Congrès d'Evreux
Devenue la Confédération des professionnels indépendants de l'hôtellerie (CPIH), la centrale de la rue Barye a réaffirmé son droit à la différence. Un 30e congrès au cours duquel les professionnels ont recherché la concertation constructive. Pierre par pierre.
Devait-on lire un présage dans l'enseigne de l'établissement Chez Magne, Au bon accueil que l'on aperçoit à l'entrée de Chaufour, quand on quitte l'autoraute pour rejoindre Evreux ? Le congrès qui allait se dérouler dans la préfecture de l'Eure le lundi, sous un soleil radieux, était empreint d'une vigueur nouvelle. Après les divergences internes qui fragilisèrent la Confédération l'an dernier et conduisirent certains départements à se rallier à la politique d'André Daguin, les indépendants avaient, semble-t-il, besoin et envie, de clamer leur droit à la différence. A dessein, ce 30e congrès démarra donc par le vote de nouveaux statuts et la décision de rebaptiser la structure.
La secrétaire d'Etat au Tourisme à accepter de déjeuner avec les membres de la
CPIH. Elle est accueillie ici par le président de l'Eure, Alcino Alves-Pires.
CPIH
La centrale syndicale de la rue Barye est devenue officiellement depuis le 6 mars la
Confédération des professionnels indépendants de l'hôtellerie (CPIH). Un changement
d'appellation qui "réaffirme la volonté de notre organisation de ne représenter
que des entreprises indépendantes", a déclaré son président Roland Magne.
Dans un esprit de concordat, comme d'efficacité, trois principes importants ressortent
également de la modification des statuts. Le mandat du président est porté à trois ans
; celui-ci sera accompagné d'un vice-président et les présidents départementaux
pourront désormais poser leur candidature à la tête de la CPIH.
Ces mesures arrêtées, les branches se sont alors constituées, comme de tradition, en
ateliers de travail. Sous la présidence de Jacques Fréalle, les hôteliers sont revenus
sur la catastrophe de l'Erika et les moyens d'assurer les pertes d'exploitation en cas de
tempête, de pollution (voire de grève des transports...). Mais le thème le plus
significatif des difficultés du secteur allait être évoqué un peu plus tard avec une
représentante de l'Agence française de l'ingénierie touristique, Sophie Bornemann.
"Comment devenir plus visible et plus lisible pour la clientèle ?" Vaste
sujet en effet que l'organisation de l'offre pour l'indépendant. Les hôteliers
souhaitent pourtant trouver un "dénominateur commun" à leurs
entreprises, ils l'ont prouvé pendant ces travaux, sachant qu'une partie d'entre eux
estime, sans doute à juste titre, que le principe du label est un "leurre"
et que leur force, dans l'avenir, résidera davantage "dans la manière
d'accueillir la clientèle et la personnalisation des affaires". En conclusion,
Jacques Fréalle allait restreindre les armes de la différence à un mot d'ordre unique :
"La qualité, du petit-déjeuner à tard dans la soirée..."
Jacques Fréalle, micro en main, estime que l'hôtellerie indépendante doit
apprendre à communiquer.
Une même volonté de lisibilité parcourait les rangs des restaurateurs qui se sont penchés plus en détail sur le label Restaurateurs de France et la certification Cuisineries gourmandes. Plusieurs syndicalistes ont toutefois fait part de leur inquiétude devant une labellisation chapotée par une structure dont le siège se situe à l'adresse de l'Umih. Claude Izard s'est voulu rassurant, précisant qu'il voudrait que les Restaurateurs de France puissent "changer d'adresse prochainement" et qu'ils "deviennent parfaitement indépendants". Celui-ci a également indiqué la possible mise en place d'une structure unique qui regrouperait Restaurateurs de France et Cuisineries gourmandes dans les discussions avec les pouvoirs publics. "L'Union des restaurateurs de France des Cuisines gourmandes des provinces françaises" devrait en outre bénéficier si elle voyait le jour, d'une "présidence tournante", a-t-il affirmé. Tout reste à faire.
