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Villa Fort Louis à La Rochelle

Une maîtrise en hôtellerie internationale

La maîtrise hôtellerie internationale (bac + 4), est de son point de vue le passeport le plus valide pour les professions de l'hébergement, et un vecteur de promotion sociale. La pénurie de personnel renforce encore l'argumentaire de cette formation.

Matthieu Paquerot, directeur de l'IUP de La Rochelle, explique : "Il y a pour les jeunes des opportunités de carrière fulgurantes, plus rapides de toute façon que pour ceux qui restent en Europe. Le BTS était le diplôme majeur dans la profession. Petit à petit, il s'est dilué dans les fonctions hôtelières. Aujourd'hui, ce profil est celui des chefs de service, point. C'est insuffisant pour aller plus haut. Qu'est-ce qui s'est passé ? Les entreprises ont recruté à l'extérieur du milieu." Inéluctable ? Non, il y avait peut-être un recours : ne pouvait-on pas envisager de faire émerger les plus dynamiques parmi les jeunes rompus au métier et les doper avec un bon bagage d'études supérieures pratiques ?
Le pari a été relevé à La Rochelle, il y a 18 mois, à l'Institut universitaire professionnel (IUP) commerce et vente basé dans la belle Villa Fort Louis. C'est sur cette école, spécialisée en marketing et gestion et visant surtout la grande distribution et la banque, qu'a été créée la maîtrise des sciences et techniques (MST) hôtellerie internationale. Le concept est défini tout à fait clairement : "C'est une école de formations supérieures appliquées à l'hôtellerie."

Management des palaces internationaux
Dans les prochaines semaines, la première promotion, destinée au management des plus prestigieux établissements hôteliers, partira à la conquête du monde. Le groupe Four Seasons a embauché un couple dont le parcours professionnel commencera par la responsabilité des réservations et le back office dans un établissement en Irlande. De fonctions en promotions et au fil des mutations internationales, le parcours doit logiquement conduire "à la direction d'établissement, c'est le but du jeu". "Il peut s'agir de palaces, d'établissements de 200 à 600 chambres." Parmi ces jeunes, certains doivent se pincer pour y croire : adolescents, ils n'auraient jamais imaginé une telle émancipation sociale à partir du lycée professionnel : "J'accueille en maîtrise des jeunes qui ont commencé à travailler avec un BEP. J'en suis très fier."

Portail d'accès par les langues
Ce n'est pas d'exception dont il s'agit, mais bien d'une sélection. Pour entrer à l'IUP, il faut au moins présenter un BTS, exprimer sa motivation au cours d'un entretien en anglais et se défendre aussi en allemand ou en espagnol. De toute façon, deux ans plus tard, il faudra rédiger en anglais son mémoire de fin d'études. Il est bienvenu aussi de justifier déjà d'une expérience à l'étranger : "On veut plutôt des baroudeurs. Les groupes hôteliers veulent recruter des jeunes qui possèdent une expérience internationale car cela a déjà formé l'individu. Le lycée hôtelier de La Rochelle qui envoie 80 % de ses étudiants à l'étranger - ce qui est exceptionnel - est une bonne base pour nous. Cela dit, notre recrutement se fait à l'échelle nationale."
Un autre accès est également ouvert : "On cherche du côté des langues étrangères appliquées (LEA) - niveau DEUG ou licence - de préférence des langues comme l'arabe, le chinois, etc." Parmi les 20 candidats retenus en première année à la rentrée 1999 (sur 75 candidats), il y en a trois dans cette catégorie. Pas de mystère, les langues citées disent tout de suite où l'hôtellerie internationale a besoin de cadres. Pour ces étudiants hors sérail, le début de la formation passe par une immersion professionnelle dans un Relais et Châteaux, ce qui leur permet d'appréhender toutes les fonctions hôtelières.

