Editorial
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Les salariés qui travaillent
en restauration ont choisi d'y travailler et ils aiment leur métier. Ouf ! On
commençait, devant la pénurie persistante de main-d'uvre, à croire que tout
était fichu, nous voilà rassurés à la lecture de l'étude qu'ont réalisée les
élèves de l'école de Savignac pour le forum du Leaders club. Il serait pourtant
dangereux de se contenter de ces quelques éléments pour se rassurer. Si la pénurie
d'emploi existe, elle a ses fondements et ce sondage permet aisément de détecter les
maux dont souffre aujourd'hui le secteur. Ne nous arrêtons pas trop longtemps sur le fait
que les salariés qui travaillent dans la restauration aiment le contact avec le client
(c'est heureux !), qu'ils sont fiers de leur métier qu'ils déclarent aimer pour 91 %
d'entre eux, et qu'ils sont nombreux (54 %) à prendre un réel plaisir à aller
travailler chaque jour dans l'entreprise dans laquelle ils exercent leurs fonctions. Parce
qu'au-delà de ces satisfactions, ce métier qu'ils aiment tant, ils sont aujourd'hui de
plus en plus nombreux à le quitter. Alors pourquoi fuient-ils ?
Ils le disent : parce que ce métier est difficile, trop difficile par rapport aux autres
métiers qui, ces vingt dernières années, ont évolué en apportant une meilleure
qualité de vie aux salariés. Pour 67 % des personnes interrogées, leur métier est
incompatible avec une vie de famille... Constat d'autant plus dur que motivés,
déterminés à travailler dans ce secteur, ces salariés ont, jeunes, suivi des études,
obtenu des diplômes, ils se sont investis et ils constatent qu'une fois intégrés dans
l'établissement, les chefs d'entreprise ne s'intéressent pas à l'évolution de leur
secteur, à l'évolution de leur métier en créant des équipes dynamisées par une
remise en cause régulière. Près de trois salariés sur quatre n'ont jamais, au cours de
leur carrière, bénéficié de formation continue ! Comment préparer l'avenir dans de
telles conditions ? Comment rester performant et compétitif ? Comment comprendre que les
chefs d'entreprise ne soient pas plus investis dans le devenir de leurs équipes, dans
"l'entretien" de leur personnel ? L'avenir de ce secteur repose aujourd'hui plus
que jamais sur la capacité des employeurs à savoir attirer et fidéliser les jeunes.
Ceux qui ne l'ont pas encore compris ont déjà pris beaucoup de retard. Demain, leurs
performances seront directement proportionnelles à la qualité de vie que connaîtront
leurs salariés dans leur entreprise.
PAF
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L'HÔTELLERIE n° 2668 Hebdo 01 Juin 2000