Brigitte Leloup ne buvait que de l'eau
Rien ne prédestinait Brigitte Leloup au métier de la restauration, et encore moins à la spécialisation de sommelier apprise sur le tas. Pourtant aujourd'hui, elle est à la tête d'un restaurant et la première femme présidente de l'Association des sommeliers de la Côte d'Azur.
Première année de mandat bouclée pour la nouvelle présidente des sommeliers de la Côte d'Azur, dont les journées relèvent d'une organisation assez exceptionnelle, même si domicile, restaurant et bureau ne font qu'un. C'est aux aurores qu'elle descend s'occuper de ses aquariums et volières, et bien après que Le Gourmet Lorrain ait retrouvé son calme, le soir, Brigitte Leloup termine ses derniers courriers pour l'association. Salons, concours, visites de cépages, projets avec ses homologues femmes de Champagne et du Nord. La présidente vit le tout avec une grande sérénité. Sa recette ? Sûrement cette rigueur toute particulière aux gens originaires de l'Est. A vingt ans, alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre Paris pour des études de journalisme, Brigitte rencontre l'homme de sa vie, Alain Leloup. Après plusieurs années d'exercice dans des palaces de la Côte, et quelques beaux titres obtenus en cuisine et en sommellerie, celui-ci a rejoint l'hôtel-restaurant de ses parents. Deux ans plus tard, son père cède Le Gourmet Lorrain au jeune couple qui ne le quittera plus. "Je ne buvais que de l'eau, mais j'ai eu très envie de remettre de l'ordre dans la cave", explique Brigitte.
La passion comme moteur
Aux côtés de son mari, elle multiplie les visites de caves. "C'est avec lui que
j'ai appris à comparer le goût du foie gras consommé avec un verre d'eau ou un verre de
vin..." "Une élève, ajoute Alain. Elle s'est accrochée comme jamais.
Mieux vaut ne rien connaître au départ et avoir sa passion. Aujourd'hui, elle inspire le
respect." La même année, Brigitte s'inscrit au lycée hôtelier de Nice
pour les cours de sommellerie de Michel Balanche. En 1985, la jeune femme participe à ses
premières émissions nologiques radio, début d'un long parcours pédagogique au
cours duquel on la verra jury au concours Sopexa du Meilleur sommelier de France ou encore
au concours Ruinart, ainsi que dégustatrice à de nombreux concours viticoles... Même si
Brigitte affirme ne pas tenir aux "étoiles" (Le Gourmet Lorrain en a 2 pour une
équipe de sept personnes) et vouloir conserver une certaine liberté, c'est avec beaucoup
de cur qu'elle s'emploie aux 11 chambres et surtout au restaurant. Tandis qu'Alain
s'affaire en cuisine, Madame la présidente se dit "fière de proposer une belle
carte des vins". Dans ce quartier éloigné du centre, le couple accueille une
grande majorité de clients fidèles, cadres de la faculté des sciences et aussi de la
Compagnie des Eaux. "Au début, les hommes ne toléraient pas que je leur prépare
leur cigare avec les alcools, mais je me suis refusée à appeler quelqu'un pour me
remplacer. Non seulement ils s'y sont faits très vite, mais aujourd'hui, si je m'absente,
ils me le reprochent."
Une bourse pour aider les jeunes à passer des concours
Lors des premiers cours d'nologie organisés à l'hôtel Radisson SAS, on n'a pas
manqué non plus de faire remarquer à Brigitte que Le Gourmet Lorrain n'était pas très
connu. "La sommellerie est difficile dans le sens où un grand nombre de clients
se sentent le droit de vous donner des conseils, et même de vous apprendre votre métier,
parce qu'ils connaissent un ou deux détails." Cette année, le chiffre
d'affaires du Gourmet Lorrain (1,50 MF) n'a pas augmenté. Difficile en étant présidente
des sommeliers de se lancer dans une stratégie de croissance. Mais Brigitte Leloup ne
regrette pas son engagement. A la tête de 57 membres (dont trois autres sommelières),
elle organise chaque mois une visite de vignobles à laquelle elle ajoute volontiers une
excursion en 4 x 4 ou en quad, "pour montrer aux jeunes des école hôtelières
que l'on peut associer le travail à une activité parfaitement ludique en totale
harmonie". Son époux la suit sur tous les plans. "Il me remplace au
Gourmet Lorrain, m'accompagne à l'extérieur autant que possible. Nous avons la même
motivation et même nos vacances sont tournées vers la gastronomie, alors tout est plus
facile." Son dernier projet : la création d'une bourse pour aider les jeunes à
passer des concours. "Les bons sommeliers manquent, et je ne supporte pas
d'entendre qu'une place reste vacante dans une enseigne de qualité. Alors, j'agis à mon
niveau avec les moyens qui me sont donnés."
Brigitte Leloup se dit "fière de proposer une belle carte des vins".
Le parcours de Brigitte LeloupNée au Congo, Brigitte Leloup a 45 ans. |
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L'HÔTELLERIE n° 2670 Hebdo 15 Juin 2000