Montpellier
En se déclarant publiquement favorable à la création de 2 000 chambres supplémentaires sur Montpellier, le maire Georges Frêche anticipe sur le développement touristique de sa ville et suscite les réactions des professionnels déjà en place.
Dopée par une fréquentation touristique en hausse constante ces trois dernières années, Montpellier mise aujourd'hui plus que jamais sur cette activité. Augmentation du budget de l'office de tourisme qui devrait passer de 8 à 18 MF d'ici 2010, 5 MF par an sur cinq ans investis dans des opérations de communication nationales et internationales sur la ville, affirmation et consolidation de l'offre en matière de tourisme d'affaires, les objectifs de Montpellier sont clairs. La capitale héraultaise veut devenir une destination touristique à part entière. D'où le souhait exprimé par le maire, Georges Frêche, de doubler à terme les capacités hôtelières de la ville qui compte actuellement 2 589 chambres pour 65 établissements.
Conditions concrètes d'extension du parc
Une prise de position qui n'a pas manqué de susciter certaines interrogations de la part
des professionnels locaux. Même si on hésite encore à s'exprimer ouvertement sur le
sujet, on s'interroge notamment sur les conditions concrètes d'un tel redéploiement des
capacités hôtelières. La plupart des hôteliers rencontrés font remarquer que la
proposition de la mairie intervient dans un contexte encore fragile. "Si
globalement depuis deux ou trois ans notre situation va en s'améliorant, nous restons
vigilants pour l'avenir. Même si les perspectives sont favorables, il serait pour le
moins hasardeux de multiplier sans réflexion préalable le nombre de chambres sur la
ville. En se précipitant, on risque ensuite de se retrouver face à une surenchère
commerciale difficile à gérer", commente le directeur d'un établissement
installé au cur de Montpellier. "Il conviendra de contrôler le
développement des structures hôtelières pour maintenir à l'avenir un certain
équilibre entre indépendants et groupes nationaux", estime pour sa part Henri
Boris, installé depuis douze ans dans le quartier de la gare.
Un environnement fragile
Autre motif d'interrogations des professionnels, l'impact réel sur l'activité
touristique d'opérations de promotion comme Enjoy Montpellier. Destinée à développer
le tourisme d'affaires, cette initiative qui s'appuie sur 3 pôles, le Corum pour
l'organisation de congrès et de salons professionnels, le Zénith pour les spectacles et
le parc des expositions, n'aurait pas - aux dires de certains - atteint ses objectifs
initiaux."Avec Enjoy Montpellier, le but est d'augmenter la fréquentation
hôtelière hors saison. Aujourd'hui, même si pendant les congrès plusieurs hôtels
affichent complet en semaine, cela ne justifie pas une hausse sensible du nombre de
chambres sur la ville", souligne le directeur d'un établissement implanté en
périphérie. Un avis partagé par le représentant d'une chaîne nationale d'envergure : "On
nous avait annoncé qu'Enjoy Montpellier allait faire exploser nos taux d'occupation et à
de rares exceptions près, il n'en est rien." Dans ce contexte et en attendant
des précisions sur les intentions précises de leur maire, les hôteliers
montpelliérains font preuve de réserve.
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L'HÔTELLERIE n° 2652 Hebdo 10 Février 2000