Congrès de printemps
Le congrès de printemps des JRE en Normandie a permis de cadrer les objectifs de l'association. Au premier plan, la communication et la défense des produits.
Chaque année, les adhérents français de l'association des Jeunes restaurateurs d'Europe se retrouvent en congrès studieux et convivial. Fin mars, c'est en Normandie que les 98 membres de la section française étaient réunis pour trois jours. L'occasion pour les professionnels de la région d'accueillir leurs collègues et de leur faire découvrir les richesses du terroir et de la gastronomie normande. Aux fourneaux, cette fois-ci, Pascal Angenard, Le Spinnaker à Deauville, Laurent Bunel de l'Hôtel du Golf, et Susan et Jérôme Bansard du Pavé d'Auge à Beuvron-en-Auge, sans oublier le dîner de gala qui avait pour cadre la magnifique Abbaye aux Hommes de Caen et dont le repas fut le fruit d'une belle coopération en cuisine de plusieurs JRE normands.
Un nouveau bureau
Un congrès chaleureux qui a aussi et surtout permis aux congressistes de faire le point
sur les projets et les actions de l'association que présentait le nouveau bureau. En
effet, après six ans à la tête des JRE, Patrick Fulgraff, restaurant Au Fer Rouge à
Colmar, a cédé la présidence, en novembre dernier, à Jean-Jacques Daumy, 37 ans,
restaurant La Cognette à Issoudun. Cela fait 15 ans que le nouveau président a adhéré
à l'association affirmant son attachement à travers son implication en tant que
délégué régional pendant plus d'une dizaine d'années.
"Mon programme est très simple : la continuité dans la construction de
l'Europe", explique Jean-Jacques Daumy en préambule. Les Jeunes restaurateurs
d'Europe regroupent aujourd'hui 355 chefs dans huit pays (Belgique, Suisse, Allemagne,
Espagne, Italie, Pays-Bas, Luxembourg et France). Et l'élargissement à l'Europe est un
sujet brûlant : "L'Autriche et le Portugal sont les pays dont l'entrée dans
notre association est la plus probable, indique le nouveau président, sous toute
réserve bien sûr. Il faut que le cahier des charges soit respecté. L'intérêt des
JRE est de dire que nous sommes capables de fédérer mais dans l'unité. Nous exigeons
des bases et des structures solides. Les pays candidats doivent appliquer les statuts
européens rigoureux que nous avons mis en place et vivre la même idée
associative."
La barrière de la langue ? Elle existe encore parfois. Heureusement, la bonne volonté
fait souvent des miracles. "Ça se passe plutôt bien et encore mieux au niveau
des chiffres, puisqu'on parle déjà tous en euros. On peut dire que c'est en train de
devenir un réflexe", dit Jean-Jacques Daumy.
Au début de l'année, les JRE ont été sollicités par une grande société pour
élaborer et réaliser un repas européen prévu en Suisse. Chacun des huit pays a envoyé
deux chefs pour concocter ce dîner très spécial. Une première coopération européenne
qui plaide en faveur de cette association dynamique.
Se faire connaître du grand public
Les années passent et les Jeunes restaurateurs d'Europe ont gagné en notoriété.
Notamment grâce à d'importants partenaires-sponsors qui ont encouragé les jeunes
cuisiniers dans leur volonté de défendre à la fois les héritages culinaires et
l'originalité dans la créativité. Dès le départ, Jacques Marnier-Lapostolle, p.-d.g.
de Marnier-Lapostolle (Grand Marnier) a apporté son concours. D'autres partenaires de
dimension européenne ont suivi : Cacao Barry, Pommery, Moët & Chandon, Café de
Colombie... L'association est aujourd'hui bien connue du milieu professionnel. "Maintenant,
nous devons nous ouvrir à la communication en direction du grand public qui ne nous
connaît pas encore", précise Jean-Jacques Daumy. Une agence de communication
devrait sous peu représenter les JRE et leur permettre de multiplier les actions de
partenariat et les opérations événementielles. A leur actif, un contrat avec la Sopexa
pour la promotion de la dinde, un autre pour le camembert Le Rustique ou encore une
campagne pour redynamiser le sabayon. "On veut persuader le grand public de notre
volonté de pérenniser ce métier grâce à une fidélité aux produits et aux terroirs, ajoute
le nouveau président. Nous sommes solidaires des producteurs qui font de vrais
produits. Lors de notre assemblée générale à Deauville, on a donné place à tous les
producteurs d'AOC de Normandie permettant ainsi à chacun de présenter ses produits.
C'est une démarche que nous allons poursuivre." Pour les JRE, c'est un cheval de
bataille. "Si les petits producteurs et les petits restaurateurs disparaissent, il
n'y aura plus rien. Personnellement, je reste positif", précise le patron de La
Cognette. Quand il est à la recherche d'un produit, Jean-Jacques Daumy a un réflexe : il
joint un collègue JRE de la région de production : "On se communique les noms
des fournisseurs et des petits secrets. C'est convivial et ça crée des liens d'amitié.
Cette communication marche aussi au niveau européen." Une solidarité qui
fait chaud au cur.
Défendre les bons produits
Rencontre de Cambremer sur la crème et le beurre d'Isigny, colloque sur la truffe... Les
JRE entendent répondre présents en apportant leur concours aux opérations de défense
des bons produits. Cela sert le métier mais aussi leur image auprès du grand public,
c'est tout bénéfice. "Notre slogan, c'est talent et passion. On veut se donner
l'image de jeunes professionnels créatifs qui restent modestes." En
communiquant et en étant actifs sur le terrain de la défense des produits, des terroirs
et des producteurs, des Jeunes restaurateurs d'Europe ne devrait pas manquer d'augmenter
leur notoriété. Autre idée : la création d'une carte de fidélité personnalisée. Le
projet est actuellement à l'étude pour en déterminer les modalités. Elle devrait être
lancée avant la fin de l'année.
La défense et la promotion des jeunes gastronomies française et européenne, l'échange
d'idées et de savoir-faire, l'élaboration d'une cuisine légère et moderne issue de la
tradition et résolument tournée vers le futur font partie des objectifs qui rassemblent
les Jeunes restaurateurs : "Nous avons hérité de nos pairs d'une image positive
et nous devons la pérenniser pour ceux qui nous succéderont demain. Nous sommes un
relais", confie Jean-Jacques Daumy.
N. Lemoine
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Les JRE, c'est une association, pas un syndicat, mais lorsqu'ils se retrouvent, comme lors de ce congrès de printemps, les questions d'actualité surgissent et témoignent de leurs préoccupations. "Nous sommes soucieux et attentifs aux lois, tient à préciser Jean-Jacques Daumy. Par exemple, les JRE ne sont pas forcément contre les 39 h, mais il faut nous donner les moyens de pérenniser notre entreprise. Nous sommes favorables à une baisse de TVA sur le solide. En tout cas, si rien n'est fait au niveau des aides, beaucoup d'entreprises vont y laisser des plumes." |
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L'HÔTELLERIE n° 2663 Hebdo 27 Avril 2000