Vosges
Pour avoir su judicieusement investir et diversifier son offre de service, le plus grand domaine skiable du nord-est de la France attire chaque année plus de touristes. La Bresse et Gérardmer, les deux stations phares vosgiennes, ont tiré le meilleur parti d'une saison tronquée par la tempête.
Vingt et un domaines vosgiens
ont fait valoir leurs atouts durant la saison d'hiver 1999-2000 de ski, placée sous le
signe d'un enneigement généreux malgré les caprices de la météo avec la tempête qui
a touché le pays le 29 décembre. De cet ensemble hétérogène plus ou moins fragile,
les principales stations ont su tirer leur épingle du jeu. Avec 140 jours d'ouverture, La
Bresse, qui trône à un maximum de 1 350 m d'altitude, a atteint un chiffre record lors
de la deuxième quinzaine de février avec un samedi où plus de 12 000 personnes se
pressaient sur les pistes. Une très bonne performance qui a mis un peu de baume au
cur aux hôteliers et restaurateurs dont le commerce a été mis à mal durant le
mois de janvier. La Bresse a ainsi perdu en quelques jours plus de 5 millions de francs.
Le manque à gagner, avec une affluence qui a dérapé de 12 %, a été néanmoins
maîtrisé, notamment grâce au bilan exceptionnel de la saison 1998-1999. A Gérardmer,
on affiche une satisfaction mesurée d'au moins un ton. Sous la barre des 1 000 m, les
avatars se sont fait davantage sentir. La tempête, qui a bloqué totalement la ville sans
électricité durant huit jours, a plombé le bilan des vacances de Noël et tout le mois
de janvier. La plupart des restaurateurs ont perdu leurs marchandises et ont connu de gros
problèmes de trésorerie jusqu'au 15 janvier. Quant aux petites stations, leur situation
n'est pas homogène : elles se sont efforcées, chacune en fonction de son train
d'investissement, de tenir le cap. Le bilan est mitigé. Pour les stations équipées de
canons à neige artificielle, la saison s'est plutôt bien passée. Pour d'autres comme le
Rouge Gazon, on est plus amer après l'épisode traumatisant de la tempête. "Nous
venions de procéder à des investissements lourds dans notre hôtel-restaurant,
explique Claude
Luttenbacher. Et nous avons dû déplorer onze jours de fermeture et un mois de janvier
où les clients avaient déserté."
Un marché porteur
Pourtant, malgré les inévitables caprices du temps, les touristes se rendent de plus en
plus nombreux chaque année dans le massif vosgien. La clientèle est très
majoritairement française (de 70 à 80 % selon les années), en provenance du grand Est
et de l'Ile-de-France. Les étrangers viennent surtout du Benelux et de l'Angleterre.
"Il s'agit, en très grande part, d'une clientèle familiale qui vient chercher
dans les Vosges les plaisirs diversifiés d'une montagne sécurisante et facilement
accessible du fait de voies de communication bien adaptées", explique Guy
Valembois, directeur de l'office de tourisme de Gérardmer. Malgré le succès croissant
du massif, les prestataires ont dû s'adapter aux nouvelles tendances et développer
toutes les facettes du séjour neige. Pour avoir su diversifier son offre de service,
l'économie de la neige est aujourd'hui très importante. "Le tourisme de la neige
représente une part prépondérante de l'activité économique du département des
Vosges, probablement de l'ordre de 30 à 40 % de l'activité globale, précise le
comité départemental du tourisme. Il génère de nombreux emplois permanents mais
aussi saisonniers."
Une nouvelle centrale de réservations
Situées dans une zone de chalandise de 20 millions d'habitants à moins de trois heures
de voiture, les Vosges profitent pleinement d'un marché national très porteur. "En
10 ans, nous avons multiplié par deux le débit des remontées mécaniques. On a un peu
trop vite enterré le marché des sports d'hiver qui connaît une progression fabuleuse",
commente Jean-Yves Rémi, hôtelier et propriétaire de la station de La Bresse. Pour
gérer efficacement la demande, les offices de tourisme des cinq principales stations
vosgiennes ont investi dans une centrale de réservations avec de gros moyens
informatiques. Créée en décembre 1999 et installée à Gérardmer, la centrale gère
d'une part les meublés (800 ouverts à la commercialisation) et, d'autre part, 13 hôtels
dans tout le massif, avec pour objectif d'arriver rapidement à 30 hôtels. Les clients
peuvent réserver de chez eux et à tout moment via le minitel ou Internet par paiement
sécurisé. Dans un futur proche, des "produits séjour plus activités"
(forfaits de ski, randonnées, VTT en été, etc.) seront également mis en vente. Les
stations des Vosges sont plus que jamais confiantes dans l'avenir.
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L'HÔTELLERIE n° 2671 Hebdo 22 Juin 2000