Saint-Jean-du-Gard
Lettre anonyme, graffitis et même menaces de mort : Anne et Renato Grassi, installés dans le pays cévenol après une longue carrière à Londres, ont du mal à comprendre qui leur en veut et pour quels motifs.
Les menaces ont débuté le 25 novembre dernier.
Anne Grassi explique à ce sujet : "Nous ouvrons l'hôtel-restaurant ce week-end
et rien ne nous fera changer d'avis. Ni l'inévitable petit retard de nos différents
chantiers de remise aux normes de l'ensemble de l'établissement ni les menaces qui se
sont succédé depuis notre installation..."
Ce jour-là, en prenant connaissance de son courrier, elle découvre une lettre anonyme
dans une enveloppe postée à Nîmes. Une feuille et quelques mots tracés au normographe
: "Les Cévennes aux Cévenols. Il y a assez d'étrangers ici. Nous vous demandons
de partir. Je souhaiterai (avec la faute de grammaire, N.D.L.R.) vraiment que vous
le fassiez. Ceci est un premier avertissement gratuit."
Elle est évidemment choquée. Et ce, à plus d'un titre. "On nous traite
d'étrangers parce qu'avec Renato, mon mari, nous étions propriétaires d'un restaurant
italien à Londres. Mais moi, je suis lyonnaise et c'est justement parce que la France me
manquait que je souhaitais trouver un établissement à racheter." La transaction
pour l'achat du Domaine de Cabrières a débuté en février 1999. Cette vaste propriété
de 30 hectares comprend un château qui abrite l'hôtel-restaurant et la propriété
domine Saint-Jean-du-Gard et sa très belle et très touristique vallée cévenole.
L'offre avait été faite au couple par une agence internationale spécialisée dans ce
genre d'opération. "Le coup de foudre a été immédiat lorsque nous sommes venus
visiter le domaine en mai et nous avons concrétisé l'achat le 5 octobre 1999."
Vandalisme et menaces
Dès la mi-août, Anne Grassi et son fils ont pris la température de la région en
s'installant sur place. Cela laissait le temps à son époux de régler la vente de leur
restaurant londonien, qui est effective depuis la fin mars. Elle a pu voir comment
fonctionnait l'hôtel en saison et même établir des contacts avec les autres confrères
hôteliers et restaurateurs.
Un effort d'intégration facilité, l'automne arrivé, par le lancement de diverses
études pour réaliser d'importants travaux qui ont d'ailleurs largement profité aux
artisans locaux. C'est dans ce contexte qu'est arrivée la lettre anonyme qu'Anne Grassi
avait fini par prendre comme une sale blague, les semaines passant.
Mais fin février, la façade du château a fait l'objet d'actes de vandalisme. "Au
matin du 25 février, j'ai découvert les murs badigeonnés de goudron et la porte peinte
en blanc. Là l'auteur - ou les auteurs - avait accroché un mot : deuxième
avertissement, nous ne vous oublions pas !" Nouvelle plainte auprès de la
gendarmerie et, malheureusement pas la dernière, puisqu'un mois plus tard, jour pour
jour, l'affaire a connu un nouvel épisode. Les panneaux publicitaires installés en
contrebas de la propriété ont été maculés de peinture et quatre lettres ont livré le
plus violent des messages : mort.
"Là, j'ai vraiment le sentiment qu'on veut me toucher, me faire du mal. Mais je
n'arrive pas à comprendre pour quelle raison."
Toutes les hypothèses sont possibles
Toutes les hypothèses sont désormais possibles pour des enquêteurs très discrets. Mais
même si les Cévennes ont connu, il y a près de trente ans, une petite poussée de
régionalisme, l'hôtelière a du mal à croire à l'hypothèse d'une forme de
xénophobie. "Je ne vis pas cette situation comme du racisme mais plutôt comme
une affaire personnelle. Quelqu'un ne m'aime pas. Et dans la mesure où on parle toujours
de nous comme d'Anglais, je ne sais pas trop quoi penser..."
En attendant, le Domaine de Cabrières vit la première de ses mutations. Cuisine refaite
à neuf, électricité aux normes et aménagements extérieurs constituent une étape. La
suite, et notamment le réaménagement des 19 chambres, sera pour plus tard, lorsqu'Anne
et Renato Grassi auront pu commencer à travailler et que la ou les personnes
malveillantes qui ont décidé de gâcher leurs premiers mois en Cévennes n'auront plus
la possibilité de sévir.
J. Bernard
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L'HÔTELLERIE n° 2661 Hebdo 13 Avril 2000