Corse
Si des voix se font encore entendre pour souligner le danger d'une mono-activité en Corse, l'unanimité existe enfin pour considérer le tourisme comme seul levier actuellement capable, à court terme, d'entraîner un développement économique durable.
Le contrat de plan Etat-Région qui porte sur la période 2000-2006 vient d'être signé en Corse : il décrit le secteur touristique comme "l'un des moteurs de l'économie insulaire". Ainsi, en accueillant sur l'année près de 2 millions de touristes pour 28 millions de nuitées passées dans l'île, c'est environ 5 milliards de francs de chiffre d'affaires qui sont injectés directement dans l'économie (hors transports) produisant une valeur ajoutée de l'ordre de 2,5 milliards de francs, soit 9 % de la valeur ajoutée régionale. Mais ces chiffres pourraient encore être supérieurs : les autorités constatent en effet que l'activité demeure trop concentrée sur la seule période estivale (70 %) et ne permet donc pas de structurer un secteur qui reste fragile. Surtout l'offre d'hébergement marchand, qui représente 130 000 lits pour une capacité totale de 350 000 lits, présente un déséquilibre structurel dans sa composition. En effet, 58 % des lits marchands se trouvent en camping, 20 % dans des villages de vacances et seulement 15 % en hôtellerie. De même, le parc hôtelier, concentré sur les zones littorales, est essentiellement constitué de petites structures familiales standard qui se révèlent aujourd'hui pénalisantes pour le développement touristique et l'offre de loisirs au sens large car elles ne répondent pas suffisamment à l'offre touristique hors saison. Forts de tous ces constats, l'Etat et la collectivité territoriale de Corse s'engagent dans une politique visant à mettre en place un maillage touristique microrégional avec une logique de "territoire cohérent organisé". Au total, 165 MF (55 MF de l'Etat et 110 MF de la collectivité territoriale de Corse) sont consacrés au secteur du tourisme dans le nouveau contrat de plan. Pour l'Etat, la Corse bénéficie de la deuxième enveloppe tourisme du pays ! Viennent s'y ajouter les financements européens et d'autres mesures qui soutiendront le développement touristique de façon indirecte (équipements collectifs de loisirs et sportifs, politique d'assainissement destinée à intégrer la vocation touristique des zones, etc.). Derrière ces grands agrégats, 3 principaux axes ont été retenus : l'organisation et la structuration des territoires avec par exemple l'incitation à la création de pôles touristiques (103 MF) ; le développement de l'offre touristique avec des aides financières pour la modernisation des structures existantes et l'aide à la création de nouvelles structures (53 MF) et enfin l'accompagnement des politiques touristiques. En fait, aujourd'hui, il s'agit pour la Corse de s'organiser pour maîtriser et rentabiliser les flux touristiques.
Des programmes d'investissement
D'ores et déjà, il s'avère que les trois dernières années ont permis à la région de
sortir de l'ornière : les trésoreries se sont améliorées (selon la Banque de France,
les dépôts bancaires ont augmenté de 9 % pour les entreprises). Les hôteliers
s'engagent dans des programmes d'investissement, même si pour l'instant il ne s'agit
encore que de remise aux normes. Sur le prochain contrat de plan, la modernisation et
l'extension des établissements existants bénéficient de 33,50 MF d'aides publiques
(Etat-Région). "Mais les programmes d'extension et de modernisation ne devraient
voir le jour qu'à la fin de cette saison 2000 qui s'annonce très bonne",
souligne Gérard Aumas, directeur de la Banque de France en Corse. Malgré tout, de
nombreuses difficultés demeurent : les banques restent attentistes et de nombreux
dossiers sont encore bloqués faute de financement. Les professionnels espèrent que le
calme politique relatif que connaît l'île et la bonne conjoncture économique leur
permettent une fois de plus de confirmer l'allongement de la saison, d'avril à octobre,
en attendant la mise en place et le financement effectif des mesures annoncées, comme la
création d'un fonds de garantie régionale s'appuyant sur la BDPME et la SOFARIS. Si ces
conditions sont réunies, les projets ne manqueront pas d'émerger rapidement à travers
toute la Corse.
L. Peretti
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L'HÔTELLERIE n° 2659 Hebdo 30 mars 2000