Rencontre
Interviewer Jean-Marie Gourio relève d'un étrange défi. Le faire parler du bistrot, en
quelques lignes, alors qu'il y a passé de 6 à 7 heures par jour, des années durant, et
souvent jusqu'à une heure avancée de la nuit ? Difficile. Incomplet. Si loin de
l'amitié et de la chaleur qu'il témoigne à cet univers. D'où la décision de
reproduire, sans emballage, sans papier cadeau, sans ruban superflu, ces quelques
réponses et constats, qu'il a bien voulu nous faire. Merci Monsieur Gourio, et au
prochain bouquin.
C'est un lieu pour rencontrer des gens, on y va aussi quand on veut être un peu peinard. On peut y rêvasser, on peut regarder les autres, être au milieu des autres sans forcément discuter.
J'ai vraiment découvert le bistrot au lycée, entre un baby et un diabolo fraise. Le bistrot, pour un jeune, c'est là qu'il vient terminer ses devoirs, c'est l'annexe de la salle d'étude.
C'est aussi ce qu'on recherche ensuite : ce sont des souvenirs, des odeurs (de fioul, de bière, d'eau de Cologne). J'ai serré la main de quelqu'un récemment dans un bar. A ce moment-là, une odeur est remontée et ce souvenir m'a immédiatement rassuré.
A Dijon, à Marseille, en Bretagne. Partout où je vais, grâce aux bistrots, il y a un endroit où s'arrêter.
Quand j'ai fait le premier bouquin (de Brèves de Comptoir), j'aimais déjà les bistrots.
Je n'ai pas de portable, je rentre dans les bistrots pour passer un coup de fil. Des fois, il faut aller allumer la salle du fond pour téléphoner.
Je remonte Mesnil Montant, il y a un grand tabac et une église. Le quartier est très populaire. Il y a bien cinq ou six types d'établissements. Tous les cinquante mètres, il y a un café qui raconte une population.
Je n'aime pas les gens qui ont trop bu. J'aime les gens qui sont aimables. Le sourire d'un patron, du serveur, du client, c'est vraiment chouette. Vous savez, un petit sourire, ça peut changer la journée des gens.
J'attends d'un bistrot une réelle convivialité. J'attends d'un patron qu'il sache remettre une tournée ; pas tout le temps, mais une fois en passant, pour le plaisir, pour faire plaisir.
Bien sûr, il y en a qui picolent trop. Mais je connais pas mal de patrons de bistrot qui leur piquent les clés de leur bagnole...
Dans les grandes brasseries, j'aime manger le plat du jour. Mais j'ai une grande faiblesse pour les cafés où je peux m'installer au comptoir.
J'aime bien les cafés où les clientèles se mélangent.
Il n'y a qu'au café où des gens qui se connaissent depuis cinq minutes ont parfois, soudain, l'impression de se connaître depuis longtemps.
Le café est en fait une espèce de couloir entre chez soi et la ville.
S'installer au comptoir et regarder l'activité d'un bistrot, c'est vraiment extraordinaire. Ça ressemble à un balai. Regarder un serveur s'activer, le patron aller et venir, tirer un café, cela me fait penser à des charpentiers qui construisent, assemblent, créent. C'est à la fois rigolo et fascinant tous ces gestes de travail.
Le café, c'est de l'attention que les gens se portent.
A la campagne, je vois des patrons de bistrots qui engueulent les chômeurs qui passent trop de temps dans leur établissement. C'est touchant et bien. J'ai déjà vu des patronnes aller s'asseoir à une table et se mettre à râler après le jeune qui est là à traîner, mal habillé. J'en connais une qui est allée chercher un pull propre et l'a obligé à l'enfiler. Elle l'a un peu secoué et ça lui a fait du bien au gamin.
Au bistrot, il y a beaucoup de petits bonheurs qui se racontent et de petits malheurs qui s'y réparent.
Propos recueillis par Sylvie Soubes
Les Nouvelles Brèves de ComptoirLes Brèves de Comptoir ont été jouées pour la première fois à la
télévision par Jean Carmet, dans la série réalisée par Jean-Michel Ribes : Palace.
C'est le même Jean-Michel Ribes qui allait les mettre en scène en 1994 au théâtre
Tristan Bernard à Paris. |
Vous ne connaissez pas encore Brèves de Comptoir * ?* Scandaleux... Un aperçu du tome III, compilation des brèves de comptoir des années 1996, 1997, 1998. Un régal ! Aux éditions Robert Laffont, 698 pages. 159 F en librairie. "Une sorte de schizophrénie répandue, c'est la
mousse sur la bière, c'est de la bière mais c'est surtout de la mousse, c'est pas de la
bière en fait, c'est pas de la vraie mousse, c'est curieux, sans être religieux, comme
une secte..." |
En semaine (%) | Le week-end (%) | |||||||||
Parisiens | Provinciaux | Parisiens | Provinciaux | |||||||
Café de quartier | 31 | 20 | 22 | 13 | ||||||
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Bar de nuit | 20 | 12 | 22 | 13 | ||||||
Le café avec petite brasserie | 34 | 23 | 34 | 19 | ||||||
Le restaurant/grande brasserie | 44 | 36 | 43 | 40 | ||||||
La restauration rapide | 14 | 16 | 8 | 14 | ||||||
La discothèque | 17 | 12 | 17 | 16 |
En semaine (%) | Le week-end (%) | |||
Au petit-déjeuner | 10 | 5 | ||
---|---|---|---|---|
Dans la matinée | 39 | 30 | ||
A l'heure du déjeuner | 43 | 36 | ||
Dans l'après-midi | 36 | 28 | ||
En fin d'après-midi | 38 | 25 | ||
Pour le dîner | 30 | 35 | ||
Après le dîner | 22 | 29 |
Sources Sofres/France Boissons
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L'HÔTELLERIE n° 2649 Spécial Café 20 Janvier 2000