Finale du 1er MOF section sommellerie
Arnaud Chambost, Eric Duret, Franck Thomas, Christian Pechoutre : leurs noms sont désormais inscrits en lettres d'or dans l'histoire de la sommellerie. Ces quatre mousquetaires ont en effet remporté, la semaine dernière, au lycée hôtelier d'Illkirch, le titre suprême du Meilleur ouvrier de France.
Par Sylvie Soubes
Si l'émotion est toujours au rendez-vous, lors du concours des Meilleurs ouvriers de France, la finale qui s'est déroulée le 4 mai dernier, dans le cadre du lycée Alexandre Dumas d'Illkirch-Graffenstaden, était empreinte d'une fébrilité encore plus grande. C'était en effet la première fois que la sommellerie participait au concours. Sur les 35 sommeliers inscrits pour cette édition historique, 12 allaient passer le cap des demi-finales. Y aurait-il ensuite un ou plusieurs Meilleurs ouvriers de France dans la section sommellerie ? Tout le monde s'était accordé à dire que l'étape précédente, qui s'est déroulée en deux temps à Paris, d'abord à la Sorbonne, ensuite au lycée hôtelier Ferrandi, avait été de haut niveau. Quant à la finale, celle-ci s'annonçait d'autant plus éprouvante que personne, en dehors du jury, ne savait exactement ce qui allait se passer.
La journée démarra à 9 heures et déclina trois types d'épreuves au plus proche du terrain : écrite d'abord avec correction de cartes de vins et commentaires de dégustation. Orale ensuite avec gestion/commande, harmonie mets/vins et argumen-tation/dégustation. Puis pratique, avec une épreuve de service. Deux exemples : en quelques courtes minutes, les participants, confrontés à Emile Jung, devaient goûter un nouveau plat confectionné par le chef du restaurant Au Crocodile et décider avec lui des vins qui pourraient être servis en accompagnement. Aisé dans l'absolu quand on a l'habitude de travailler avec une personne. Extrêmement difficile quand, à la pression du moment, se mêlent la personnalité d'un 3 étoiles Michelin et l'intimidation qui en découle. A l'heure du déjeuner, pas de répit pour les finalistes qui allaient se retrouver plongés en situation réelle. Dans la grande salle du lycée, des tables de quatre convives étaient dressées. Les sommeliers, aidés chacun d'un commis, allaient veiller au bon déroulement d'un repas dont la trame était tracée par un juré assis parmi les convives. D'autres jurés avaient la charge de suivre, debout, les mouvements et le travail du sommelier. Il était un peu plus de 17 heures quand Philippe Faure-Brac annonça les résultats officiels. Quatre sommeliers entraient alors dans la légende.
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Un jury de grands professionnelsPrésident Comité technique Membres |
Les gagnantsArnaud Chambost Eric Duret Christian Pechoutre Franck Thomas (*Voir notre édition du 20 janvier 2000) |
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Sur le vif...Anthony Ravat, 26 ans, Meilleur jeune sommelier de France, trophée Ruinart 1999. Actuellement chef sommelier au Hameau Albert 1er, à Chamonix. "Je ne pensais pas concourir, mais mon ancien employeur m'avait inscrit. J'ai reçu la convocation en janvier dernier et j'ai décidé de tenter ce concours. C'est difficile parce qu'il faut se replonger dans beaucoup de choses. Je ne sais pas si je vais obtenir le titre mais je crois que c'est déjà pas mal d'être là." Franck Riclot, 30 ans, actuellement en poste à l'hôtel Inter-Continental de Beyrouth. "Participer au MOF était un challenge personnel. Je suis cuisinier à la base et j'ai appris le vin par moi-même, en faisant des concours. Il y avait du beau monde en demi-finale et je me dis que d'avoir participé à la finale est important pour la reconnaissance professionnelle." Frédéric Devautour, 33 ans, professeur en mention complémentaire sommellerie au lycée hôtelier Saint-Joseph l'Amandier (Charente). "Je voulais savoir où j'en étais, je voulais me situer par rapport aux professionnels qui travaillent en restauration. Les concours permettent de se remettre en question, de se confronter. Je suis content d'être là aujourd'hui. C'est déjà une victoire." Christophe Tassan, 38 ans, restaurant Chez Tassan, à Avignon. "Il y a tellement de stress au cours des épreuves qu'on agit par réflexe. On n'a pas le temps de réfléchir. L'harmonie mets-vins avec Monsieur Emile Jung a été pour moi un grand moment. Cet homme est d'une générosité fabuleuse." Laurent Piro, 36 ans, actuellement chef sommelier au restaurant Les prémices, à Bourron-Marlotte. "Le MOF, c'est le titre suprême dans un métier, le plus haut niveau. Pendant longtemps, le sommelier était enfermé dans sa cave. Ce n'est plus le cas. Aujourd'hui, nous faisons partager un moment de bonheur autour d'une table. Pour moi, faire le MOF est un rêve d'enfant. Ce sont nos tripes qu'on y met. Vous savez, toute la brigade des Prémices a donné des heures sur leur temps pour m'aider à le préparer. Si je suis en finale, c'est aussi grâce à eux." Dominique Laporte, 27 ans, Meilleur jeune sommelier de France, trophée Ruinart 1997, actuellement responsable aux Caves Gambetta, à Montpellier. "Le MOF ? C'est la reconnaissance suprême. Le seul concours aussi à être reconnu par l'Etat. Il n'est pas question de bachotage. Ce sont les qualités relationnelles, le comportement et la capacité de réaction à une situation donnée qui sont essentiels ici." Philippe Cronenberger, 46 ans, chef sommelier au restaurant La Belle Otero, hôtel Carlton, Cannes. "C'est un concours prestigieux qui nous permet de maîtriser le travail de sommelier à sa meilleure expression. Il est en outre formateur car il nous fait faire le point sur nos propres connaissances et nos capacités professionnelles. Ce qui est le plus difficile, c'est le minutage. Quand on recherche la perfection, en général, on ne regarde pas sa montre..." Jean-François Jagot, 45 ans, professeur à l'école hôtelière de la chambre de commerce et d'industrie d'Avignon. "Deux motivations m'ont amené ici : c'est la reconnaissance par mes pairs et ensuite la remise en question. Quand on fait de la formation, il faut pouvoir prouver à nos élèves qu'on a de la moelle. Je trouve que les épreuves étaient très professionnelles et que c'est un concours très exigeant." |
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L'HÔTELLERIE n° 2665 Hebdo 11 Mai 2000