Apec
Chaque année, l'Apec lance une grande enquête auprès des entreprises pour connaître les grandes tendances de l'emploi des cadres. L'optimisme est de retour avec... modération.
Nadine Lemoine
Comme chaque année, l'Apec (Association pour
l'emploi des cadres) fait le bilan et lève le voile sur les tendances du marché de
l'emploi. C'est le fruit d'un long travail puisque ce sont plus de 4 000 entreprises, tous
secteurs confondus, qui sont interrogées sur leur recrutement de l'année précédente et
leurs intentions pour l'année en cours.
Dans cette enquête, baptisée Panel, sous la rubrique l'hôtellerie-restauration, il faut
savoir que l'Apec, au-delà de l'hôtellerie et de la restauration traditionnelles et des
chaînes, inclut la restauration collective, la restauration rapide, les traiteurs et les
cafés. De plus, ultime précision, bien que la fonction d'encadrement dans le secteur
soit majoritairement assumée par les patrons de petites entreprises, l'enquête porte
bien entendu exclusivement sur les cadres salariés.
Plus de recrutements externes
Dans un secteur où l'on estime à 43 000 le nombre de cadres en activité, on note depuis
le début des années 90 un total de recrutements annuels - hors promotions internes - qui
oscille entre 1 100 (en 1994) et 2 200 (en 1990). Les derniers chiffres connus, ceux de
1998, révèlent une hausse de 4 % de postes pourvus par rapport à 1997, soit 1 270
cadres recrutés. En revanche, la promotion interne, qui traditionnellement fonctionne
très bien dans l'hôtellerie-restauration, a marqué quelques signes de fatigue. Le
nombre de non-cadres devenus cadres s'est effondré : il est passé de 1 050 en 1997 à
640 en 1998. Ainsi, entre les embauches externes et la promotion interne, on totalise 1
910 postes de cadres pourvus en 1998 contre 2 270 en 1997, soit une baisse de 16 % !
Au moins cinq ans d'expérience
Si la promotion interne s'est un peu assoupie, chacun convient que cette perte de vitesse
ne traduit pas inévitablement une tendance à long terme et que
l'hôtellerie-restauration, fière de ses spécificités et de ses traditions, sait faire
confiance à ceux qui font leurs classes. Avec de la persévérance, les portes finissent
par s'entrouvrir. Faire ses preuves, gravir les échelons, passer par tous les postes pour
être polyvalents et performants... C'est aussi ce que les jeunes diplômés entendent
fréquemment lors de leurs premiers jobs. Bac + 2 ou bac + 4 et plus, rares sont ceux qui
décrochent illico un poste de cadre. Même pour ceux qui ont des diplômes, l'accès aux
postes à responsabilités passe par un temps d'apprentissage sur le terrain. Leur
ascension est certes plus rapide mais il faut savoir modérer d'emblée ses prétentions.
Pour preuve, le Panel indique que les jeunes diplômés ne représentent que 9 % des
postes de cadres pourvus en 1998 en hôtellerie-restauration. Par comparaison, tous
secteurs confondus, les jeunes forment près de 35 % des recrutements de cadres. Ce sont
les cadres confirmés qui justifient d'au moins cinq ans d'expérience professionnelle qui
tirent leur épingle du jeu : 67 % des postes à pourvoir leur ont été octroyés. Quant
aux jeunes cadres (jusqu'à cinq ans d'expérience), ils ont décroché le quart des
postes restants.
Des embauches, certes, mais pour quels postes ? En 1997, c'étaient les commerciaux qui se
taillaient la part du lion avec 49 % des embauches. En fait, les statistiques de l'Apec
démontrent que l'intérêt soutenu des entreprises pour les commerciaux remonte à 1995.
Une attitude que l'on explique aisément comme une réaction à la crise économique qui
sévit et qui pousse les professionnels à multiplier les moyens pour capter la
clientèle. Surprise, en 1998, les embauches de commerciaux ne représentent plus que 22 %
des postes de cadres pourvus. Chute passagère ? Toujours est-il que, passant de 21 % en
1997 à 41 % en 1998, ce sont les cadres d'exploitation qui font un formidable bond en
avant. Sans oublier un frémissement à la hausse pour les postes phares, à la direction
générale...
Perspectives
"L'optimisme est de mise pour les cadres", conclut l'enquête. Toujours
dans le cadre du dernier Panel, l'Apec a demandé aux entreprises si elles comptaient
embaucher en 1999. Pour 80 % d'entre elles, c'est le statu quo, ni embauche ni
licenciement. 16 % comptaient renforcer leurs effectifs cadres et seulement 4 % pensaient
qu'elles seraient amenées à les réduire.
Autre signe positif, les offres d'emploi parues dans la presse. L'Apec a recensé les
annonces parues pour les emplois cadres dans l'hôtellerie-restauration en 1999. Résultat
? Une hausse de 11 % par rapport à 1998. Les offres ont-elles été pourvues ? C'est en
tout cas un signe de dynamisme. Le moral des Français est, paraît-il, à la hausse.
Pourvu que celui des entreprises prenne le même chemin.
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L'HÔTELLERIE n° 2657 Spécial Formation 16 Mars 2000