Incroyable mais vrai : applicable
à toutes les entreprises de 20 salariés et plus au 1er février, la loi Aubry ne peut
l'être dans les hôtels, cafés, restaurants faute de publication d'un décret
d'application prenant en compte le régime dérogatoire du secteur ! C'est dans le flou le
plus total, dans l'incertitude, qu'employeurs et salariés entament ce mois de février.
Un flou d'autant plus déstabilisant que du côté des instances patronales, le silence
est d'or... on attend la sortie du décret sans réellement donner de consignes.
Planification, organisation, recrutement, restructuration, information des salariés sont
autant de notions qui semblent inconnues aux politiques qui, de par leur silence, nient
complètement la réalité tant économique qu'humaine des entreprises. Les patrons
routiers ont, mieux que les hôteliers-restaurateurs, su faire entendre leur voix auprès
du ministre des Transports qui ne s'est même pas senti obligé de consulter les salariés
pour décider du régime dérogatoire propre aux entreprises de ce secteur et tenir compte
de la réalité économique de ces entreprises. Une façon quelque peu surprenante de
diriger quand on prône le dialogue mais au moins, aujourd'hui, les routiers ont une base
de travail pour ouvrir d'éventuelles négociations.
Dans les cafés, hôtels, restaurants : il n'y a rien. Une situation qui, une fois de
plus, ne peut que renforcer l'exaspération des professionnels qui vivent de plus en plus
mal cette non-reconnaissance tant des pouvoirs publics que de leurs instances patronales
qu'ils trouvent beaucoup trop discrètes sur ce dossier. Ils en ont assez d'être aussi
peu considérés, eux qui depuis des années prennent des risques financiers
considérables, font abstraction de leur vie personnelle pour faire tourner des affaires
de plus en plus difficiles à tenir à cause d'une conjoncture fragile, de charges trop
lourdes, d'une administration peu adaptée à la réalité des PME, d'un personnel de plus
en plus difficile à trouver, d'une concurrence accrue de groupes structurés, dotés d'un
savoir-faire sans commune mesure avec le leur sur le plan marketing et financier. Ceux qui
ne comptent pas leurs heures pour faire vivre, partout en France, ces entreprises
voudraient bien enfin être considérés comme des chefs d'entreprise à part entière,
ils aimeraient avoir un peu de visibilité pour bâtir leur avenir et celui des salariés
qui à leurs côtés s'investissent dans des métiers exigeants. Ils en ont assez du fait
du roi, la monarchie a fait son temps.
PAF
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L'HÔTELLERIE n° 2651 Hebdo 3 Février 2000