Restauration, hôtellerie, casinos
Après un bilan 99 du secteur de la restauration, de l'hôtellerie et des casinos (cf. L'Hôtellerie n° 2648 de janvier) où nous avons avancé quelques hypothèses sur les mouvements à anticiper pour la nouvelle année, l'actualité de ces dernières semaines, qui a été riche pour la profession et certaines entreprises cotées, est venue conforter notre sentiment d'amorce d'une dynamique sectorielle.
Le groupe Partouche a ouvert le bal des nouvelles avec le feu vert du ministère de l'Intérieur pour l'exploitation du casino de la Cité Internationale de Lyon et ce, après avoir essuyé deux refus des autorités publiques. Rappelons que la société a investi 41.2 millions d'euros pour la construction d'un complexe hôtelier adjacent à la zone séminariste et de salons de l'est lyonnais, exploité par la chaîne Hilton et qui devait accueillir un casino. L'exploitation de ce dernier est aujourd'hui un élément clef pour une rentabilisation rapide de l'investissement consenti par le groupe Partouche, les tables de jeux et surtout les machines à sous (MAS), dégageant des marges d'exploitation confortables (investissement de départ limité, exploitation peu consommatrice en frais de personnel, de maintenance...). Dès lors, le groupe indiquait le lancement imminent, dans les deux prochains mois, de sa salle de jeux traditionnels, qui devrait être complétée à échéance d'un an, comme c'est la règle en France (délai légal), par l'installation d'un parc de MAS.
Un casino à Paris intra-muros ?
Outre le fait que cette annonce a mis un terme aux spéculations sur l'obtention ou pas de
cette autorisation ministérielle, elle constitue également une première dans
l'application de la prolongation de la loi Chaban-Delmas votée en 1988 qui autorise les
agglomérations de plus de 500 000 habitants, selon des critères culturels stricts
(salles de spectacles, organisation de manifestations régulières...), à posséder un
casino intra-muros. Dans cette optique, Paris pourrait également déposer un dossier
auprès de la Commission des jeux et du ministère de l'Intérieur pour se doter d'un
casino, occasion de lancer un appel d'offres auprès de tous les leaders français du
secteur : Groupe Partouche, l'Européenne de Casinos, Accor Casinos, la Société des
hôtels et casinos de Deauville, Moliflor... Notons, à cet égard, que l'Européenne de
Casinos, anticipant un assouplissement des lois françaises, a racheté, il y a quelques
années, la Salle Kermesse Wagram à Paris dans laquelle elle pourrait le cas échéant
installer une salle de jeux. Pour en revenir au groupe Partouche et son évolution
boursière récente, soulignons que la nouvelle a été bien accueillie par le marché :
la valeur, qui avait corrigé en août dernier après le second refus de la Commission des
jeux, a gagné 16 % depuis le mois de décembre à 79 Mf récemment.
Restons dans le secteur des casinos avec l'attribution à la Société des Hôtels et
Casinos de Deauville de l'autorisation d'exploiter un casino à Ramatuelle entre
Saint-Tropez et Cavalaire, dont le casino est exploité par un indépendant. Le groupe
Partouche, Accor Casinos ainsi que deux indépendants avaient répondu à cet appel
d'offres. L'établissement, qui devrait nécessiter un investissement de 24.4 Mf, devrait
ouvrir ses portes au cours de l'été 2002.
Rachat d'une seconde enseigne pour Léon de Bruxelles ?
Léon de Bruxelles occupait également le devant de la scène en annonçant l'adoption du
statut de société à directoire et conseil de surveillance, dont la présidence sera
assurée par l'actuel p.-d.g. du groupe. La société fait aujourd'hui volte-face, en
restructurant son management, après avoir averti la communauté financière à l'automne
dernier de ses récentes difficultés (baisse de la fréquentation de ses restaurants, de
la qualité de son service...) et de sa décision de geler ses ouvertures au premier
semestre 2000 pour se concentrer sur les restaurants existants, propos qui avaient
d'ailleurs nourri les spéculations sur un éventuel rachat de l'enseigne. Comme
l'indiquait Alain Roubach, p.-d.g. du groupe : "Après le départ brutal de
l'ancien dirigeant de Léon de Bruxelles, il nous fallait améliorer notre organisation."