Face à face
Roland Magne avait annoncé un congrès au plus proche des préoccupations de chaque
métier. Ce fut le cas chez les saisonniers qui ont demandé, à l'issue d'Evreux, que les
ouvertures saisonnières précaires soient, au plus vite, soumises à des déclarations
préalables auprès des services compétents. Des saisonniers qui se sont insurgés une
nouvelle fois contre des taxes de séjour trop élevées dans un bon nombre de communes et
veulent obtenir la "création d'un carnet médical permettant ainsi un meilleur
suivi des salariés". Un carnet qui "serait valable un an dans le cadre
d'une embauche dans une entreprise de même code APE".
Côté cafetiers, Jean-Jacques Le Terrec, président du groupement, s'est attaqué aux
contrats de bière (limités à cinq ans) qui seront mis en place à partir de juin 2000
et s'est dit inquiet devant la suppression de la licence III. Que va devenir cette licence
? De nombreuses questions ont alors fusé chez les limonadiers. Cette licence sera-t-elle
assimilée à la licence IV ? C'est en tout cas le choix que les professionnels
préféreraient voir ressortir "à condition que la licence II reste telle qu'elle
est définie pour l'instant et n'autorise que la vente d'alcool jusqu'à 3°".
Jean-Jacques Le Terrec a rappelé enfin la nécessité de baisser la TVA sur les jus de
fruits et boissons non-alcoolisées à 5,5 % "en échange de quoi, a-t-il
soutenu, les cafetiers s'engagent à diminuer d'autant le prix de vente de ces
consommations en le précisant à leurs clients à l'aide d'un affichage précis".
Une mesure qui trouve écho auprès de la Prévention routière.
Mardi 7 mars, en début de matinée, cafetiers et discothécaires avaient décidé de se
réunir pour parler de leurs activités respectives. Un "face-à-face nécessaire"
selon Jean-Jacques Le Terrec partagé entre des professionnels qui cherchent à étendre
leur activité pour maintenir leur outil de travail et une catégorie pointée du doigt
par les pouvoirs publics. "La grande hostilité des pouvoirs publics au commerce
de la discothèque paraît être la conséquence d'une profonde ignorance de son activité",
devait d'ailleurs commenter avec amertume Alain Treuillard, président des discothèques,
lors de son intervention en séance plénière, en regrettant haut et fort la "concurrence
déloyale exercée par certains bars". Dossier complexe.
S. Soubes
Nouveau sigle de la Confédération des professionnels indépendants de
l'hôtellerie.
Le président d'Euro-Toques, Henri Charvet, ainsi que des responsables des Jeunes
Restaurateurs d'Europe, de la chambre syndicale de la Haute Cuisine et du SNRLH s'étaient
déplacés à Evreux, à l'invitation de Roland Magne.
Extraits du discours du président Roland MagneA propos du nouveau nom de la centrale syndicale : Suite aux déclarations du président de l'Umih : Concernant la défense des indépendants : Revenant sur les écarts de TVA : Sur la réduction du temps de travail : S'adressant directement à Madame Demessine :
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Intervention de Michelle Demessine : la secrétaire d'Etat au Tourisme s'est montrée rassuranteUne fois n'est pas coutume, Michelle Demessine a accepté de rester déjeuner avec les membres de la Confédération. Dans le discours qui précéda, celle-ci leur a fait part de son soutien et a officiellement annoncé que le débat sur la TVA était "en train d'évoluer". Elle a également mis l'accent sur la nécessaire "réforme du classement des restaurants de tourisme en le combinant avec une politique de label" qui constitue, à ses yeux, "une évolution très significative" pour le secteur. Revenant sur les 35 heures, Michelle Demessine estime que ce temps libéré "engendrera des conséquences positives, à court et moyen terme, sur l'activité touristique". La secrétaire d'Etat au Tourisme a par ailleurs indiqué que "la mise en place de la réduction du temps de travail" pouvait "améliorer sensiblement la qualité des emplois" dans le secteur et notamment auprès des jeunes. Interpellée sur la réforme du Code des débits de boissons, celle-ci a précisé que "la phase finale de concertation avec les organisations professionnelles débutera durant le second trimestre de cette année". Quant aux problèmes liés à l'application de la loi sur le bruit, Michelle Demessine a déclaré qu'une circulaire "élaborée avec Mme Dominique Voynet" sera envoyée aux préfets. "Celle-ci orientera en priorité les contrôles vers les établissements de mauvaise foi, parfaitement connus et identifiés."
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L'HÔTELLERIE n° 2657 Hebdo 16 Mars 2000