Résidences de tourisme
Souvent accusée de concurrence déloyale par les hôteliers, la résidence de tourisme est un produit encore mal connu en France. Pourtant, elle fonctionne différemment de l'hôtellerie. La principale distinction réside dans la durée moyenne de séjour des clients et dans le nombre de services proposés. Contrairement à ce qu'on croit, la location à la nuitée, n'est pas aussi répandue qu'on pourrait le penser. "Les résidences de villes se partagent les mêmes cibles de clientèle que l'hôtellerie de centre-ville, dont l'hôtellerie de chaînes : il y a donc forcément une forme de concurrence. Cela dit, la durée moyenne de séjour chez nous est d'environ 8 jours à Paris et de 3 semaines en province. Nous ne sommes donc pas sur le même créneau, car le client de passage opte en priorité pour l'hôtel", précise Pascale Jallet, déléguée générale du SNRT (Syndicat national des résidences de tourisme). Les accrochages avec les hôteliers proviennent surtout d'une méconnaissance par eux des résidences hôtelières. Mais aussi parce que la loi autorise dans l'absolu une résidence à accueillir un client pour une seule nuit. Conçues dans les années 70 afin de doper la commercialisation des stations de sports d'hiver, les résidences de tourisme constituent en fait deux produits en un seul : une formule d'hébergement et un placement immobilier. Ainsi le concept a pu se développer considérablement, passant de 60 000 lits en 1979 à plus de 300 000 lits vingt ans plus tard. Aujourd'hui, le parc en France appartient d'ailleurs pour 63 % à des particuliers.
Un marché en constante évolution
Le marché français des résidences de tourisme s'est globalement développé en 4
phases. De 1975 à 1984, le concept se met en place essentiellement à la montagne et voit
la création de 10 000 lits par an en moyenne. De 1985 à 1990, encouragées par une forte
demande, les résidences se propagent sur le littoral puis dans les villes, au rythme
moyen de 26000 nouveaux lits par an. De 1991 à 1995, la crise économique jumelée à de
nouvelles contraintes de classement et d'exploitation découragent les investisseurs
potentiels. Après 1995, les constructions reprennent aidées par la relance économique
et la loi Périssol. Fin 1999, on compte au total 805 résidences de tourisme en France,
ce qui représente 313000 lits (soit environ 73000 appartements). Le parc se répartit en
quatre zones géographiques : la mer rassemble plus de la moitié des lits, la montagne 34
%, la ville 9 % et la campagne 6 %. Bien qu'encore faiblement représentée, la résidence
en milieu urbain tend à se développer. Les résidences de tourisme en France comptent en
moyenne 90 appartements et regroupent une majorité de 2 pièces. L'offre est plutôt
moyen de gamme puisque 75 % des résidences classées appartiennent à la catégorie 3
étoiles. Le poids économique de ce marché n'est pas négligeable puisqu'au-
jourd'hui, fortes de leurs 313000 lits, les résidences de tourisme représentent plus de
12 % de l'hébergement touristique commercial français. Elles ont par ailleurs réalisé
en 1998 plus de 5,5 milliards de chiffres d'affaires engendrant 460 millions de francs de
TVA. Et l'année 1999 (statistiques en cours d'élaboration) s'annonce sous les meilleurs
auspices, puisque tous les compteurs sont à la hausse.
Une clientèle diversifiée
En 1998, les résidences de tourisme ont accueilli quelque 4 millions de personnes : des
skieurs, des vacanciers de bord de mer mais pas uniquement... 50 % de la clientèle se
compose de familles en vacances, le reste regroupe des séjours entre copains (20 %), des
personnes du troisième âge (10 %) et des hommes d'affaires (20 %). Cette dernière
catégorie peut même atteindre jusqu'à 50 % dans les résidences de ville. Bien qu'elles
attirent en majorité une clientèle française, les résidences de tourisme séduisent
entre 30 et 40 % d'étrangers. D'origine européenne (Belgique, Allemagne, Italie,
Grande-Bretagne, Pays-Bas), les clients fréquentent plutôt les résidences de ville (52
%), de montagne (37 %) et de bord de mer (33 %). Toutes nationalités confondues, la
durée moyenne du séjour dans une résidence de tourisme est de 7,6 jours. En ville, elle
grimpe à 9,5 jours et à la campagne elle descend jusqu'à 5,2 jours. Quant aux niveaux
de fréquentation, ils se révèlent excellents. Sur le plan national, le taux
d'occupation moyen annuel est de 70 %. En montagne, ce taux est de 75 % contre 73 % sur le
littoral. Moins tributaires des variations saisonnières, les résidences implantées à
la campagne et en ville affichent des résultats qui frôlent les 80 %. A noter également
que la rentabilité des résidences de tourisme est forte, comparée à l'hôtellerie,
parce qu'elles ont moins de charges de personnel, moins de charges journalières (travaux
ménagers moins importants) et le nombre de services proposés reste limité. Autant
d'avantages qui ne laissent pas insensibles les investisseurs étrangers, comme les grands
groupes immobiliers français !
