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Le complexe hôtelier de luxe, situé dans le sud de l'Indre, vient de rouvrir ses portes après un incendie. Mais ses propriétaires cherchent à le vendre pour en assurer l'avenir.
Le 22 décembre 1999, un violent incendie endommageait le complexe des Dryades obligeant ses propriétaires, Maurice Védy et Antonio Amingual, à fermer l'établissement pendant 4 mois. Après avoir été entièrement nettoyé d'une fumée noire qui salissait l'ensemble des locaux, les Dryades ont rouvert leurs portes début mai pour l'hôtel, et fin mai pour le centre de balnéothérapie. Il aura fallu au total 7 millions de francs de travaux pour tout remettre aux normes. Tout cela aurait pu être fatal aux Dryades. "Fort heureusement, se réjouit le p.-d.g. Maurice Védy, nous avions une bonne assurance. Il y a 3 ans, lors de notre adhésion à Best Western, nous avions souscrit un contrat auprès de la chaîne britannique. Cela nous a sauvés." En effet, l'assurance a payé intégralement le personnel (48 salariés) durant toute la fermeture. Celui-ci n'a donc pas été mis en chômage technique. Mais les propriétaires attendent à présent un règlement pour la perte d'exploitation car la fermeture durant les fêtes de fin d'année a constitué un gros préjudice. Les Dryades repartent aujourd'hui pour un nouvel épisode qui sera cette fois décisif. En effet, les propriétaires souhaitent passer la main : "J'aurai 80 ans l'année prochaine, précise Maurice Védy. Il est temps de trouver des successeurs qui assureront la pérennité de l'établissement."
"On nous a traités de fous"
L'histoire des Dryades se raconte comme une belle aventure. Maurice Védy et Antonio
Amingual sont des commerçants de luxe aux Champs-Elysées, amis des stars et des
paillettes, mais aussi propriétaires d'une vaste ferme à Pouligny-Notre-Dame dans
l'extrême sud de l'Indre, où ils y élèveront jusqu'à 500 bêtes à cornes. A la fin
des années 70, ils vendent leur ferme et ouvrent, toujours à Pouligny, une clinique
diététique, la première en France à être reconnue par la Sécurité sociale. Et 10
ans plus tard, sur le même site, ils se lancent dans le projet des Dryades. Sur un
terrain d'une centaine d'hectares, ils investissent plus de 100 millions de francs pour
construire cet hôtel 4 étoiles de 80 chambres et 5 suites, 10 salles de séminaires, 3
restaurants, avec un centre de balnéothérapie, parcours de golf 9 et 18 trous. "A
l'époque, se souvient Maurice Védy, on nous a traités de fous, mais on n'a
jamais regretté ce choix." Pour lancer les Dryades, les propriétaires ont
largement recours aux vedettes, aux médias et à l'accueil de sportifs comme le club de
football du PSG. Mais sans ville importante alentour, sans grand axe routier, sans grand
site touristique, l'établissement peine à trouver une nouvelle clientèle qui est
aujourd'hui à 80 % parisienne. Avec un taux d'occupation annuel de 35 %, l'établissement
ne tourne pas assez. C'est particulièrement vrai l'hiver quand le parcours de golf est
fermé et quand les Dryades ne fonctionnent qu'avec des séminaires ou la
balnéothérapie. Les propriétaires cherchent donc de nouvelles pistes : des cures
antivieillissement ou l'accueil de groupes du 3e âge afin d'attirer une clientèle toute
l'année. Effort aussi sur la cuisine avec l'arrivée d'un nouveau chef, Joël Emery,
chargé de redynamiser les cuisines et la carte de "la plus grande table de la
région". "Nous n'avons jamais fait de commercial et de marketing, regrette
Maurice Védy. C'est notre erreur, on pensait que cela fonctionnerait tout seul."
De même, l'adhésion à Best Western, il y a 3 ans, n'a pas apporté tous les fruits
escomptés dans la mesure où les Dryades n'étaient pas connectées à la centrale de
réservations de la chaîne.
Dans l'attente d'un successeur
Mais avec 19 millions de chiffre d'affaires l'an passé, le complexe "ne gagne pas
d'argent". D'où la recherche de partenaires ou de repreneurs : "A notre
âge, le seul souci c'est la pérennité du complexe. Nous cherchons donc quelqu'un de
sérieux et de professionnel que nous pourrons d'ailleurs accompagner durant 2 ou 3 ans
avant de tout lâcher. Les conditions financières sont bonnes : cela coûtera bien moins
que ce que nous avons investi, alors que les Dryades peuvent être une affaire colossale.
En forçant sur le marketing, le TO peut facilement remonter à 50 ou 60 %. Rien que pour
le mois de mai, nous avons fait 2 MF de chiffre." Seul établissement de ce luxe
et de cette qualité sur plusieurs centaines de kilomètres à la ronde, les Dryades
veulent donc rester une exception et la preuve qu'on peut faire vivre un grand
établissement loin de tout. Mais il reste à convaincre un repreneur pour valider cette
exception.
J.-J. Talpin
Le 22 décembre 1999, un violent incendie endommageait le complexe des Dryades obligeant
ses propriétaires, Maurice Védy et Antonio Amingual à fermer l'établissement pendant 4
mois.
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L'HÔTELLERIE n° 2672 Hebdo 29 Juin 2000