Clique et Croque à Reims
D'apparence modeste, Clique et Croque, installé depuis un an en plein cur de Reims, a réussi à trouver sa place dans le paysage local. Une douzaine d'ordinateurs sagement alignés, des chaises, quelques tables, un comptoir avec machine à café et le matériel indispensable pour des prestations de restauration rapide, le décor est plutôt minimaliste. Pourtant, l'établissement a rapidement trouvé son public. Le patron, Nicolas Schmitt, a 28 ans, Sandrine, son épouse, 26, et si pour le moment ils sont séparés c'est parce que Nicolas a ouvert le 16 novembre dernier à Nice, au 17 de la rue de Russie, un deuxième établissement à l'enseigne de Clique et Croque. Originaires de Toulon dans le Var, Nicolas et Sandrine Schmitt ont choisi Reims pour des raisons purement économiques. "Nous avons simplement fait une étude de marché, explique Sandrine. Etant membre de l'Association française des salles de jeux, nous avons eu la liste des villes où il n'existait pas d'établissement de ce type. Nous cherchions une ville d'environ 200 000 habitants, une cité étudiante aussi... Il y avait Nice, où nous sommes maintenant, Nancy, Limoges... mais c'est à Reims que nous avons décidé de commencer. Cette ville est sympa, la concurrence n'y est pas trop rude, et nous avons un peu de famille à Paris et ici. C'était un moyen pour nous de n'être pas trop isolés au moment où nous nous lancions professionnellement..."
D'abord une idée
Sandrine a un BTS de biochimie, Nicolas a fait du droit et a occupé un poste de directeur
d'un centre de jeunes à Six-Fours, près de Toulon. Pour eux, l'ouverture de Clique et
Croque correspondait à un véritable changement de vie. Qu'est-ce qui a motivé pareille
décision ? Réponse : la passion de l'informatique mais aussi l'intérêt pour les jeunes
et le goût du contact en général : "Nicolas est un vrai passionné des jeux
informatiques", précise Sandrine. C'est de là qu'est née l'idée de Clique et
Croque. En jeunes entrepreneurs avisés, les époux Schmitt se sont lancés après avoir
créé une SARL et calculé au plus juste les investissements nécessaires au démarrage
de leur société. Une fois le local loué, entre 150 000 et 200 000 francs ont été
investis dans l'aménagement des deux salles et du bar, mais surtout à l'achat au départ
de 9 ordinateurs de grande capacité et au top de la technologie informatique : Pentium
500 à 128 mégas de RAM et une carte vidéo TNT. Il a fallu aussi investir dans les
logiciels de jeux. Tous les postes sont branchés sur Internet. Pour le reste, Clique et
Croque dispose d'une licence I et d'une licence de petite restauration. A ce jour,
l'établissement dispose de 12 ordinateurs et d'une quarantaine de titres de jeux
différents : "Il faut toujours être à la pointe des innovations, note
Sandrine Schmitt, nos clients ont pour au moins 80 % d'entre eux, un ordinateur à la
maison, il faut donc leur offrir ce qu'ils n'ont pas. Cela nous impose par exemple de
changer nos machines tous les ans, ce qui représente, compte tenu de leur revente, un
investissement annuel d'environ 30 000 francs..." Pour les jeux, Clique et Croque
a réussi à nouer un partenariat avec la FNAC de Reims. Les nouveaux jeux peuvent ainsi
être testés par les amateurs dans l'établissement.
90 % de la clientèle de Clique et Croque a entre 15 et 30 ans et 75 % fréquentent
l'établissement pour expérimenter de nouveaux jeux. Tous les ordinateurs sont en
réseau, ce qui permet de jouer à plusieurs et se révèle beaucoup moins coûteux que
par Internet. Ce système permet surtout de retrouver une vraie convivialité. L'activité
informatique de l'établissement c'est aussi 2 % en bureautique et le reste en Internet :
des étrangers qui viennent envoyer des e-mails par exemple, des étudiants qui veulent se
brancher sur des sites de recherche...
Discipline et convivialité
La tarification se fait à la minute sur la base de 30 francs les deux premières heures
pour les non-abonnés et 25 francs pour les abonnés, puis 20 francs à partir de la
troisième heure. Clique et Croque est ouvert tous les jours de 9 h à 0 h 30, le dimanche
de 14 h à 0 h 30. Sur un chiffre d'affaires d'environ 500 000 francs la première année,
la part restauration représente environ 30 %. Aucun alcool n'est servi, même avec les
repas. C'est un choix délibéré qui sélectionne de fait la clientèle et paradoxalement
renforce la convivialité. On vient ici pour l'informatique mais aussi échanger des
idées autour d'une passion commune. Il en va de même pour le tabac ; si on fume c'est
dehors, les machines ne souffrent donc pas de la fumée. Tout le monde admet cette
discipline qui n'empêche nullement le lieu d'être très sympathique, détendu et parfois
presque studieux. Sandrine et Nicolas Schmitt sont satisfaits. Du reste, la concurrence a
plutôt tendance à fondre... Un employé aide Sandrine à faire fonctionner
l'établissement de Reims. Tous deux sont plutôt "costauds" en informatique. Le
client vient souvent pour une première initiation, ou pour tester des machines nettement
plus performantes que la sienne... Prochain projet : investir dans des webcams grâce
auxquelles les clients pourront s'organiser des visioconférences, en définitive
communiquer avec le monde entier tout en proposant un maximum de convivialité : un peu
comme à la maison ou presque.
"Il faut investir 30000 F chaque année pour changer les machines."
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L'HÔTELLERIE n° 2649 Hebdo 20 Janvier 2000