Transformer des exécutants en décideurs
Les autres, qui n'ont plus grand-chose à apprendre à ce niveau, n'en seront pas quittes avant une épreuve initiatique remuante. De septembre à décembre, ces jeunes rompus à des tâches d'exécution sont immergés dans des jeux de rôles qui les obligent à prendre des décisions et à assumer des responsabilités personnelles qui ne sont pas contradictoires avec l'esprit de solidarité de groupe. C'est du "débourrage", dit de façon cavalière et expressive Patrick Gasnier, professeur associé. "On les déstabilise au départ pour leur faire appréhender un milieu qu'ils ne connaissent pas", précise sur un ton plus conventionnel Matthieu Paquerot. De simple matelot à capitaine, il s'agit d'en faire de véritables patrons d'équipage.
Pour tous, le programme est chargé : 800 heures de cours par an, une moyenne de 30 à 40 heures par semaine, six mois de stage en entreprise, dont au moins une période conséquente à l'étranger. En deux ans, les élèves n'ont que quelques jours de répit. Les disciplines majeures sont la finance, les statistiques, la communication, le droit des affaires, le droit international, le droit social et une grosse dose de management. "Il y a beaucoup de travail en ressources humaines", et beaucoup de marketing opérationnel. Le réflexe d'application immédiate provoque des tourbillons : "On remet en cause le programme tous les ans. Par exemple, on a une demande en commerce électronique, parce que l'Internet c'est peu onéreux et pratique. Alors on crée un module d'enseignement. C'est à la demande des étudiants et aussi de Four Seasons et d'Accor, nos partenaires. Le cadre de l'IUP nous permet une souplesse d'adaptation des programmes." On rapporte que la fidélisation de la clientèle est une stratégie majeure ? Soit, on met les moyens matériels et pédagogiques pour répondre à cette demande. Les étudiants feront des mémoires sur le sujet, des conférenciers viendront exposer leurs actions sur ce thème. Il n'est pas rare que les sujets du cycle des conférences, chaque vendredi après-midi, soient fixés à la demande des étudiants. Leur attention est donc maximale.

Accor et Four Seasons, partenaires actifs
Il n'y a pas de risques que l'école soit déconnectée des besoins et des demandes. L'équipe pédagogique reçoit un double flux d'informations : celui des élèves placés en stage en entreprise et celui des cadres de ces entreprises qui viennent ici régulièrement donner des conférences. "Didier Le Calvez et l'équipe du George V viennent souvent ici, parce qu'ils recrutent beaucoup. Ils viennent pour le potentiel des compétences qu'ils peuvent trouver et aussi pour faire connaître leur groupe." Gilles Honneger, directeur général chargé du recrutement et de la formation chez Accor, est également un familier de la Villa Fort Louis. Les temps ont changé : "Les entreprises sont à la recherche de ressources et il y a trois ou quatre ans on n'aurait pas pu les faire venir. Elles recherchent des jeunes qui veulent bien aller travailler à l'étranger. Qui est prêt à faire quatre ou cinq ans de carrière au Viêt-nam ?"
Les partenariats sont fructueux, et de très haute volée : les groupes concernés mettent à disposition des étudiants de la documentation et de l'information très élaborées, et les élèves accèdent à leur environnement professionnel. Ces étudiants-là ne vont pas en stage pour remplacer le personnel manquant. Au contraire, ils sont évalués sur leurs compétences à devenir des cadres de l'entreprise. Ils ont parfois déjà été détectés en amont : "J'ai des étudiants de première année arrivant avec leur perspective de recrutement." On est au-delà de la formation en alternance : "Les groupes s'intéressent aux jeunes dès le BTS, surtout s'ils ont 2 ou 3 expériences à l'étranger et une expérience du groupe. C'est dans la logique de la situation actuelle de pénurie de personnel dans l'hôtellerie. Il est difficile de trouver le candidat, plus encore de trouver le mouton à cinq pattes. Les élèves sont profilés." Parmi ses partenaires d'accueil des stagiaires, l'IUP compte aussi le groupe Ritz-Carlton, les hôtels Concorde, Westin Stamford et Westin Plaza Singapour.

Tourbillon international de la formation
Exigeante sur la capacité à s'expatrier et sur le parcours international de ses élèves, l'école tisse elle-même un réseau avec d'autres prestigieuses écoles internationales. "Nous négocions un partenariat avec l'université de New York, l'idée étant d'échanger des étudiants à partir de l'an prochain." La réputation de l'université américaine est notoire en matière de formation de consultants, et dans le domaine financier. Cinq étudiants rochelais devraient intégrer ses cours durant trois à quatre mois, dans le cadre de la seconde année de formation. Des contacts sont également engagés avec l'université de Toronto et le Stamford College de Kuala Lumpur en Malaisie. "Notre idée est d'arriver à avoir la moitié de notre effectif d'étudiants en formation à l'étranger en seconde partie de deuxième année. Nous sommes intéressés par le brassage international dans la formation même, pour l'habitude du travail avec des étrangers. Les Américains aussi."
H. Front


Exigeante sur la capacité à s'expatrier et sur le parcours international de ses élèves, l'école tisse elle-même un réseau avec d'autres prestigieuses écoles internationales.


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L'HÔTELLERIE n° 2662 Hebdo 20 Avril 2000


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