Motor Bike Hotels
Quand on fait de la moto par temps de pluie, pas toujours évident de trouver un restaurant pour faire une pause gastronomique. La grimace du restaurateur ou de l'hôtelier devant des clients tout de cuir habillés et dégoulinants de pluie est éloquente : ils sont rarement les bienvenus. Et que faire des vêtements mouillés, où entreposer la moto ? Ruedi Stahel, directeur d'un hôtel en Suisse et motard de son état, a eu l'idée de créer une chaîne d'hôtels qui privilégierait l'accueil des motards. En 1995, il passe une annonce dans des journaux spécialisés, et sept hôteliers en Suisse, Allemagne et France répondent favorablement. La chaîne Motor Bike Hotels est née. "Pour faire partie du groupement, explique Philippe Velten, propriétaire du Lion d'Or, un établissement deux étoiles installé dans le Bas-Rhin, il faut être directeur d'un hôtel, motard, et si possible avoir parmi ses collaborateurs un maximum de pratiquants ou de fans des deux-roues." L'établissement doit également disposer d'un garage, d'un atelier, d'un lieu de séchage des vêtements, et être en relation avec les concessionnaires motos les plus proches pour avoir des pièces facilement. "Nous proposons aux motards de passage un endroit convivial, mais nous préparons aussi des circuits à la carte, et si nous avons le temps, nous les accompagnons personnellement pour leur faire découvrir la région." En fait, l'entrée dans le groupement se fait surtout par cooptation.
Cientèle haut de gamme
Tous les hôtels de la chaîne proposent un standing relativement élevé (Logis de France
pour le Lion d'Or), et la plupart des établissements sont cités dans des guides connus,
tant pour leur confort que pour la qualité de leur gastronomie. "Nous nous
adressons à une clientèle aisée, haut de gamme. La grande majorité est suisse ou
allemande. Ces motards sont enseignants, avocats, commerçants... Ils aiment faire du
touring allant d'un point à l'autre en faisant des étapes gastronomiques dans chaque
région", commente Philippe Velten. Cette clientèle s'est rapidement avérée
particulièrement intéressante pour les professionnels de l'hôtellerie-restauration. "Si
l'accueil et la région leur ont plu, ces motards sont susceptibles de revenir en voiture
avec toute la famille, hors saison", insiste Philippe Velten. La Petite Pierre,
dans le nord de l'Alsace, est une région prédisposée pour les motards, avec une verdure
persistante en toutes saisons, et une route des cols particulièrement appréciée. Il
passe ainsi entre 400 et 500 motards chaque week-end. "Cependant, être un lieu
d'accueil pour motards n'est pas toujours facile à gérer. Nous sommes avant tout un
établissement gastronomique, avec deux cents couverts servis les week-ends, et beaucoup
de motards consomment, notamment à midi, des plats simples. Je vais d'ailleurs mettre en
place pour la saison prochaine une "assiette du motard" copieuse et composée de
crudités, de cervelas grillé, et charcuterie... Il faut aussi savoir gérer la mixité
des clientèles, mais en général cela se passe très bien".
Maîtriser le développement
Le groupement de Motor Bike Hotels dispose d'un budget annuel d'environ 400 000 francs
grâce aux cotisations de ses quinze membres. Le montant de la cotisation est le même
pour tous. Cet argent est en grande partie utilisé pour la publicité, notamment dans des
magazines pour motards, et dans la participation à des salons spécialisés. Enfin,
chaque année, un mailing est fait avec un nouveau prospectus. Une charte lie les membres
de la chaîne, leur assurant l'exclusivité de leur zone, les hôtels étant distants de
200 à 300 kilomètres, de façon à ce qu'un motard puisse parcourir cette distance en
une journée. La conception de la communication est assurée en interne par certains
membres du groupement. Les hôteliers motards ont également créé un site Internet * en
quatre langues, avec présentation des hôtels, des sites touristiques, etc. En quelques
années, leur idée a fait des émules, et les demandes sont nombreuses pour rejoindre le
groupement. "Nous ne voulons pas dépasser quinze membres, indique le
président, Mathias Schulze Diekhoff. Pour le moment, je peux encore manager, et
travailler de manière professionnelle mais conviviale. Mais si nous sommes plus, cela
sera impossible. Nous avons reçu dix-sept demandes d'adhésion cette année, et nous n'en
n'avons accepté que deux, qui complètent le maillage de nos hôtels." Avec le
succès de son concept, Motor Bike Hotels pourrait envisager de multiplier le nombre de
membres pour couvrir toute l'Europe, mais ce n'est pas le but. "Nous voulons avant
tout rester une bande de copains avec des valeurs communes. Bien sûr, nous pensons aux
possibilités d'un développement plus important, mais qui resterait maîtrisé. Nous y
réfléchirons sans doute plus sérieusement dans quelques années", conclut le
directeur du Lion d'Or.
* http://www.motor-bike-hotels.com
"Pour faire partie du groupement, il faut être directeur d'un hôtel,
motard, et si possible avoir parmi ses collaborateurs un maximum de pratiquants ou de fans
de deux roues."
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L'HÔTELLERIE n° 2646 30 Décembre 1999