Futuroscope
Les hôtels du site ont permis à des investisseurs de jouer la carte de la défiscalisation. Mais la rentabilité est loin d'être assurée, et les services fiscaux freinent manifestement des quatre fers.
L'euphorie manifestée dans
le milieu des années 90, en matière d'investissements hôteliers sur le Futuroscope, ne
serait plus de mise, malgré la reprise du parc par le groupe Amaury. En ce temps-là, la
montée en puissance du nombre de visiteurs laissait espérer de juteux bénéfices et
d'importants dividendes à ceux qui osaient mettre leurs économies dans la pierre
hôtelière. Plusieurs dizaines de gros épargnants ou de financiers malins ont ainsi
tenté l'aventure, à coup de dizaines de millions de francs pour certains, séduits par
une défiscalisation intéressante.
Malheureusement, la chute de fréquentation des deux dernières années et la stagnation
du nombre de visiteurs, "bloquée" en dessous des trois millions par an, n'ont
pas permis aux intéressés de concrétiser leurs projets d'enrichissement. Pire, les
impacts fiscaux n'auraient pas été correctement gérés par leurs comptables, et la DGI
serait en train de se pencher avec convoitise sur le problème. Ce qui ferait fuir vers
d'autres cieux monétaires quelques importants investisseurs, au point que l'hôtellerie
du parc serait en recherche de capitaux.
Pour Christian Fort, président du groupe Hotel Development qui recouvre plusieurs
établissements importants, dont Novotel ou Mercure, la logique d'expansion est en panne.
"Nous avons une soixantaine d'investisseurs dans notre groupe, déclarait-il
récemment, et beaucoup vont rester sur Novotel, se conduisant en véritables
partenaires. D'autres qui ont joué sur la défiscalisation font un autre choix, ce qui
fait que nous recherchons des financements."
Le temps des incertitudes
Le "parc de l'image" aura attiré dès son expansion des épargnants malins.
Comme ceux qui achetaient une chambre dans un hôtel pour un prix moyen de 250 F, venus de
la région et de la France entière. On estime que 150 investisseurs sont impliqués par
établissement dans les grands hôtels comme le Mercure, ou le Météor-Park Plaza.
Certains, notamment dans ce dernier qui est le seul 4 étoiles du Futuroscope, ont
dépensé jusqu'à 500 000 F pour être copropriétaires, et se sont construits un
patrimoine rentable, tout en bénéficiant des avantages fiscaux. Car Météor génère
des bénéfices et ceux qui ont placé leur argent dans ses murs ne le regrettent pas.
Par contre, d'autres souhaitent quitter le jeu car, depuis 1996, les fameuses mesures de
défiscalisation n'ont pas profité à tout le monde (les intéressés pouvaient déduire
leurs investissements sur leur revenu global). Une loi a remis les pendules à l'heure en
fonction des dates de permis de construire, et la DGI s'est aussitôt empressée
d'intervenir. De nombreux dossiers ont été ouverts par le fisc, sur des sommes
importantes (on parle de plusieurs dizaines de millions de francs), décidé à
récupérer une partie des avantages.
Le placement hôtelier sur le site restera cependant pour l'avenir un bon investissement,
même si les mesures de défiscalisation disparaissent. Le Park Plaza en est un bon
exemple, mais les épargnants devront à l'avenir se montrer moins gourmands et surtout
moins pressés d'en recevoir les dividendes.
J.-P. Gourvest
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L'HÔTELLERIE n° 2668 Hebdo 01 Juin 2000