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Restauration

Elior fait son entrée en bourse

"On a la taille et la présence à l'international qui nous permettraient de faire appel au marché", concédait Robert Zolade, cofondateur du groupe Elior, en novembre dernier. Aujourd'hui, le pas est franchi avec l'annonce de l'entrée en Bourse du groupe codirigé avec Francis Markus depuis sa création il y a neuf ans maintenant. Dans le détail, ce sont 31 882 465 actions ordinaires Elior SA qui sont offertes "par le biais d'un placement instutionnel international et d'une tranche française destinée aux particuliers (de 10 à 20 % de l'offre globale), dont 14 180 374 par augmentation de capital". Les salariés d'Elior bénéficieront d'une offre séparée.

C'est le 7 mars que le prix de souscription devrait être fixé : le groupe indique une fourchette établie entre 10 et 11,5 euros. Les premières transactions sont attendues dès le lendemain. A l'issue de l'opération, le capital du groupe connaîtra une profonde mutation. Aujourd'hui, il est détenu à 41 % par les deux fondateurs, Francis Markus et Robert Zolade et à 59 % par des investisseurs financiers (dont les plus importants sont le Fonds Advent International, Finagror SARL et l'Union d'Etudes et d'Investissements). Après l'introduction, la répartition du capital d'Elior intégrera le public (36 %) tout en limitant les parts des deux pôles initiaux : 30 % pour les fondateurs et 34 % pour les investisseurs financiers.

"Il s'agit d'une nouvelle étape majeure dans l'histoire d'Elior, déclarent de concert Francis Markus et Robert Zolade. Cette entrée en Bourse va nous doter de nouveaux moyens pour financer notre expansion." Comme ses prédécesseurs du secteur de la restauration, le groupe Elior ne cache pas sa motivation première, celle de lever des capitaux afin d'accélérer son développement. Et pour conforter les actionnaires potentiels, les coprésidents n'hésitent pas à revendiquer une "politique de dévelop-
pement ambitieuse sur un marché en forte croissance".

N° 1 de la restauration concédée

Elior, qui revendique la place de n° 1 de la restauration concédée en France, est présent sur deux segments : la restauration commerciale (Eliance) et la restauration collective (Avenance). Eliance regroupe en France 644 restaurants (744 en Europe) que font tourner les 8 187 collaborateurs. Du restaurant gastronomique à la restauration rapide, le groupe occupe le terrain. Le Jules Verne au 2e étage de la Tour Eifel et Drouant sont ses deux fleurons parisiens couronnés d'un macaron Michelin. Eliance gère également le Toupary au 5e étage de la Samaritaine, le Ciel de Paris au 56e étage de la Tour Montparnasse, la Maison de l'Amérique Latine... La restauration du musée d'Orsay et du Louvre est aussi tombée dans son escarcelle. Sans oublier une présence accrue dans les gares (Montparnasse, Marseille, Bordeaux...) et les aéroports (Roissy, Orly, Nice, Marseille, Lyon). Avec des enseignes telles que L'Arche, Bœuf Jardinier, Café Route, le groupe a investi près de 90 aires d'autoroutes. Quant à la restauration rapide, on dénombre 95 restaurants divisés en sandwicheries (Pomme de Pain, Aubépain) et hamburgers (Quick). Pour le dernier exercice clos au 30 septembre 1999, la restauration commerciale concédée a représenté un chiffre d'affaires de 503,2 millions d'euros, soit 33,2 % du chiffre d'affaires consolidé.

La restauration collective, sous la bannière Avenance, ce sont 6 027 restaurants (entreprises, écoles, hôpitaux, maisons de retraite...) et 16 925 collaborateurs. Elle représente 66,8 % du chiffre d'affaires du dernier exercice (1 012,9 millions d'euros) mais seulement "49 % du résultat d'exploitation", tient à souligner Robert Zolade. "Restauration de concession et restauration collective font bon ménage et sont deux domaines parfaitement complémentaires", renchérit Francis Markus qui veut profiter des synergies possibles. Les achats sont d'ores et déjà regroupés mais Elior veut aller plus loin en négociant en direct avec les producteurs. A terme, ce sont 60 % des achats qui seront traités ainsi, rentabilité mais aussi traçabilité obligent...

A la conquête de l'Europe

Cette introduction en Bourse et cette volonté d'expansion clairement affichée interviennent, il est vrai, dans une période où tous les acteurs du secteur (Sodexho, Compass, Aramark, Granada, Autogrill) fourbissent leurs armes et prennent position. Pour assurer son avenir, Elior sait qu'il lui faut frapper fort et vite. Depuis deux ans, le groupe a misé sur les partenariats et acquisitions en Europe (dans 7 pays, France y compris) posant ainsi quelques jalons. Résultat : 11 % de son chiffre d'affaires pour 1998-1999 ont été réalisés à l'international et Francis Markus et Robert Zolade prévoient de dépasser les 25 % pour l'exercice en cours.

Le chiffre d'affaires du groupe (clos au 30 septembre 1999) s'est établi à 1 517 millions d'euros et les coprésidents assurent une croissance minimum de 12,5 % correspondant aux acquisitions réalisées pour le CA 1999-2000. Sachant que la croissance interne (entre 4 et 6 % prévus) et les acquisitions potentielles dans le courant de l'année devraient permettre de dépasser ces sages prévisions. Les fondateurs, qui ont déjà décroché 114 millions d'euros grâce aux options et bons de souscription d'actions avant la cotation, misent désormais sur 150 millions d'euros que l'introduction en Bourse devrait leur permettre de récupérer. Le développement d'Elior en dépend. La réponse des marchés ne devrait pas tarder. Y aurait-il que les start-up branchées du monde de l'informatique qui font rêver les investisseurs ?

N. Lemoine

*Exercice clos au 30 septembre

Répartition du CA 1999 par division
(clos au 30 septembre 1999)

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L'HÔTELLERIE n° 2654 Hebdo 24 Février 2000