Après plusieurs années de
crise, le secteur de l'hôtellerie et de la restauration connaît aujourd'hui une certaine
embellie et c'est heureux. Mais cette reprise d'activité n'est pas sans amener les chefs
d'entreprise à affronter des problèmes auxquels ils s'étaient peu souvent préparés
ces dernières années, et c'est dommage. Alors que l'ensemble de l'activité économique
européenne reprend, que le temps de travail est réduit dans de très nombreuses
entreprises françaises, parce qu'ils ont accepté de jouer le jeu de la patience ces
dernières années, crise économique oblige, les salariés demandent à leur tour, une
juste reconnaissance de leur travail, de leur professionnalisme.
Une demande qu'ils manifestent par une mobilité de plus en plus grande mais aussi et
surtout par un désintérêt évident pour le secteur, la pénurie de main-d'uvre en
est l'illustration. L'évident désaccord qui règne au sein des instances patronales pour
faire aboutir les négociations sur le temps de travail, n'atténue en rien ce sentiment
de lassitude qu'éprouvent aujourd'hui les professionnels salariés du secteur. Un
décalage qui se fait d'une manière de plus en plus flagrante entre les autres
entreprises et les leurs, une situation qu'ils ont de moins en moins envie de supporter
d'autant que nombreux sont les secteurs prêts à les recruter, eux justement, qui ont
prouvé des années durant combien ils étaient durs à la tâche, courageux, flexibles et
parfaitement conscients des contraintes des métiers de service, mais pas trop n'en faut.
Parfaitement concernés par cette situation, qu'ils analysent avec beaucoup de
discernement, de nombreux chefs d'entreprise cherchent seuls, au sein de leurs équipes,
à apporter des solutions, à trouver les moyens de compenser la pénibilité qu'imposent
les métiers de l'hôtellerie-restauration, à rendre compatible la vie en entreprise et
la vie personnelle de leurs salariés mais plus ils avancent dans leur projet, dans leur
réflexion, plus ils se sentent seuls, peu guidés par les organisations représentatives
de leur métier, de leur secteur. Fâcheuse habitude qu'entretiennent depuis si longtemps
les instances de défense des intérêts du patronat qui font preuve d'une force constante
en matière de résistance au changement et pensent qu'il est de leur rôle de s'opposer
à toute évolution, à toute remise en cause. Une attitude compréhensible dans la mesure
où elle reflète le sentiment d'une grande majorité de leurs mandants, hostiles à tout
changement, mais une attitude dangereuse car elle les conforte dans une analyse passéiste
de leur activité et les installe définitivement dans une non-adéquation avec leur
marché. Il faut oser dire aujourd'hui, dans le secteur de l'hôtellerie-restauration, que
les mentalités, les comportements, doivent changer en matière de relations humaines, en
matière d'organisation du travail, pour assurer la pérennité des entreprises. Ces
évolutions ont un coût, aux professionnels d'être exigeants vis-à-vis d'eux-mêmes, de
leurs salariés, de leurs clients et de l'Etat, pour que cette charge soit collectivement
prise en considération. Les clients devront demain payer plus cher les prestations, et
l'Etat moins ponctionner les entreprises et les salariés. Aux instances patronales de
convaincre ceux qui ont le pouvoir...
PAF
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L'HÔTELLERIE n° 2675 Hebdo 20 Juillet 2000