C'est maintenant une réalité :
la loi Aubry est applicable à toutes les entreprises comptant au moins 20 salariés. Et
tous ceux qui ont choisi, ces derniers mois, de jouer la politique de l'autruche, misant
sur le rejet du texte par le Conseil constitutionnel, en sont pour leurs frais. Il y a
donc urgence aujourd'hui pour que la branche accepte enfin de s'impliquer sérieusement
dans la négociation. De toute évidence, la carte jouée ces derniers mois par les
syndicats patronaux n'aura pas été la bonne : nier le fait que cette loi puisse être
applicable à ce secteur sous prétexte qu'une convention collective venait d'être
signée faisait preuve d'un regrettable irréalisme au-delà du fait qu'une telle position
rassurait alors des adhérents aujourd'hui encore plus dépités qu'ils avaient souvent
imaginé ce discours crédible !
La négociation sera d'autant plus délicate que les syndicats de salariés sont,
semble-t-il à ce jour, très déterminés pour refuser un calendrier de réduction du
temps de travail pour arriver à 39 h ! C'est à 35 heures qu'ils acceptent de négocier
et c'est sur ce seul nombre d'heures qu'ils veulent discuter un calendrier. Considérant
que pour toutes les entreprises de plus de 20 salariés, le temps de travail a été, par
la loi, réduit de 4 heures, les 39 h doivent, à leurs yeux, s'appliquer dès maintenant.
Une position qui ne sied absolument pas aux instances patronales destabilisées du fait
que toutes les entreprises du secteur, avant le vote de la loi, n'étaient pas logées à
la même enseigne ! Voici des années maintenant que certaines d'entre elles, les plus
grandes, ont été amenées, à la suite de conflits sociaux, à réduire le temps de
travail. Ces entreprises qui actuellement sont à 39 h souhaiteraient y rester dans la
mesure où le ministère du Travail accepterait, nous promet-on, de prendre en compte les
horaires d'équivalence. Bien évidemment, les syndicats salariés s'y opposent et l'on
pourrait imaginer que les syndicats patronaux, qui défendent les intérêts des
indépendants, soient tentés d'accepter un passage à 35 h pour tous ceux qui étaient à
39 h pour mieux limiter la RTT à 39 h pour les indépendants. Un rapport de force qui
s'annonce difficile. Il sera intéressant de voir, à l'heure où les tensions entre
syndicats patronaux sont fortes, si les hommes sauront avoir la dimension que l'on attend
d'eux pour préserver l'avenir d'un secteur. La partie qu'ils ont à jouer est très
délicate.
PAF
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L'HÔTELLERIE n° 2649 Hebdo 20 Janvier 2000