Nice
Le 25 avril dernier à Nice, la grève des postiers a pris fin. Questions-réponses et conséquences d'un conflit qui a particulièrement pénalisé l'hôtellerie niçoise, principale ressource économique pour une ville entièrement tournée vers le tourisme.
Les six semaines de paralysie
totale de la distribution du courrier dans le centre de Nice laisseront un goût amer dans
la bouche des hôteliers niçois. Alors que les mois de mars et avril s'annonçaient
exceptionnels au niveau de la fréquentation avec notamment le championnat du monde de
patinage artistique, la grève des postiers du centre de Nice est venue brusquement
enrayer cette belle conjoncture. Un conflit qui s'est éternisé, battant un record de
longévité et qui a été mal perçu par toutes les entreprises niçoises, d'autant plus
qu'il avait pour principale raison l'application des 35 heures. Ayant compris les lourdes
répercussions d'un tel conflit sur l'économie niçoise, la chambre de commerce et
d'industrie des Alpes-Maritimes a très rapidement pris la décision, en accord avec la
direction de la Poste, de trier les lettres des entreprises et de les tenir à leur
disposition dans une salle aménagée à cet effet dans les locaux mêmes de l'assemblée
consulaire. Extraordinaire image d'une France fière de ses prouesses en matière
technologique et celle des longues files d'hôteliers et chefs d'entreprise attendant
sagement que quelques lettres leur soient distribuées au goutte-à-goutte.
En attendant, les hôteliers ont dû subir et tenter de s'organiser. Michel Tschann,
responsable de la communication et des transports au Syndicat des hôteliers de Nice-Côte
d'Azur, après avoir reçu de très nombreux appels d'hôteliers, a pu ainsi analyser les
conséquences d'une telle grève.
Des facteurs de mécontentement
En termes de réservations, une réelle désorganisation a été constatée mais pas de
pertes conséquentes en ce qui concerne les nuitées pour l'hôtellerie niçoise. En fait,
cela a été plus un problème d'image qu'un problème financier : en effet, certains
clients ont dû être étonnés de ne pas recevoir de réponse à une demande de
réservation effectuée par courrier. Au pire, ils ont changé d'hôtel mais pas de
destination ou utilisé d'autres moyens comme le fax.
Désorganisation aussi pour ceux qui avaient réservé par courrier et qui se sont quand
même présentés à l'hôtel... Des situations qui ont pu trouver des solutions au coup
par coup malgré une fréquentation soutenue. Il est vrai aussi que le fax et aujourd'hui
Internet ont permis d'éviter le pire, notamment les derniers jours pour la clientèle
française et parfois européenne qui commençait à être informée du conflit de la
poste niçoise. Les conséquences les plus néfastes ont concerné les chèques. Les
règlements, arrhes, acomptes, etc. adressés par courrier ont été bloqués pendant six
semaines et, au dire de certains hôteliers, avec un sourire désabusé au bout des
lèvres, les quelques lettres qui arrivaient par le biais de la chambre de commerce et
d'industrie contenaient presque toujours des factures, mais jamais de règlements ! Les
hôteliers ont donc dû réagir au quotidien avec des situations dans lesquelles le client
se présente bien, mais le chèque émit par sa société n'est pas arrivé. A gérer donc
au cas par cas... et des dépenses téléphoniques supplémentaires pour les hôteliers.
Par contre, les derniers jours de grève ont causé aux hôteliers des soucis de
trésorerie bien compréhensibles qui ont conduit le président du Syndicat des hôteliers
de Nice-Côte d'Azur, Jean-Paul Cordero, à demander à l'Ursaff, par l'intermédiaire de
l'Union patronale, des mesures dérogatoires individuelles pour le plus grand soulagement
d'une trentaine d'hôteliers.
Où sont passées les lettres ?
Il était quand même temps que le conflit se termine. Restent aujourd'hui trois questions
essentielles, mais qui resteront cependant sans véritable réponse :
Pouvait-on éviter un tel conflit ?
Est-il raisonnable que quelques dizaines de grévistes mettent en danger l'économie d'une
ville ?
Que faire pour que cela ne se reproduise pas ?
Une chose est certaine, cette grève a en majorité été mal perçue par les Niçois et
notamment les chefs d'entreprise. Certains ont même souhaité que la Poste prenne le
virage de la privatisation et ce ne sont pas les excuses présentées par la direction de
la Poste des Alpes-Maritimes en pleine page du quotidien local qui feront taire les
rancurs.
C. Roussel
Une chose est certaine, cette grève a en majorité été mal perçue par les
Niçois et notamment les chefs d'entreprise.
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L'HÔTELLERIE n° 2666 Hebdo 18 Mai 2000