Dans le même temps, et alors que la société est très endettée avec un gearing 99e
(dettes nettes/fonds propres) de 4 400 %, elle annonçait vouloir racheter une seconde
enseigne pour donner un second souffle au groupe "même si le concept de Léon de
Bruxelles dispose toujours d'un potentiel de croissance", ajoutait Alain Roubach.
Dans cette optique, le groupe n'exclut pas "de lever 100 millions de francs pour
financer une éventuelle acquisition". L'action Léon de Bruxelles a connu en
Bourse un parcours chahuté au gré des spéculations - elle s'échangeait récemment à
32 f après un taux plus haut en janvier à 35,5 f et un plus bas à 26,2 f - la dernière
concernant son rachat par le groupe Flo qui a d'ailleurs été démenti par l'intéressé.
Au cours du mois de janvier "entre 5 et 10 % du capital a changé de main".
Son dirigeant posséderait toujours "entre 20 et 30 % des actions". Quant
à l'exercice 99, Léon de Bruxelles vient d'annoncer un CA de 50.2 Mf, en hausse de 18,8
% et en repli de 9 % à périmètre comparable.
Fleury Michon au second marché
Dans le secteur des produits traiteurs frais, dont certaines recettes sont réalisées en
collaboration avec le chef Joël Robuchon, et de la charcuterie libre-service, Fleury
Michon a fait son entrée au second marché le 4 février et l'offre a été sur-souscrite
près de 8 fois. A cette occasion, le groupe souhaite lever près de 11 Mf de capitaux
pour financer sa stratégie de développement qui repose aujourd'hui sur quatre axes :
recherche & innovation dans le process de fabrication, les recettes... une démarche
qualité et traçabilité, une logistique de livraison, un marketing ciblé, et lui donner
les moyens de saisir toute opportunité de croissance externe, notamment dans les salades
pour traiteur. Un nouvel appel au marché ne serait d'ailleurs pas à exclure en cas de
rachat d'une société de taille significative. En termes de prix, Fleury Michon est
valorisé 14,3 fois son résultat net 2000 et 12,3 fois celui escompté en 2001, soit une
capitalisation boursière de 113.8 Mf sur la base d'un prix d'introduction de 22.76 Mf Par
comparaison, l'échantillon composé de Bonduelle, Brioche Pasquier, Danone, LDC, Labeyrie
et Royal Canin, autres sociétés cotées du secteur, offre un PE (price earning)
d'environ 14.
D. Henriet
Accor | 39.20 f |
---|---|
Groupe Partouche | 74 f |
Léon de Bruxelles | 27.90 f |
Groupe Flo | 37 f |
Buffalo Grill | 19 f |
Moliflor et Européenne de CasinosLa journée du 2 février fut particulièrement prolixe dans le secteur des casinotiers puisque Moliflor et l'Européenne de Casinos annonçaient de concert la réalisation de deux opérations de croissance externe. Il s'agit pour le premier du casino d'Antibes, détenu par un indépendant et dont le prix d'achat n'a pas été communiqué. L'établissement, qui se classe au sixième rang des casinos les plus importants, réalise un produit brut des jeux (PBJ) de 25.9 Mf et un chiffre d'affaires pour les activités annexes de 3.4 Mf. La capacité d'investissement du groupe ayant été décuplée depuis l'entrée dans son capital d'un nouvel actionnaire (Leisure Holding), Moliflor confirme sa volonté "de devenir l'un des acteurs majeurs du secteur" avec un objectif à terme d'un produit brut des jeux d'un milliard de francs (370 millions de francs en 1998/1999). Pour ce faire, le groupe envisage d'autres opérations de croissance externe au cours de l'exercice 1999/2000. Quant à l'Européenne de Casinos, la société annonce vouloir racheter, en février, le palais de la Méditerranée à Nice pour près de 42.7 Mf de droits à bâtir (financement par crédit bail sur 15 ans) et une réouverture prévue au printemps 2002. A cet égard, rappelons que l'Européenne de Casinos a répondu il y a près de quatre années à l'appel d'offres lancé par la municipalité de Nice pour l'exploitation d'un second casino au sein du palais de la Méditerranée et qu'à ce jour le dossier est au point mort. Le rachat de l'établissement pourrait accélérer une prochaine décision municipale. Le projet intègre l'installation d'une salle de jeux et de spectacle mais également, dans la logique du groupe Partouche pour la Cité Internationale de Lyon, celle d'un hôtel quatre étoiles dont la gestion sera confiée à un groupe hôtelier international. |
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L'HÔTELLERIE n° 2652 Hebdo 10 Février 2000