Restauration artisanale
C'est parce qu'ils ne se reconnaissent pas dans les prises de positions de l'Umih que les membres des associations professionnelles de restaurateurs (chambre syndicale de la Haute Cuisine française, Euro-Toques, Maîtres cuisiniers de France et Jeunes restaurateurs de France) viennent de décider de se regrouper pour créer un syndicat propre à la restauration indépendante artisanale. Ils lancent un appel à tous les restaurateurs qui se retrouveront dans les revendications qu'ils affichent aujourd'hui pour que la spécificité de ce type de restauration soit prise en compte par les pouvoirs publics.
Ces quatre associations
regroupent un grand nombre de cuisiniers, restaurateurs, chefs d'entreprise, soucieux de
l'avenir de leur métier et de leurs maisons, tous professionnels reconnus. Des plus
connus, tous étoilés Michelin, au sein de la Chambre syndicale de la Haute Cuisine
française présidée par Antoine Westermann, aux Maîtres cuisiniers de France, nombreux
dans toute la France, le plus souvent installés à leur compte, aux Jeunes restaurateurs
de France, jeunes professionnels, patrons de moins de 40 ans, très impliqués dans leurs
maisons souvent en plein développement, aux cuisiniers regroupés au sein d'Euro-Toques,
souvent membres d'ailleurs des trois précédentes associations, particulièrement
soucieux de la défense de la qualité des produits qu'ils transforment dans leurs
cuisines, tous sont convaincus qu'il est urgent de permettre au secteur de la restauration
artisanale de se différencier pour mieux s'identifier.
C'est en juin 1999 que les quatre présidents des associations s'étaient réunis pour
organiser un colloque qui avait connu un succès sans précédent puisqu'il regroupait
plus de 300 personnes, tous cuisiniers, à Paris, sur le thème "Quel avenir pour
la restauration traditionnelle française ?" Dans son discours d'ouverture,
Antoine Westermann avait présenté ce forum comme "une force de réflexion et de
proposition". Une étude réalisée pour l'occasion avait souligné les
difficultés, chiffres à l'appui, que connaissent les entreprises dirigées par les
différents membres des quatre associations. L'accent avait été mis sur le poids des
charges salariales, sur les projections d'application de la loi Aubry, sur les
conséquences d'un taux de TVA à 20,6 % et sur l'attente de la création d'un statut
artisanal pour ce secteur d'activité. Autant de sujets qui donnèrent lieu à un très
large débat avec une salle particulièrement impliquée et soucieuse. Cette "force
de proposition et de réflexion" n'avait pas d'autre objectif que de mandater les
syndicats patronaux pour que, forts de ces conclusions, ils relayent et soutiennent les
propositions faites par les cuisiniers-restaurateurs auprès des pouvoirs publics. Les
quatre associations demandaient à travailler en plus étroite collaboration avec les
instances syndicales patronales, et en particulier avec la FNIH devenue depuis Umih, afin
d'être associées aux dossiers d'actualité que sont la réduction du temps de travail,
la politique de revendication en matière de TVA sur la restauration et la reconnaissance
professionnelle.
Se différencier pour être reconnu
Aujourd'hui, les présidents des quatre associations viennent de signer un manifeste afin
de se mobiliser pour la création d'un syndicat propre à leur secteur : "Seule la
restauration traditionnelle transforme le produit avec l'apport d'une main-d'uvre
qualifiée. Si la restauration traditionnelle avait sa propre identité en répondant à
des critères de fabrication précis et facilement contrôlables, les démarches visant à
obtenir un taux réduit de TVA seraient simplifiées. Tous les problèmes posés en juin
dernier n'ont pas été pris en compte par l'Umih, et nous avons le sentiment que nos
entreprises sont mal représentées par ceux qui ont pour mission de les défendre et nous
entendons reprendre leur destin en main. C'est pourquoi nous lançons un appel à tous les
chefs d'entreprise de la restauration traditionnelle indépendante, membres ou non de nos
associations, pour qu'ils nous rejoignent et participent avec nous à l'ouverture d'une
nouvelle voie syndicale qui ne réunirait plus des entreprises disparates mais des
collègues parlant le même langage et exerçant le même métier. La restauration rapide
a su se constituer en organisation professionnelle et a trouvé son identité, les
chaînes d'hôtels et la restauration collective ont fait la même chose. Nous sommes les
seuls à diluer notre activité au sein des organisations professionnelles généralistes
qui ont l'obligation d'essayer de faire plaisir à tout le monde et bien évidemment n'y
parviennent pas. Tous ceux qui soutiennent cette action peuvent s'adresser à la chambre
syndicale de la Haute Cuisine française : 123, rue
des Dames - 75017 Paris.
Tél. : 01 43 87 73 70 - Fax : 01 43 87 68 29", stipulent Antoine Westermann, au
nom de la chambre syndicale de la Haute Cuisine française, Henri Charvet, président
d'Euro-Toques France, Jean-Jacques Daumy, président des Jeunes restaurateurs de France et
Fernand Mischler, président d'honneur des Maîtres cuisiniers chargé de l'action
syndicale.
Ils annoncent leur intention de demander un rendez-vous avec Martine Aubry pour lui
expliquer la situation de la restauration indépendante, "celle qui est à
l'origine de la réputation culinaire de notre pays, celle qui crée des emplois
qualifiés et forme des jeunes".
Les raisons du désaccordLoi AubryLeurs demandes : Leurs griefs : La position de l'Umih : Le statut d'artisanLeurs demandes : Leurs griefs : La position de l'Umih : TVA sur la restaurationLeurs demandes : Leurs griefs : |
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L'HÔTELLERIE n° 2660 Hebdo 6 Avril 2000