Martinique
Alors que l'augmentation
excessive du prix des transports aériens pendant la période des fêtes avait alerté les
hôteliers sur le retard de leurs réservations de fin d'année (retard qui n'a pu être
comblé), le récent passage du cyclone Lenny sur l'arc antillais a entraîné quelques
dégâts. Mais, il en faut plus pour décourager les professionnels martiniquais !
Après les premiers moments d'inquiétude tout à fait compréhensibles, les activités
ont repris leur cours. D'ailleurs la plupart des établissements se devaient de rendre le
plus agréable possible, le séjour de la clientèle présente sur l'île au moment des
événements, et d'un même élan, les hôteliers, en cas de besoin, se sont prêté
secours pour reloger les clients.
Si les effets de la houle cyclonique ont été plus impressionnants que dévastateurs sur
l'ensemble de l'île (on estime que 5 % du parc hôtelier a été touché), il n'en
demeure pas moins que les assurances auront à couvrir de nombreux sinistres, notamment
ceux concernant les installations balnéaires de la côte Caraïbe. Jean-Pierre Largeteau,
particulièrement actif dans le département et président du Club des hôteliers, s'est
adressé directement aux pouvoirs publics pour accélérer le processus de remise en état
des plages et des sites. Après le passage du cyclone, l'hôtel La Batelière Framissima a
préféré fermer l'établissement pendant 4 mois, et reporter ses réservations sur la
Guadeloupe pendant cette période. Malgré un dernier trimestre particulièrement
mouvementé, les professionnels demeurent optimistes. "La fin de l'année s'avère
difficile, mais ce n'est pas parce que l'on rate une quinzaine, que l'on rate une
année...", explique Jean-Marie Combaluzier, membre du CHM et propriétaire de La
Caravelle à Trinité (côte Atlantique). "Nous devons rester optimistes et penser
que le nouveau millénaire se présente sous de meilleurs auspices."
D'autant que les professionnels, restaurateurs et hôteliers ont fait preuve, cette année
encore, d'une grande mobilisation pour développer les actions promotionnelles et les
animations.
On assiste, dans le département, à une interaction entre les officiels du tourisme, les
hôteliers et les restaurateurs. Il faut faire en sorte que le touriste, qui a choisi la
destination Martinique, puisse garder un souvenir de fête et de rêve !
Une autre Martinique
Les opérations ont été multiples. Les professionnels du nord Atlantique se sont
mobilisés dans une action orchestrée par la chambre de commerce, afin de faire
découvrir à la clientèle une autre Martinique (nature, exotisme vert, authenticité,
aventure, découverte... autant de charmes inoubliables et encore peu connus).
L'hôtel La Plantation de Leyritz n'a pas hésité à ouvrir ses portes à 1 800
visiteurs, en septembre dernier, lors d'une opération menée par l'office du tourisme de
Basse Pointe (nord-Atlantique).
Certains hôteliers cherchent à se démarquer, pour prouver que l'on peut aussi réussir
dans le tourisme vert, sur une île, où le premier critère de réservation est
l'activité balnéaire. L'hôtel L'Habitation La PetiteTracée, situé en plein centre de
l'île, dans les terres, tire son épingle du jeu et voit son TO augmenter
progressivement. Le fruit de ses résultats lui a déjà permis d'aménager sur le site
(ancienne habitation sucrière, proposant des appartements neufs, de type F2, disséminés
dans un parc à la végétation luxuriante) une piscine et un carbet traditionnel, en vue
de garantir à sa clientèle une prestation complète et authentique. Dans ce contexte
touristique, plusieurs projets d'implantation sont en cours. Certains sont encore à
l'étude mais d'autres, plus avancés, devraient voir le jour l'année prochaine.
En attendant, les professionnels préparent le nouveau millénaire.
Les professionnels avaient misé sur le millenium. L'opération n'aura pas été aussi
profitable que prévu. Mais, l'heure n'est plus aux regrets. Les hôteliers et
restaurateurs s'interrogent depuis plusieurs mois déjà sur la façon d'aborder l'an 2000
et le nouveau millénaire. Les nouvelles années devraient être celles du sourire, du
service et de la qualité, pour l'ensemble des activités du tourisme dans le
département. On assiste en effet, depuis plusieurs mois, à une effervescence parmi les
acteurs du tourisme en général : réunions de concertations, ateliers de réflexions,
rencontres interprofessionnelles. "Il y a une réelle volonté de progresser. Les
institutions locales du tourisme vont dans le bon sens et dans le même sens, ce qui est
primordial", précise J.-M. Combaluzier.
Implications des professionnels
Le secteur du tourisme est la principale activité de l'île et les institutionnels ne
peuvent agir sans l'appui et la participation des professionnels.
"Le nouveau siècle devrait engendrer une forte mobilisation de tous les acteurs
de la profession pour changer l'image de notre destination... Cap sur le sourire, c'est
exactement cela ! Nous devons devenir performants et développer entre nous une forte
synergie pour créer l'ambiance et l'événement" indique Mike Niang, directeur
régional du groupe Accor de la Caraïbe.
Nous sentons dans l'île les prémices d'un nouvel élan. Les prises de conscience sont
très nettes. L'hôtellerie indépendante a réussi à s'intégrer et mène avec la grande
hôtellerie une stratégie commune de développement et de valorisation de la prestation.
Nul doute que cette nouvelle donne devrait apporter un plus dans le domaine de
l'hébergement sur l'île. Les établissements sont tirés vers le haut, et nous assistons
à un enrichissement de l'offre.
D'autant que la Martinique doit faire preuve de vigilance. Sa grande dépendance
vis-à-vis du marché français pourrait à terme lui porter préjudice. "La
Martinique fait rêver, nous le savons. Mais nous devons nous en donner les moyens. Et si
nous voulons développer notre marché, nous devons ouvrir notre île à
l'international..." précise Mike Niang.
La Martinique veut faire du nouveau siècle un nouveau départ. Elle le doit à la
clientèle qui lui a fait confiance jusqu'à ce jour. Elle le veut pour la nouvelle
clientèle qu'elle souhaite démarcher.
C. Le Dran
"Le nouveau siècle devrait engendrer une forte mobilisation de tous les
acteurs de la profession pour changer l'image de notre destination... Cap sur le sourire,
c'est exactement cela !"
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L'HÔTELLERIE n° 2646 30 Décembre 1999