Bière
Décidément insatiable, le brasseur belge Interbrew s'offre Bass Brewers, la branche brassicole du groupe Bass pour 25 milliards de francs, au moyen de fonds propres, annonce la firme de Louvain.
Cette affaire encore
familiale puisqu'elle n'est pas introduite en Bourse a donc les poches profondes et
chargées. Les pubs de Bass ne sont pas compris dans la transaction, ni bien sûr le
pactole hôtelier de la holding de tête Bass Plc. avec ses marques Holiday Inn,
Intercontinental, etc. A un moment, il avait été envisagé qu'Interbrew achète le tout
et revende l'hôtellerie, mais les actionnaires de Bass Plc. semblent décidés à
développer eux-mêmes cette activité, forts du trésor de guerre dont ils disposent. Un
trésor suffisant pour proposer une OPA aux actionnaires d'une entreprise dont le capital
est peu concentré, comme Accor par exemple.
Côté bière, Interbrew devient ainsi le premier brasseur britannique avec 32 % de parts
de marché en comptant sa récente acquisition, Whitbread. Les nouvelles marques acquises
se nomment Bass, Carling, Tennent's, Worthington et Caffrey's. Pour l'emporter sur
Heineken, également candidat, les arguments d'Interbrew ont sans doute convaincu, mais
c'est surtout une culture plus authentiquement internationale, et plus respectueuse des
cultures brassicoles locales "the world's local brewer" dit le nouveau slogan de
l'entreprise, qui l'a remporté. Le directeur général choisi par les familles belges et
canadiennes est un Anglo-Saxon, ce qui n'est pas un hasard.
Se pose alors la question de la concurrence. Bruxelles devra prendre une décision, et
éventuellement contraindre le Belge à céder quelques actifs.
Une concurrence que s'intensifie
Mais il est clair que les nouvelles règles en gestation à la commission sont au
cur de la consolidation accélérée qui s'opère dans la brasserie. Le monde de la
production de la bière et celui des cafés vont se séparer. La concurrence va
s'intensifier. Pour se préparer à ce phénomène, la concentration est l'un des seuls
moyens disponibles. Les grands groupes s'en servent. Avec cette opération, Interbrew en
gros rejoint la taille de Heineken au second rang mondial. Que sera la doctrine de
Bruxelles quant à la concentration verticale incluant non les cafés et pubs, mais les
distributeurs grossistes ? La question mérite pour le moins d'être posée. Elle est
vitale pour les petits brasseurs, si indispensables à la vie des cafés d'aujourd'hui.
Sans eux, il est inutile de parler de satisfaction du consommateur.
A. Simoneau
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L'HÔTELLERIE n° 2671 Hebdo 22 Juin 2000