Rubrique animée par Pascale Carbillet.
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Je suis veilleur de nuit dans un hôtel, et je commence mon service à 20 h pour le finir à 8 h du matin. Je voudrais savoir comment sera pris en compte le passage à l'heure d'été dans mon emploi du temps ? (X.L. de Bordeaux)
Cela n'aura aucune incidence. La période d'heure d'été a commencé le dimanche 26 mars à 2 h du matin. A ce moment-là, il fallait avancer les pendules d'une heure. A 2 heures du matin il était alors 3 heures. Votre nuit de travail s'est terminée comme d'habitude à 8 h du matin, ce qui fait qu'en pratique vous avez travaillé une heure de moins. En cas de changement d'heure, l'horaire de travail n'a pas à être modifié.
Vous n'arrêtez pas de parler du MOF dans votre journal, et je voudrais savoir si ce concours est vraiment intègre ? En effet, depuis le début du mois de mars, des bruits ont circulé sur le thème des MOF cuisine. Selon les rumeurs, le sujet pratique sur lequel les candidats devaient plancher était : Coulibiac de saumon et queue de buf façon libre. L'avenir nous dira si cette rumeur persistante n'était qu'une intox ou bien une info. (Message sur le forum de L'Hôtellerie d'un restaurateur anonyme)
Il ne s'agissait que d'une intox. Aujourd'hui, nous sommes en mesure de vous répondre,
puisque les thèmes pratiques viennent d'être distribués aux candidats et que les sujets
sont :
l
pour la première recette chaude : Soles André Moreau
l
pour la deuxième recette chaude : Soufflé aux poires en croûte...
ce qui ne correspond nullement aux rumeurs qui circulaient.
Le XXIe concours du Meilleur ouvrier de France dans les spécialités
cuisine-restauration, maître du service de table et sommellerie a débuté le 16 mars
2000 par une épreuve écrite dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, où pas moins
de 650 candidats ont participé à cette épreuve en tenue professionnelle, dont 550
cuisiniers, 35 sommeliers et 65 maîtres d'hôtel.
Tous les candidats ont disposé de 45 mn pour répondre à 20 questions. Ensuite, les
candidats cuisiniers, et eux seuls, se sont vu remettre le thème de leurs épreuves
pratiques. Les épreuves pratiques de sélection ont lieu actuellement et les résultats
ne seront connus qu'à partir du 10 avril.
Les épreuves finales cuisine se dérouleront du 10 au 12 mai prochain au lycée hôtelier
d'Illkirch-Graffenstaden. Les résultats seront proclamés le vendredi 12 mai au soir. Bon
courage aux participants.
Dans l'établissement où je travaille, les mémos envoyés et affichés par la direction se font en anglais, bien que certaines personnes ne parlent pas cette langue. Est-ce bien normal ? N'y a-t-il aucun moyen d'obliger la direction à écrire ces notes au moins dans les deux langues ? Car sauf preuve contraire, à Paris on est encore en France, non ? (P. C. de Paris)
Votre direction à l'obligation d'utiliser le français pour écrire ces notes.
En effet, l'article L 122-39-1 du Code du travail impose que "tout document
comportant des obligations pour le salarié ou des dispositions dont la connaissance est
nécessaire à celui-ci pour l'exécution de son travail doit être rédigé en français.
Il peut être accompagné de traductions en une ou plusieurs langues étrangères.
Ces dispositions ne sont pas applicables aux documents reçus de l'étranger ou
destinés à des étrangers."
Rien n'empêche que ces mémos soient adressés en anglais, mais ils doivent
obligatoirement être accompagnés d'une version française.
Le non-respect de ces dispositions est puni de l'amende prévue pour les contraventions de
4e classe, c'est-à-dire de 3 000 à 5 000 F. S'agissant des contraventions, il faut
savoir qu'il y aura autant d'amendes que d'infractions, c'est-à-dire qu'il y aura autant
d'amendes que de documents qui ne sont pas rédigés en français.
En outre, les personnes morales peuvent également être déclarées pénalement
responsables de ces infractions et sont passibles d'une amende qui est égale à cinq fois
le taux de l'amende pour la personne physique. Ce qui donne des amendes allant de 15 000
à 25 000 F.
Nous vous précisons que cette obligation de l'emploi du français s'applique aussi au
contrat de travail. En effet, l'article L 121-1 du Code du travail prévoit que le contrat
de travail constaté par écrit soit rédigé en français. Cette obligation concerne tous
les contrats à partir du moment où ils sont signés en France (et non aux contrats
signés à l'étranger), peu importe qu'ils soient ensuite exécutés en France ou à
l'étranger.