En voie de consolidation
Les 2/3 des lits sont commercialisés par 6 chaînes regroupant plusieurs résidences sous
la même enseigne, le dernier tiers étant constitué de groupements régionaux et de
petits exploitants. Preuve de son succès et de ses potentialités de développement, le
secteur est gagné par la concentration. Les années 90 ont été marquées par des
reprises et des acquisitions en tout genre. Mais les plus grandes mutations se sont
produites récemment, avec la fusion de Maeva et de Vacantel et l'acquisition d'Orion City
par Citadines et d'Orion Vacances par Pierre & Vacances. Restructuration oblige,
aujourd'hui les opérateurs repositionnent leurs produits et peaufinent leurs axes de
développement. Ainsi Pierre & Vacances, positionné depuis son origine sur le segment
loisirs, prône les vacances en liberté en privilégiant la consommation à la carte des
services et des loisirs. La chaîne, qui vise les 100 000 lits d'ici la fin de l'année,
envisage par ailleurs de se développer en milieu urbain. Sa nouvelle enseigne Pierre
& Vacances City s'agrandira ainsi de 4 nouvelles résidences parisiennes en l'an 2000.
Le groupe Maeva, quant à lui, se décompose désormais en trois enseignes : Maeva, qui
offre un produit de type 3 étoiles, propose des services tout compris. Vacantel, qui se
situe davantage sur le créneau 2 étoiles, privilégie pour sa part la formule des
services à la carte. City par Maeva rassemble les résidences implantées dans les
grandes villes françaises : cette enseigne compte à ce jour 18 résidences, soit 2 050
lits. Le groupe envisage lui aussi d'être plus présent sur le marché des résidences
urbaines et annonce, d'ici 2001, 10 nouvelles résidences City par Maeva. Cela dit, le
spécialiste en France de la résidence urbaine reste la chaîne Citadines. "Après
le rachat des résidences Orion City, nous avons entrepris un vaste programme de
rénovations afin d'intégrer ces nouvelles résidences à notre parc Citadines",
précise Erwin Rick, directeur général de Citadines. Avec ses 49 appart'hotels (14000
lits) situés au cur des grandes métropoles françaises et européennes, Citadines
compte bien renforcer sa position de leader. "En France, nous disposons de 38
établissements au total contre 8 seulement en Europe. Notre objectif est désormais
d'accroître notre parc européen en nous développant en Allemagne, Angleterre, Espagne,
Italie...", ajoute Erwin Rick.
Un avenir prometteur
Cet engouement soudain pour les villes n'est pas surprenant. L'activité des résidences
est plus soutenue en zone urbaine que sur les sites touristiques car la fréquentation y
est mieux répartie sur l'ensemble de l'année. Les résidences de villes séduisent aussi
une clientèle d'affaires de plus en plus importante. Ce concept a plu tout de suite et
n'a pas beaucoup évolué par la suite. Cela dit, son développement ne se produit que
maintenant pour une raison principale. Selon Pascale Jallet, le marché des résidences de
bord de mer et de montagne est arrivé à maturité et les grandes villes de province sont
aujourd'hui bien équipées. En revanche, l'offre n'est pas encore saturée à Paris et
dans les métropoles européennes. L'avenir s'annonce donc prometteur pour les opérateurs
qui ont choisi de se positionner sur ce créneau. Ceci dit, parallèlement à ces grands
groupes évoluent de plus petits opérateurs qui progressivement font leur chemin. La
tendance actuelle pour eux est davantage au développement en zones rurales (vallée de la
Maurienne, Pyrénées, etc.). Tout un programme...
G. Marquet
Nbre de lits | Nbre de résidences | Chiffre d'affaires |
|
PIERRE & VACANCES | 93000 | 78 | 1,6 milliard |
---|---|---|---|
MAEVA/VACANTEL | 85000 | 223 | 1,2 milliard |
DOMAINES DU SOLEIL | 13500 | 26 | 240 millions |
CITADINES | 9000 | 43 | 330 millions |
CENTER PARCS | 7340 | 2 | 480 millions |
TOTAL principaux opérateurs | 207840 | 372 | 3,8 milliards |
TOTAL parc français | 313000 | 805 | 5,5 milliards |
Source : SNRT |
Vos commentaires : cliquez sur le Forum des Blogs des Experts
L'HÔTELLERIE n° 2656 L'Hôtellerie Économie 9 Mars 2000