Logis de France de Haute-Savoie
Un cas, ce président Jean Falquet. Autoritaire mais convaincant, pas très souple mais charmeur, il a hissé son association à la première place des 92 composant la Fédération nationale des Logis de France. Encore 173 "maisons à visage humain" sur les cent communes du département.
Savoyard - pour ne pas dire Savoisien -, cet hôtelier-restaurateur, même s'il est novateur et entreprenant, n'a pas craint de choisir à nouveau la cité industrieuse de la Roche-sur-Foron, où il avait déjà célébré avec faste le quarantième anniversaire, pour son assemblée générale. Il est vrai aussi, comme l'a souligné avec humour Jacques Lansard, le maire, que ce vieux bourg commandant la vallée de l'Arve ne dispose... d'aucun hôtel à la cheminée jaune et verte ! Et que dans l'enceinte fortifiée de la ville haute, une vielle porte ogivale s'appelle Falquet...
Des PME à l'agonie
Un programme minuté à cette occasion : des rapports, des bilans, des interventions. Les
Logis de Haute-Savoie ont un poids économique, donc politique, certain. Autour du
préfet, Pierre Breuil, les sénateurs, les députés, le président du conseil général
et plusieurs de ses conseillers sont présents : nous sommes loin de certains
départements de plus d'un million d'habitants où quelques rares Logis de France ne font
pas le poids devant les élus et l'administration. Les uns et les autres n'ont pas été
surpris par l'un des rapports qui met l'accent sur la richesse, la densité et
l'originalité des actions à l'étranger et en France. Ces professionnels ont souvent
ouvert la voie dans les domaines de la promotion, du marketing, anticipant les désirs
d'une clientèle en perpétuelle mutation, promouvant une cuisine du terroir dont l'ancien
duché peut-être fier.
Jean Falquet en appelle donc à ses collègues pour que leurs maisons préservent leur
identité, leur spécificité. Quitte à donner un tour de clef supplémentaire à la
grille des classements en une, deux, trois cheminées. Ce qui ne les empêche pas
d'accroître leur participation à la réservation électronique et sur Internet. Ou de se
montrer solidaires des syndicats professionnels lorsque ces derniers luttent contre les
abus et les injustices de l'Etat : "Le nombre des petites entreprises familiales,
véritables lieux de vie dans certains villages, formant des apprentis qui sont la relève
de demain, mais qui sont à l'agonie, ne cesse d'augmenter."
Maison de la Savoie : 73 millions de nuitées
Parmi les intervenants, Patrick Viceriat, ingénieur d'affaires touristiques, a mis
l'accent sur deux thèmes déterminants : la recherche d'une qualité toujours
améliorée, et l'appréhension par les professionnels des nouvelles technologies. Les
adeptes d'un tourisme buissonnier sont de plus en plus exigeants, ne se contentent plus
d'un gîte et d'un couvert, et se révèlent d'une grande mobilité.
Hervé Marcadal, directeur de l'agence touristique départementale, a rappelé
l'évolution de cette structure mixte (élus et professionnels) tant pour les aides à la
modernisation et à la rénovation que pour la promotion et la vente grâce à cet outil
de première grandeur qu'est la Maison de Savoie à Paris, commune aux deux départements
de l'ancienne province (39 millions de nuitées pour la Haute-Savoie, 34 pour la Savoie,
l'an denier).
Serge Gonon, chargé de la Solidarité au conseil général, a évoqué l'expérience de
mise en activité avant la fin du cheminement de l'insertion sociale de chômeurs auprès
de professionnels, conjuguant ainsi des besoins de l'économie, de l'emploi et de la
réinsertion. Et Jean-Pierre Billon-Lanfrey (directeur de la Concurrence, de la
Consommation et de la Répression des fraudes, pourtant souvent craint des
hôteliers-restaurateurs) s'est montré plutôt satisfait des prestations des membres de
l'association s'inspirant d'un Guide de bonnes pratiques.
De nouveaux Logis mieux identifiés
L'intervention attendue de la présidente nationale Renée Ougier elle-même,
hôtelier-restaurateur dans le massif de l'Oisans, s'est déroulée devant un auditoire
très attentif. Les professionnels présents ne pouvaient s'y tromper : c'est une battante
tout comme Jean Falquet. Et de reprendre les grands axes qui ont défini les actions des
Logis de France pour le prochain quinquennat telles qu'elles ont été arrêtées lors du
congrès national à Brive-la-Gaillarde les 11 et 12 octobre derniers : un guide national
désormais gratuit passé de 150 000 à 560 000 exemplaires en 1999, 600 000 en 2000 ; le
développement exponentiel de la centrale de réservations grand public de Logis de
France-services à Paris et un site sur Internet ; l'accroissement de la ligne budgétaire
consacré au service "contrôle-qualité" (150 000 F en 1999, 300 000 F en 2000)
avec intervention d'un cabinet d'audit spécialisé Hôtels-Actions. "Plus nous
communiquons, plus nous sommes exposés", a ajouté Renée Ougier, évoquant les
5 800 lettres reçues par la Fédération.
Il conviendra donc de clarifier et d'identifier l'offre : Logis de caractère, Logis
nature-silence, Logis famille-enfants. D'étendre l'usage des chèques-cadeaux qui
constituent une excellente publicité tout en favorisant le recrutement d'une clientèle
nouvelle. De mettre l'accent sur les menus du terroir désormais obligatoires, une
exception qui accompagne celle des apprentis : 5 000 dans les Logis de France. Félicitant
la présidente, Ernest Nycollin a affirmé que le mouvement des Logis, lancé il y a
cinquante ans, avait été une forme d'aménagement du territoire avant la lettre. Et,
après avoir résumé avec conviction et éloquence l'ensemble des interventions, le
préfet Pierre Breuil a conclu en rappelant que "le tourisme est le premier
secteur exportateur".
250 médailles commémoratives
La partie festive de ce 50e anniversaire (la Haute-Savoie a suivi de quelques mois la
Haute-Loire après la création du premier Logis de France Le Moulin de Mistou à
Pontenpeyrat, un trois cheminées actuellement tenu par Jacqueline et Bernard Roux,
présents à La Roche) s'est déroulée au parc des expositions dans le cadre du salon
Mieux-Vivre. Il est vrai que les chefs des Logis hauts-savoyards, en se relayant, ont
assuré la restauration gastronomique de cette importante manifestation commerciale et
populaire. Quatre d'entre eux avaient préparé ce déjeuner de gala servi à 250
participants : Michel Puthod, Les Rochers de la Balme de Sillingy, François Blanc, Les
Flots Bleus à Yvoire, Marcel Birraux, Chez Tante Marie à Bernex et Michel Magnin, Le
Pré de la Cure à Yvoire.
Entre les "senteurs d'automne" et "le plateau du berger", le
président a remis 250 médailles commémoratives spécialement frappées pour ce 50e
anniversaire, tant aux hôteliers-restaurateurs qu'à leurs amis. Jean Falquet voit grand.
C. Bannières
De gauche à droite, Françoise Camusso, M. Bernard Roux, Jean Falquet, Jacqueline Roux, Pierre Breuil et Renée Ougier, présidente de la Fédération nationale.
Une porte du vieux château de la Roche-sur-Foron du XIIIe siècle portant
(déjà) le nom de Falquet.
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L'HÔTELLERIE n° 2657 Hebdo 16 Mars 2000