nous cherchions à lutter contre. Nous étions maladroits. Mais
maintenant, quand les chaînes augmentent leurs prix, nous en profitons pour suivre,
sachant qu'il y aura toujours une différence tarifaire entre eux et nous,"
explique Georges Gondrand, hôtelier dans le Sud-Ouest et président d'un club hôtelier.
Ces différences de prix sont réelles. La clientèle qui opte pour un hôtel de chaîne 2
étoiles et plus va débourser davantage pour la prestation qu'en descendant chez un
indépendant. C'est d'ailleurs souvent l'inverse qui se produit dans la distribution où
les réseaux de magasins, à produit comparable, proposent souvent des articles moins
chers que les commerçants isolés. Mais un hôtelier, contrairement à un commerçant, ne
peut réussir vraiment à influer sur la dépense moyenne du client.
Plus de 20 % de différentiel tarifaire entre les deux
L'étude de Coach Omnium indique que les hôtels de chaînes, toutes catégories
confondues, sont effectivement plus chers de 23 % en chambres individuelles que leurs
confrères indépendants, tandis que les chambres doubles sont à l'affichage en moyenne
de 17 % de plus. A Paris, le prix des chaînes est, aux indépendants, supérieur de 21 %
en chambre single et de 23 % en chambre double. A catégorie identique, les chaînes
trouvent la justification de ce surplus tarifaire de près de 20 % par leur niveau de
prestations jugé supérieur par elles, à tort ou à raison, par rapport aux
indépendants. Cette considération n'est plus forcément valable, car l'hôtellerie a
beaucoup travaillé sur sa modernisation. Mais, ici comme ailleurs, le client achète le
nom à forte notoriété d'une grande enseigne et il est prêt dans une certaine mesure à
en payer le prix. Cela lui procure de la sécurité et des garanties de promesses tenues.
D'une certaine façon, parvenant à obtenir des taux d'occupation généralement meilleurs
que ceux des indépendants, les enseignes hôtelières auraient tort de se positionner
moins cher puisque la clientèle suit. A noter que ces scores d'activité plus élevés
s'expliquent aussi parce que la taille des établissements de chaînes est en moyenne plus
importante que celle des indépendants. Un hôtel offrant une forte capacité d'accueil
obtient généralement un meilleur taux d'occupation, car il travaille sur un plus grand
nombre de segments de clientèles complémentaires. La prestation des chaînes se montre
généralement très claire : des chambres le plus souvent identiques dans un même
hôtel, une prestation "lisible" et un nombre limité de prix. Ce qui est facile
à comprendre attire le consommateur.
Gros écart entre Paris et la province
Les prix élevés de l'hôtellerie parisienne par rapport à la province sont également
confirmés par l'étude de Coach Omnium. Une chambre vaut presque le double à Paris, par
rapport à celle d'une ville de province, dans la même gamme. C'est surtout vrai sur le
créneau 4 étoiles, palaces non pris en compte. On tourne autour de 336 francs pour une
single chez un indépendant 2 étoiles à Paris, contre 227 francs dans une ville de
province. Une chambre individuelle en 3 étoiles dans la capitale vaut en moyenne 593
francs, contre 355 francs en province. Les hôtels des grandes villes comme Marseille,
Lyon, Toulouse, Bordeaux, Nantes... appliquent des tarifs en moyenne supérieurs de 13 %
à ceux situés dans les villes françaises moyennes.
M.-L. Estienne
Le client achète le nom à forte notoriété d'une grande enseigne et il est
prêt dans une certaine mesure à en payer le prix.
Les hôtels de chaînes sont plus chers que les hôtels indépendants de... | |||||||||
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L'écart moyen des prix des chambres individuelles | |||||||||
** | *** | **** | Global | ||||||
* Paris | + 24,2 % | + 20,9 % | + 13,4 % | + 21,5 % | |||||
* Grandes villes de province | + 19 % | + 25,9 % | + 1,2 % | + 23,8 % | |||||
* Villes moyennes de province | + 26,5 % | + 20,3 % | + 27,7 % | + 24,2 % | |||||
Source Coach Omnium | |||||||||
Les hôtels de Paris sont plus chers que les hôtels de province(*) de... | |||||||||
L'écart moyen des prix des chambres individuelles | |||||||||
** | *** | **** | Global | ||||||
* Chaînes | + 51 % | + 62 % | + 117 % | + 93 % | |||||
* Indépendants | + 48 % | + 66 % | + 118 % | + 98 % | |||||
Source Coach Omnium | |||||||||
(*) grandes et moyennes villes de province |
L'HÔTELLERIE n° 2644 Spécial Économie 16 Décembre 1999