Laurent Fabius l'a redit à la
télévision cette semaine : parmi les baisses d'impôts annoncées par le gouvernement,
la réduction du taux de TVA sur la restauration est prioritaire. Le président de
l'Assemblée nationale a même insisté sur cette seule mesure parmi le flot de bonnes (?)
nouvelles promises par le Premier ministre.
Le quatrième personnage de l'Etat poursuit ainsi sa croisade pour un allégement de la
fiscalité, conscient du handicap économique imposé au pays par un taux excessif de
prélèvements face à une concurrence de plus en plus vive au niveau mondial.
Dans notre société où le faire-savoir compte au moins autant que le savoir-faire, la
profession avait su communiquer à sa manière à l'automne dernier attirant l'attention
des médias et de l'opinion sur les incohérences de la TVA à 20,6 % pour la
restauration. Quelques échauffourées sans gravité avec les gardiens du temple
parlementaire avaient suffi à capter la sollicitude des caméras de télévision et à
"faire la une du 20 h", le must en la matière. Les dirigeants professionnels
avaient pu mesurer à cette occasion l'important capital de sympathie dont bénéficient
les cuisiniers dans l'opinion publique, notamment dans un pays qui n'a pas encore
renoncé, quoi qu'on dise ici et là, à sa culture des traditions culinaires.
Mais il serait dommage de ne pas capitaliser la réussite de cette opération de
communication par une action plus discrète certes, mais tout aussi utile, auprès des
véritables décideurs.
Un travail de longue haleine fut notamment mené par André Daguin pour sensibiliser
les politiques à la nécessité de revoir la TVA sur la restauration, un travail
difficile, parfois laborieux, notamment lorsque fut mise en cause la restauration
collective. Mais il fallait absolument marquer les esprits et démontrer les effets
négatifs d'un taux de 20,6 % sur la moindre prestation servie dans les restaurants,
toutes catégories confondues. En outre, la comparaison avec les autres pays de l'Union
européenne était largement défavorable aux professionnels de l'Hexagone.
Aujourd'hui, la fameuse "fenêtre", pour employer le langage des technocrates
de Bercy, des allégements fiscaux commence à s'entrouvrir. A la profession de forcer le
destin, ou plutôt les portes du ministère des Finances pour obtenir enfin gain de cause
sur un sujet longuement et largement débattu. A la profession aussi, en cas de victoire,
de démontrer le bien-fondé de sa démarche, notamment au niveau des conditions de
travail et de l'emploi. C'est un argument à ne pas négliger à l'heure où les
négociations sur la réduction du temps de travail semblent piétiner.
L. H.
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L'HÔTELLERIE n° 2650 Hebdo 27 Janvier 2000