Incontestablement, les politiques
savent comme personne opérer à la destruction économique d'un secteur avec la plus
grande légèreté qui soit ! Non contents de ne pas avoir assuré dans de bonnes
conditions la protection de notre littoral en ne mettant pas en place un système
réglementaire et les moyens de son contrôle, après le naufrage de l'Erika, c'est avec
un certain détachement qu'ils ont, sur le plan national, analysé la situation. De beaux
discours, de promesses non tenues, de paroles rassurantes, ils ne furent jamais avares
certes, mais une fois retournés dans leurs ministères respectifs, ils laissaient les
habitants des régions concernées définitivement seuls face à leur destin. Des
structures mises en place pour aider, pour indemniser sont, là encore, de nouveaux sujets
de polémique. Leur existence jusqu'à présent ne fait que servir d'alibi aux politiques
qui savent avec brio les mettre en avant quand les questions se font trop précises, trop
pressantes. Entre confusion, mensonges et inefficacité, les politiques font fort en la
matière et les chefs d'entreprise du secteur du tourisme se trouvent particulièrement
démunis face à l'ampleur des dégâts. Une situation qu'ils assument sur le plan local
comme ils peuvent, avec beaucoup de courage et d'espoir et on ne peut que les en
féliciter. L'initiative de Michelle Demessine, qui avait su fédérer plusieurs
organismes pour qu'une campagne de promotion de ces régions, dont l'image avait
particulièrement souffert des conséquences de la marée noire, était louable et
redonnait quelques espoirs aux professionnels du tourisme qui, s'ils constataient un réel
recul dans leur activité, un retard dans leurs réservations pour cet été, espéraient
encore... Malheureusement, ces efforts auront été vite balayés par l'annonce
irresponsable du ministère de la Santé de la fermeture probable des plages de la côte
Atlantique ! Un effet d'annonce qui aura su faire sensation, se voulant rassurant,
protecteur, par rapport aux consommateurs, il aura eu l'effet inverse, et les aura fait
fuir en les inquiétant ! Alors que seules quelques plages sont encore aujourd'hui
concernées par la pollution, on a ainsi balayé les efforts et les espoirs de milliers de
professionnels du tourisme complètement démunis aujourd'hui face aux conséquences de
cet effet d'annonce ! En n'assumant pas ou en assumant mal leurs responsabilités, les
politiques anéantissent ainsi l'ensemble d'un secteur économique, faisant fi de tous les
drames humains qui en découleront tôt ou tard. Qui paiera ? Qui assumera les charges qui
restent à courir pour ces entreprises qui sont privées d'activité mais que tant
l'administration et les banques n'épargneront pas au moment des échéances ? Certains
gardent espoir dans la décision du tribunal de commerce de Saint-Nazaire qui devrait se
prononcer le 21 juin prochain sur la responsabilité de TotalFinaElf, assigné par 19
communes qui réclament le remboursement des dépenses engagées pour le nettoyage. Mais
qui prendra en charge le manque à gagner de ces entreprises qui ont investi, recruté ?
PAF
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L'HÔTELLERIE n° 2670 Hebdo 15 Juin 2000