Chambre de l'industrie hôtelière et touristique du Rhône
A l'heure de choisir le successeur de Michel Bargues désormais heureux retraité, l'unanimité s'est faite autour du nom de Roland Bernard. Il a été élu pour un mandat de quatre ans au cours duquel il souhaite privilégier le dialogue.
Propos recueillis par Jean-François Mesplède
L'Hôtellerie :
Qu'est-ce qui vous a incité à briguer la présidence générale ?
Roland Bernard :
Je n'avais pas vocation à ce poste, mais j'ai été fortement poussé par quelques
"anciens" et par un certain nombre d'adhérents qui souhaitaient que je prenne
la défense de leurs intérêts : j'ai donc cédé avec conviction à leurs amicales
pressions.
L'H. :
Vous voilà élu pour quatre ans. Sous quel signe allez-vous placer votre mandat ?
R. B. :
Je souhaite en premier lieu obtenir la juste reconnaissance de nos métiers, au même
titre que les autres secteurs d'activité. Nous portons depuis trop longtemps une image
désuète de négriers et de tricheurs alors que nous sommes de véritables chefs
d'entreprise, de vrais acteurs économiques, créateurs d'emplois et de richesses (en
Rhône-Alpes, les CHR sont le troisième employeur).
C'est dans cet esprit que j'avais été à l'origine de la signature d'une charte contre
le travail illégal (L'Hôtellerie n° 2638 du 4 novembre 1999). Il est important
de montrer aux institutionnels, aux administrations, aux élus politiques que nos métiers
restent un creuset important pour l'emploi peu ou non qualifié, l'insertion des jeunes en
difficulté et le retour à la dignité de personnes qui ont été marginalisées.
Une autre de mes priorités sera d'essayer de persuader le secteur éducatif - privé ou
public - que nos métiers n'intéressent pas que des gens qui ont la certitude de devenir
managers. Je crois beaucoup à la formation dans les entreprises et à la promotion
interne... et j'estime que les expériences du terrain peuvent être plus gratifiantes que
les examens ! Il faut cesser de se leurrer : des jeunes d'une vingtaine d'années ne
deviendront pas assistants managers dans des unités importantes sans être passés par
les difficultés du quotidien, même s'il s'agit d'un travail parfois ingrat. Notre
métier reste porteur et dans certaines disciplines (cuisiniers, maîtres d'hôtel,
réception de nuit) nous manquons de monde... à cause aussi d'un évident retard social.
Les mentalités changent, les conditions de vie aussi : il faut savoir en tenir compte.
L'H. :
Concrètement, comment vont se traduire les résolutions affichées ?
R. B. :
Par les liaisons entretenues avec l'enseignement public et privé en étudiant la
nécessaire remise en adéquation de la formation par rapport à ses besoins. Au risque de
me répéter, je pense que nous n'avons pas besoin que de managers !
Il faut faire passer des messages et travailler avec des consultants pouvant nous aider
grâce à un regard neuf sur nos métiers.
Nous mettrons en place plusieurs commissions : emploi et formation, car il y a de
nombreuses aides à prendre auprès des conseils généraux et régionaux ; le
paracommercialisme, car il faut sensibiliser le monde politique à faire face à ses
responsabilités et éviter de céder trop facilement aux demandes des associations ;
l'évolution de nos métiers qui doit être une vaste cellule de réflexion sur le devenir
de notre secteur dans dix ou quinze ans et qui doit nous permettre de comprendre et
d'anticiper.
Il est également primordial de récupérer les places dues à notre profession au
tribunal de commerce, aux prud'hommes, à la chambre de commerce, aux comités régional
et départemental du tourisme. Partout où il y a de la place pour des personnes de
qualité représentant nos professions...
Davantage que contestataires, nous devons être une force de dialogue, nous montrer
professionnels et responsables. Nous sommes aussi autre chose que des petits commerçants
de quartier !
L'H. :
Qu'allez-vous faire pour lutter contre la désaffection du mouvement syndical ?
R. B. :
Je ne partage pas ce sentiment : on parle beaucoup de désaffection, mais en termes
d'adhérents nous progressons avec de plus en plus de demandeurs sur le social, le fiscal,
la formation et la transmission d'entreprises. Il faut arrêter de se faire du mal en
pensant que le syndicalisme est mort : si nous savons être présents auprès de nos
adhérents, ils restent très attachés à leur organisation professionnelle. Il est
important de privilégier le contact direct sur le terrain. Je sais par expérience qu'il
est difficile à des propriétaires de petites structures de se déplacer, c'est nous qui
le ferons. Il faut aller vers l'adhérent, le soutenir, prendre en compte ses souhaits,
apaiser ses angoisses et ses inquiétudes.
"Je crois beaucoup à la formation dans les entreprises et à la promotion
interne..."
Un passé sportifNé en 1944 à Villefranche-sur-Saône, Roland Bernard peut revendiquer un passé de
sportif de haut niveau. Sprinteur de talent (10''5 sur 100 m en 1964 et 21''6 sur 200 m,
meilleure performance française junior de l'époque), il est resté un homme pressé.
Hôtelier depuis 1978 où il achète l'Axotel Perrache (2 étoiles, 128 chambres,
restaurant Le Chalut, salles de séminaire et salons), il s'est porté acquéreur du
Charlemagne Best Western (3 étoiles, 116 chambres, salles de séminaire, salons et
amphithéâtre) en 1985 et du Grand Hôtel des Terreaux (3 étoiles, 55 chambres) en 1992.
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Un nouveau bureauPrésident général : Roland Bernard |
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L'HÔTELLERIE n° 2653 Hebdo 17 Février 2000