Je vous écris suite à la parution de votre dossier formation mais surtout pour
répondre à Claude Izard (page 7 du n° 2657) qui affirme que les élèves sortant des
écoles hôtelières sont mal formés et peu motivés et qu'il entend reprendre les choses
en main.
Certains de ses propos m'ont choqué. Il y a 20 ans, un élève passait 1 à 2 jours
par semaine en formation professionnelle, au restaurant d'application du lycée le plus
souvent. Il était donc plongé relativement tôt dans l'entreprise. Depuis, les horaires
n'ont cessé de baisser. Actuellement, il ne passe plus que 9 heures par semaine (pour un
terminal BTN) en travaux pratiques, réparties entre la cuisine, l'hébergement et le
restaurant. Autant dire que nous ne disposons plus des mêmes moyens en temps pour
atteindre un niveau qui se veut être plus haut parce que plus complexe, la profession
ayant considérablement évolué en 20 ans. Actuellement, pour des raisons budgétaires,
on va encore diminuer les horaires des élèves de LP, comme s'ils avaient trop d'heures
de cours. M. Izard souhaite par ailleurs généraliser la formation en alternance.
Actuellement, avec le passage aux 35 heures, les employés doivent augmenter leur
productivité, autant dire qu'ils auront encore moins de temps à consacrer aux jeunes en
formation dans l'entreprise. Lors de nos visites de stage (BEP, bac pro, BTN, ou BTS),
nous ne rencontrons que très peu de problèmes auprès des professionnels visités qui se
disent plutôt satisfaits de la qualité des élèves qu'ils ont en stage. Aussi, je me
demande de quels élèves vous parlez ?
Concernant la motivation, sachez que le mal vient de l'orientation en fin de 3e. Elle
est parfois faite par défaut. Souvent, l'élève ne fait pas le choix de la cuisine, du
restaurant ou de l'hébergement : on lui propose l'hôtellerie car il est trop faible en
maths pour faire un bac scientifique ou trop faible en langues pour s'orienter vers une
filière littéraire. Alors comment motiver un élève qui se sait déjà en situation
d'échec ? L'hôtellerie, qui est effectivement un "escalier social", a besoin
de jeunes pleins de qualités, de compétences. De nombreux métiers peuvent leur
permettre de s'épanouir. Le contrôle en cours de formation institué en BEP est une
superbe machine à démotiver : l'élève sait à l'avance le sujet sur lequel il va être
interrogé. Alors, ce n'est plus la peine de travailler le reste, il suffit juste d'être
bon sur ce sujet. Dans ces conditions, vous comprenez pourquoi le niveau baisse avec de
telles méthodes.
Mais si les professionnels trouvent à redire sur la qualité de l'enseignement
technique que les jeunes reçoivent dans les écoles hôtelières, sachez que nous aussi,
enseignants, nous interrogeons sur le relais que prennent les restaurateurs quand nous
leur laissons les élèves en stage dans l'entreprise : pensez-vous qu'il est du meilleur
goût, pour motiver les adolescents, de les installer durant 15 jours voire plus au poste
des épluchages sous prétexte qu'ils sont là pour apprendre et qu'on va tester leur
résistance psychologique ? Est-il raisonnable de les faire travailler 12 heures de suite,
voire plus, et de leur reprocher ensuite d'être fatigués ou d'être des bons à rien ?
Est-il indispensable de vouloir reproduire ce que vous avez vécu en apprentissage auprès
de la génération actuelle, qui elle n'a plus du tout les mêmes valeurs que vous ? Elle
rentre plus tard dans le métier, elle possède un recul et une connaissance du monde qui
lui permet de ne pas accepter d'être traitée de la sorte. C'est une des raisons pour
laquelle les jeunes sont si nombreux à quitter cette profession peu de temps après la
sortie de l'école. Quant aux enseignants, sachez qu'ils sont fatigués de devoir remplir
le rôle de parents à la place de ceux-ci qui démissionnent face à leurs
responsabilités (politesse, respect, hygiène...), de se faire rabaisser par des
professionnels qui n'ont pas, eux non plus, de solutions aux problèmes. Monsieur Allègre
voulait envoyer les professeurs en stage en entreprise l'été ? Je n'étais pas au
courant. Une de mes propositions serait que vous veniez en stage, vous aussi M. Izard,
dans une école durant un mois, avec un contenu à faire passer, des élèves à guider,
à corriger, à éduquer et des résultats à obtenir. Vous verriez que votre point de vue
serait bien différent. Pour conclure sur une note plus positive, je citerai M. Pélisson
qui, dans le même numéro de L'Hôtellerie, fait preuve de plus de sagesse en
reconnaissant que "l'enseignement en France a beaucoup progressé ces dernières
années".
Un jeune professeur qui pense faire son travail consciencieusement
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L'HÔTELLERIE n° 2659 Hebdo 30 mars 2000