Hôtellerie de montagne
Les professionnels de l'hôtellerie de montagne se prononcent déjà sur la saison qui, selon eux, a été bonne."Il semble que l'hôtellerie ait tiré son épingle du jeu grâce à une meilleure diversification de la clientèle et la souplesse des formules proposées", annonce la FAGIHT.
Heureuse surprise, car le
début de saison s'est montré catastrophique avec une baisse de 20 % du chiffre
d'affaires des sociétés de remontées mécaniques, selon le SNTF (Syndicat national des
téléphériques de France). C'est le mois de mars, avec une hausse de 11,7 %, qui
permettra d'afficher des résultats positifs pour cette année. Ceci laisse présager des
chiffres équivalents ou légèrement en hausse (de l'ordre de 3 %) par rapport à l'an
dernier.
Cette moyenne, si elle a le mérite d'exister, ne traduit pas les particularités qui ont
caractérisé la fréquentation hivernale.
Les vacances de décembre ont été particulièrement désastreuses : on peut évoquer le
bogue de l'an 2000, les prix surévalués qui ont fait fuir les clients et les effets de
la tempête. Cependant, quelques tendances s'affirment de plus en plus.
Succès des petites stations
Les stations moyennes, de type village, affichent des résultats plus satisfaisants que
ceux des grandes stations d'altitude. Ceci n'est pourtant pas la règle universelle.
Ainsi, Courchevel et Val-Thorens se différencient par d'excellents résultats. François
Prudent, directeur du Fitz Roy, un 4 étoiles de Val-Thorens, affiche un bon optimisme : "Nous
sentons nettement les effets de la reprise en Europe, nous refusons de suivre nos
confrères qui morcellent les semaines, selon une demande très française."
François Prudent résume l'attitude des hôteliers-restaurateurs de la station. Patrick
Combre, restaurateur au Plein Sud, confirme ce parti pris : "Notre clientèle est
à plus de 80 % étrangère, aussi nous ne souffrons ni des accès routiers difficiles, ni
de l'offre vers des destinations ensoleillées, ni des vacances morcelées. Car, en effet,
ce sont ces paramètres qui pénalisent les grandes stations." La vallée de la
Tarentaise souffre du nud routier de Moutiers, et le massif de l'Oisans des nombreux
bouchons qui émaillent le week-end et les périodes de vacances. Ces accès routiers
difficiles découragent les skieurs, à la journée ou de courts séjours, qui se
rabattent vers des stations moins élevées dont l'accès routier est plus facile. Un bon
exemple : les stations de Maurienne, desservies par l'autoroute, ont vu leur
fréquentation augmenter de 5 %. Cette année, par exemple, la station de Valloire a connu
un remplissage de 85 % contre 83 % l'an dernier. Par contre, Val-d'Isère et Tignes
devraient finir l'année en négatif. Ces deux stations de Haute-Tarentaise n'ont pu
combler leur retard de début de saison, et bien que restant ouvertes jusqu'au 8 mai,
elles achèveront la saison avec une baisse de 2 à 3 % du chiffre d'affaires des
remontées mécaniques. Sur le plan hôtelier, Philippe Bonnevie, propriétaire des Lauzes
à Val-d'Isère, un restaurant 2 étoiles rénové et très bien situé, a su répondre à
la nouvelle donne du marché. "La clientèle française a une demande constante en
court séjour. Beaucoup de clients viennent pratiquement un week-end sur deux, mais jamais
une semaine complète. Seule une clientèle familiale utilise les séjours à la semaine
et va plutôt dans des stations moins chères et mieux adaptées aux enfants. Si je
n'acceptais pas les courts séjours, mon taux de remplissage chuterait sur les mois
d'avril et les quelques semaines précédant Noël." Mais cet
hôtelier-restaurateur a su s'adapter, rénover son outil de travail, car, dit-il, "le
client demande plus de confort et n'accepte plus n'importe quoi". Philippe
Bonnevie, fort de cette politique, réalise une très bonne saison. A Tignes, les
cars de touristes étrangers continuent d'affluer, mais les skieurs "courts
séjours" ne viennent plus. Les hôteliers fondent beaucoup d'espoir dans le nouveau
plan routier qui devrait réduire le handicap de l'accès. Autre fait marquant, alors que
les grandes stations d'altitude peinent à rattraper la perte des vacances de Noël, les
stations moyennes de type village connaissent une forte croissance. Pour le massif du
Mont-Blanc, Mégève va enregistrer une hausse de fréquentation de plus de 10 %. Cette
progression est due à une bonne politique de communication ciblée notamment sur la
famille, comme l'opération Petits princes qui offre à Pâques la gratuité des
prestations sportives aux enfants.
Une nouvelle clientèle
Au chalet Saint-Georges, un 4 étoiles, on est ravi de cette saison où les touristes
étrangers haut de gamme sont venus nombreux. Même sentiment au restaurant de la Côte
2000 pour Olivier Durand, où les résultats sont excellents. "La clientèle
italienne n'a pas été détournée par la fermeture du tunnel du Mont-Blanc."
Ils passent une semaine au lieu de quelques jours, mais sont restés fidèles à la
station. Les Américains, les Anglais, les Espagnols, et les Belges constituent une
nouvelle clientèle. A Chamonix, les résultats sont également à la hausse. La famille
Morand, propriétaire de quatre établissements sur la ville, du 3 au 4 étoiles, annonce
une progression de son chiffre d'affaires de... 38 % en mars pour son établissement 4
étoiles ! Là aussi, la clientèle américaine et européenne est venue nombreuse. La
politique de promotion d'entreprise par Tourisme et Montagne, les salons à l'étranger,
et la commercialisation par Internet ne sont pas étrangers à ce succès.
Pour tous les professionnels qui ont su s'adapter à la consommation, la saison 1999-2000
est visiblement un bon cru. Tel est le constat que livrent les premiers résultats. Nul
doute qu'à partir des tendances observées cette année, les professionnels vont, comme
certains l'ont déjà annoncé, étudier de nouvelles stratégies commerciales pour
l'avenir.
F. Tari
Pour tous les professionnels qui ont su s'adapter à la consommation, la saison
1999-2000 est visiblement un bon cru.
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L'HÔTELLERIE n° 2666 Hebdo 18 Mai 2000