Feria de Nîmes
Depuis 1999, Pierre Infante et Serge Beldio ont décidé de travailler ensemble le temps du week-end de Pentecôte qui draine plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les rues de la préfecture gardoise.
Evénement culturel,
tauromachique ou, plus simplement, populaire, la Feria de Pentecôte à Nîmes est surtout
une opportunité économique pour les professionnels de l'hôtellerie et de la
restauration. Mais si les établissements de sommeil sont plutôt avantagés par leur
éloignement du centre-ville et donc du bruit, les restaurateurs, eux, sont pénalisés
dès qu'ils ne figurent plus dans le circuit habituel de la foule.
C'est le cas de Serge Beldio (Le P'tit Bec), président de la confrérie des restaurateurs
de métier du Gard. "Autant les gens viennent chercher de la tranquillité chez
nous le reste de l'année, autant là, ils nous oublient. Puis, la proximité de la fête
foraine constitue plutôt un handicap."
Pierre Infante (Petrus restaurant), membre également de cette confrérie est à ce
titre-là beaucoup mieux situé. A 100 mètres de la place des arènes, il ne pourrait que
se frotter les mains... "Le problème, c'est que notre rue accueille les abrivados
(spectacle camarguais mêlant taureaux et chevaux dans la rue) et que pour des raisons de
sécurité tout le périmètre est bouclé par des grilles. Pour nous, il est donc plus
simple de fermer le restaurant." Devant ce double constat négatif, les deux
confrères installés dans la même rue, mais à ses deux extrémités, ont décidé de
sortir de leur cuisine pour aller à la rencontre des clients. Dans une ville où le
moindre morceau de trottoir est transformé en terrasse et le plus quelconque des garages
en bodega musicale, ils ont opté, en 1999, pour un espace aménagé sur un grand
boulevard. "Mais nous étions proches des boxes à chevaux et la place manquait un
peu. Mais au moins, explique Serge Beldio, nous ne sommes pas restés inactifs et
nous avons découvert un autre aspect de la feria."
Pour l'édition 2000, ils ont pris de nouvelles dispositions et investi un coin des
célèbres Jardins de la fontaine. A deux pas d'une scène accueillant des artistes et du
manège pour les spectacles équestres, ils ont créé L'espace Petrus-P'tit Bec. "On
se démarque totalement de ce qui se fait durant la feria, nous, on déplace nos enseignes
et la reconnaissance dont nous bénéficions auprès du public nous interdit de nous
planter. Nous ne sommes donc pas un attrape-touriste, mais bien un restaurant qui joue la
carte de la qualité et du terroir", explique le président de la confrérie.
Expérience originale
Pierre Infante apprécie d'ailleurs que ses clients habituels de la rue de la République
le suivent et constituent même les premiers de ses supporters dans cette démarche qu'il
veut originale à plus d'un titre. "Il y a d'abord le fait que deux concurrents,
qui sont par ailleurs des amis, se retrouvent ensemble pour partager quelque chose
d'exceptionnel avec leurs équipes respectives. Ensuite, nous sommes là pour donner une
autre image de la feria face à des gens peu scrupuleux qui envahissent les rues et font
toute sorte de 'bouffe'. On ne se contente pas de les critiquer, on préfère ne pas leur
laisser le champ libre..."
Cependant, avant d'être parfaitement opérationnels les deux chefs ont besoin d'une
journée. Ce n'est pas si évident de quitter ses cuisines pour prendre place sous un
chapiteau. "Mais on ne regarde pas à l'investissement au moment de louer le
matériel. Il faut qu'on soit au top pour être à la hauteur d'une carte sur laquelle
nous engageons nos noms. La qualité est donc notre souci permanent au même titre que
l'idée du terroir : brandade de morue, caviar d'aubergine, rouille, côté de toro, tout
cela colle à l'image du Sud mais aussi de la feria..."
Une feria 2000 arrosée par de violents orages mais qui restera cependant un bon
millésime.
J. Bernard
Pierre Infante et Serge Beldio ont vécu pendant 5 jours dans les Jardins de la
Fontaine.
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L'HÔTELLERIE n° 2672 Hebdo 29 Juin 2000