Lyon
Le football va apporter un "ballon d'oxygène" au vénérable restaurant Argenson. La SPCS de Jean-Michel Aulas (Cegid), Bruno Bonnell (Infogrammes) et Jérôme Seydoux (Pathé) - qui contrôle 66 % de la SAOS Olympique Lyonnais - injectera entre 6 et 8 millions de francs dans l'affaire. La vocation de cette institution lyonnaise relookée, rebaptisée Seven'th et dirigée par Isabelle Kébé qui en reste l'actionnaire majoritaire ? Un restaurant d'affaires au déjeuner et d'ambiance le soir.
Au début du siècle, alors
que l'architecte Tony Garnier n'avait pas encore conçu l'enceinte sportive voisine, la
maison Bick avec ses jeux de boules et sa terrasse ombragée, était le restaurant de
famille idéal pour des Lyonnais qui pouvaient se croire à la campagne. Bien plus tard,
en 1966, les nouveaux acquéreurs donnent leur nom à une affaire qu'ils tiendront plus
d'un quart de siècle ! Les habitués du stade de Gerland fréquentent Argenson avec
assiduité puisqu'ils n'ont que la rue à traverser pour s'attabler au restaurant.
En 1994, Isabelle Kébé entre à son tour dans les lieux, rebaptisés quelques années
plus tard Maison Argenson. L'été dernier, en recherche de nouveaux investisseurs, elle
imagine une association avec Jean-Claude Caro et Olivier Farissier, tous deux déjà
impliqués dans le 115 à Villeurbanne. Si l'affaire échoue sur le terrain, elle se
poursuit en coulisses devant le tribunal de Nanterre où les ex-futurs partenaires ont
été assignés.
Travaux en cours, changement d'orientation repoussée à une date ultérieure : on craint
le pire pour un restaurant convoité depuis quelque temps par Jean-Michel Aulas (géré
par Sodexho, l'un des
sponsors de l'Olympique Lyonnais, le Tony Garnier, restaurant privé du club, n'est pas
remis en cause). De fait, les contacts noués dans la discrétion se concrétisent très
vite au grand jour : la SPCS (Société de participation des clubs de sport) entre dans le
capital à hauteur "d'un peu moins de 50 %"* et se propose d'injecter 6
à 8 millions de francs entre les travaux de la salle et la réalisation d'une
véranda-terrasse qui sera opérationnelle dès le printemps.
"Nos mots d'ordre seront convivialité et qualité avec un restaurant d'affaires
le midi et d'ambiance le soir. Nous voulons un établissement dynamique et moderne",
explique Jean-Michel Aulas pour cet Argenson devenu Seven'th at Argenson. Dans un quartier
en pleine mutation, ces atouts seront précieux : le parc du Confluent sera opérationnel
l'été prochain, la halle Tony Garnier voisine est en cours de transformation en salle de
spectacle polyvalente et l'on parle d'un multiplex cinématographique pour lequel Jérôme
Seydoux (Pathé) est bien placé.
Avec le siège de l'Olympique Lyonnais et le stade de Gerland de l'autre côté de la rue
et compte tenu de la personnalité des trois principaux actionnaires - Jean-Michel Aulas
est désormais l'un des hommes d'affaires les plus influents de Lyon - la clientèle du
lieu semble toute trouvée !
"C'est vrai, nous voulons travailler en synergie avec l'Olympique Lyonnais,
accueillir nos partenaires pour anticiper ou prolonger le match mais il n'y aura pas que
cela", admet encore Jean-Marie Aulas qui mise "sur la dynamique de
l'arrondissement" et avoue sa volonté de mettre en place un "projet
ambitieux" et d'un lieu animé "y compris le soir".
Tout a donc été revu avec la création de trois lieux, faisant vivre l'espace comme une
maison qui dispose en outre d'un terrain de 4 000 m2 : le salon-bar (vert soutenu,
boiseries derrière le comptoir, chauffeuses et canapés de velours orange), le salon
rayé (couleur vénitien avec une longue banquette de couleur prune, des tables rondes de
bois sombre et des fauteuils de velours multicolores) et la grande salle (plancher au sol,
baies vitrées avec stores, boiseries sable et camel, avec espace VIP d'une quinzaine de
places) pouvant accueillir 250 personnes en cocktail et 190 personnes en restauration
(dont plus de la moitié dans la grande salle).
La carte n'échappe pas à la mode du moment, misant volontiers sur la world food pour
jouer la diversité : menu du marché traditionnel au déjeuner à 98 francs, grandes
assiettes (végétarienne, nordique, lyonnaise) de 45 à 80 francs, dégustation sur le
thème des portes de l'Asie changeant tous les trimestres à 330 francs pour trois
personnes. Pour ce faire, Frédéric d'Ambrosio (Père Bise à Talloires et Brasserie de
l'Est à Lyon) doublera sa veste de cuisinier d'un costume de directeur d'exploitation.
Avec une équipe de 24 personnes (14 créations d'emploi) dont 10 en cuisine, le pari
n'est pas gagné d'avance même si de nombreux atouts semblent plaider en faveur du lieu.
Isabelle Kébé le sait bien et mesure l'ampleur de la tâche qui l'attend désormais avec
des partenaires à qui tout réussit jusqu'alors...
"Avec une ouverture du lundi au vendredi au déjeuner, nous avions réalisé en
1999 un chiffre d'affaires de 5,60 MF. Pour cette année, où nous ouvrons de 12 h à 1 h
du matin du lundi au samedi, notre ambition se situe à 10 MF (dont 70 % au restaurant)
sur la base de 200 couverts/jour."
J.-F. Mesplède
* La SPCS est détenue à 54 % par Jean-Michel Aulas, 34 % par Jérôme Seydoux (le "patron" de Pathé), 10 % par Bruno Bonnell (ce Lyonnais de 41 ans, créateur d'Infogrammes en a fait le n° 2 mondial des jeux vidéo avec 600 salariés et 3 milliards de francs de CA en 1999) et 6 % par les membres du comité de gestion de l'OL. Elle contrôle déjà 66 % de la SAOS Olympique Lyonnais (football) et 12 % du capital de la SAOS ASVEL (basket).
Seven'th, une situation idéale tout près du stade de Gerland.
Isabelle Kébé et Jean-Michel Aulas, nouveaux associés au Seven'th at Argenson.
© Christelle Viviant
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L'HÔTELLERIE n° 2656 Hebdo 9 Mars 2000