AG du Syndicat de l'hôtellerie de la Drôme
Syndicaliste depuis 1972 et président depuis six ans, Jean Brouchard avait annoncé qu'il passerait la main. Et c'est Claude Allier, hôtelier-restaurateur à Crest, qui lui a succédé en précisant qu'il entendait poursuivre le travail de son prédécesseur. Sur la revitalisation de l'arrière-pays en particulier.
Pour justifier un passage de
témoin clairement annoncé, Jean Brouchard a simplement déclaré : "Il fallait
du sang neuf et j'avais besoin de souffler. Il faut laisser la place aux jeunes : les
vieilles barbes doivent se retirer." Cependant, il ne restera pas inactif,
entrera au Conseil des sages (*) et se réjouit que Claude Allier lui ait succédé, en
douceur.
"J'entends bien continuer son travail et celui de ses prédécesseurs, avec en
particulier un dossier brûlant sur la revitalisation de l'arrière-pays. Je ne souhaite
pas que les hôteliers soient les épiciers des années 70 et j'entends qu'ils ne
disparaissent pas. S'il n'y a pas une remise au goût du jour en fonction des besoins des
consommateurs d'aujourd'hui, ceux-ci vont rester en périphérie... Or il faut penser aux
centres-villes et aux arrière-pays où le frêle maintien de l'économie en hôtellerie
est souvent compensé par la restauration. Nous devons nous pencher sur la question car
dans leur majorité les structures sont grandement viables", dit Claude Allier.
Pour appuyer ses dires, il évoque l'état des lieux dressé en son temps ( D'avril à
juin 1999, 143 établissements ont été sondés à travers leurs différentes
spécificités) avec la CCI sur la possibilité de montages financiers et l'obtention
d'aides et de subventions. "Il ressort de l'étude que les aides du Département,
de la Région et de l'Europe ne doivent plus être de simples subventions, mais aider au
marketing et à la communication", intervient Jean Brouchard.
"Si nous voulons une dynamique de l'ensemble des établissements, il est
primordial de créer une entité pour permettre leur commercialisation. La plus belle
fille du monde ne se mariera jamais si elle est séquestrée dans sa maison",
ajoute Claude Allier avec un sens évident de la formule.
Si l'idée majeure est donc de sauver le pan d'économie de l'arrière-pays, plusieurs
autres problèmes ont été abordés par Claude Allier et les autres participants.
- La RTT : "Comment y arriver pour les petites unités ? Il faut inclure des
quarts de poste et inclure une demi-journée supplémentaire. J'ai cependant quelques
inquiétudes car, avec des clients nordiques habitués à dîner dès 19 heures et
d'autres venus du Sud qui se présentent à 23 heures, ce qui n'est pas rare dans nos
secteurs touristiques, il va falloir faire du yoyo-horaire", explique Claude
Allier.
- La concurrence déloyale : "Le danger est la multiplication, en villes moyennes,
des résidences d'étudiants qui ont une fâcheuse tendance à se muer en hôtellerie
étudiante ou traditionnelle. La surcapacité ainsi créée mettra forcément en péril
l'hôtellerie et la restauration", a ajouté le président, avant de préciser
qu'il entendait continuer à tenir les réunions sectorielles mises en place depuis deux
ans. "Il faut donner des informations et rester à l'écoute de nos adhérents de
base. Nous avons un rôle d'émetteur-récepteur à jouer."
Au sujet de la restauration, Guy Lambert, président de la branche saisonnière,
remarquait simplement qu'il était important de se mobiliser pour obtenir la baisse des
charges des entreprises. "Un chômeur coûte 170 000 francs par an à la
collectivité. Si on accordait aux entreprises 500 francs par jour de remise de charges,
cela ne coûterait pas plus cher à l'Etat... mais il y aurait un chômeur en moins. Le
moindre signe vers la baisse des charges ferait exploser le marché de l'emploi. Il y aura
obligation alors de former davantage que nous ne le faisions. En Rhône-Alpes, nous
offrons 5 000 emplois tous les ans, en tenant compte du 2 % d'une croissance qui va passer
à 5 %. S'il n'y a pas d'allégement, les entreprises ne répondront pas et nous allons
continuer à travailler avec un personnel en flux tendu."
J.-F. Mesplède
(*) (Composé d'André Valette de Nyons, Roger Latry de Montélimar et Jean Brouchard de Saint-Vallier, tous anciens présidents de la Drôme.)
Ancien président, Jean Brouchard est entouré par Claude Allier et Guy Lambert.
Le nouveau bureauPrésident : Claude Allier, à Crest (également président des hôteliers). Vice-présidents et présidents de branches : Hervé Margarit (restaurateurs), à Valence ; Xavier Coustenoble (GNC), à Saulce ; Jacques Faravellon (cafetiers), à Saint-Jean-en-Royans. Secrétaire général : Guy Lambert (également président des saisonniers), à Tain l'Hermitage, assisté de Jacques Faravellon. Trésorier :Hervé Hervo à Bourg-les-Valence assisté d'Hervé Margarit. |
Portrait d'un présidentIl est bavard, il le sait et ne s'offusque nullement que ses amis le surnomme
"pipelette". A 47 ans, Claude Allier, marié et père de famille, est donc le
nouveau président du Syndicat départemental des hôteliers, restaurateurs et débitants
de boissons de la Drôme. Montagnard dans l'âme, il trace volontiers un parallèle entre
sa passion et son métier. "Nous ne sommes pas davantage maîtres du travail que
de la montagne. Si l'on veut aller au bout, il faut aller lentement. Du premier de cordée
au dernier, nous sommes tous liés par la même corde." |
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L'HÔTELLERIE n° 2663 Hebdo 27 Avril 2000