Le suspense est enfin levé : le
ministre des Finances, Christian Sauter, est passé aux aveux. Un peu sous la pression il
est vrai, il a entrouvert la cassette et a décrété y trouver 30,7 milliards de francs.
Il a mis ainsi fin à un feuilleton qui s'enrichissait chaque jour de nouveaux
commentaires, de nouvelles estimations du surplus des recettes fiscales. Aujourd'hui,
c'est sur l'utilisation de cette cagnotte que les avis divergent et ne cessent de se
succéder, des avis qui se présentent tous comme éclairés pour alimenter le très riche
débat du partage des fruits de la croissance. Parce que la réalité est bel et bien là
: ce n'est pas du fait de l'excellence de la gestion des affaires de l'Etat, de la
réduction de son train de vie, de sa faculté à serrer la ceinture des dépenses
publiques que nous avons cette année connu un surplus de recettes fiscales par rapport
aux prévisions initiales ; c'est du fait de l'amélioration de la compétitivité des
entreprises au sein desquelles leurs responsables ont su prendre des risques, les assumer,
innover, conquérir de nouveaux marchés pour enfin pouvoir remplir les carnets de
commandes qui leur ont permis de recruter, de verser des salaires et, bien sûr, de payer
de plus en plus d'impôts à l'Etat ! Autant dire que l'autosatisfaction des politiques
est superfétatoire : ce n'est pas du fait de leurs talents que l'économie française a
connu l'embellie qu'on lui connaît, ce n'est pas du fait de leur gestion que le marché
de l'emploi s'est depuis 18 mois amélioré. Les chefs d'entreprise n'ont d'ailleurs
jamais attendu des politiques qu'ils puissent agir directement sur l'économie du pays ;
ils préfèrent créer eux-mêmes des emplois que de voir l'Etat les créer, et accentuer
la pression fiscale pour en supporter le coût ! Toute création d'emploi doit
correspondre à une création de richesse, un emploi ne peut être créé que s'il
génère un chiffre d'affaires. Par contre, ce qu'attendent les chefs d'entreprise de
l'Etat, c'est qu'il soit à même de maintenir des conditions favorables au développement
de l'économie, qu'il ne s'attache pas à tout vouloir régir, contrôler, qu'il laisse
l'initiative privée évoluer, tenter sa chance, qu'il permette la créativité et qu'il
cesse de voir en tout contribuable, en tout patron, un fraudeur potentiel qu'il se doit de
contrôler pour mieux le sanctionner. La richesse d'un pays n'est que celle de ses
entreprises, pas celle de l'Etat qui, en accentuant sans cesse la pression fiscale, ne
peut qu'appauvrir le pays. Chefs d'entreprise comme salariés en France attendent
aujourd'hui, après plusieurs années de crise, un allégement de cette pression fiscale.
PAF
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L'HÔTELLERIE n° 2656 Hebdo 9 Mars 2000