Premiers flux touristiques
Cette saison, la fréquentation de l'Ile de Beauté devrait être à la hausse. Après un démarrage contrasté lié aux perturbations dans les transports maritimes, juin a redonné courage aux professionnels du tourisme. Et juillet a démarré plutôt bien.
Avril a été très
prometteur, mais, sitôt écoulé, il fait place à un mois de mai catastrophique. Une
fois encore, les grèves des transports maritimes ont été à l'origine de la baisse de
fréquentation, allant jusqu'à - 30 %. La cascade d'annulations de réservations a même
laissé présager le pire pour les professionnels du tourisme, impuissants face à cette
Ile de Beauté redevenue "une destination incertaine". Une destination
qui, de plus, "génère son flux touristique par plus de 50 % de maritime".
Une réalité maintes fois dénoncée ces dernières semaines par les professionnels, dont
Roland Dominici de la Coordination des industries touristiques. Mais si les craintes de
nouvelles perturbations dans le domaine maritime semblent écartées, la question n'est
toujours pas réglée puisque les discussions à l'assemblée de Corse, concernant la
desserte maritime, vont reprendre en octobre. En avril dernier, les conseillers qui
votaient en faveur de l'ouverture à la concurrence tout en séparant le service de base
du service complémentaire ont été largement contestés par les syndicats des marins de
la SNCM et de la CMN, favorables à un appel d'offres global. D'où la paralysie du
trafic. Plutôt que d'assister à un durcissement du conflit, la commission de
développement de l'assemblée a préféré reporter le vote à octobre, ce qui devrait
garantir le bon déroulement de la saison.
Mais selon l'observatoire régional des transports de la Corse, les grèves, ayant
affecté les lignes de bord à bord et ayant fait perdre 36 % de ses trafics à la SNCM,
ne sont pas seules responsables de la chute de fréquentation. Le fait que la Pentecôte
et l'Ascension aient glissé sur le calendrier, passant de mai à juin, doit être pris en
compte. Autre élément dans l'analyse de la chute de l'activité dans les ports et
aéroports (- 9 % sur les aéroports, - 27 % sur les ports français et - 9 % sur les
ports italiens), la programmation pour septembre du Tour de Corse, habituellement prévue
en mai. L'arrière-saison devrait donc être assurée.
Toujours des carences
Longtemps considéré comme "mal nécessaire", le tourisme est devenu un des
leviers essentiels de l'économie insulaire et chacun reconnaît qu'il s'agit du principal
secteur économique d'avenir dans l'île. En 20 ans, la fréquentation de la plus proche
des îles lointaines a été multipliée par 4 pour atteindre, au cours de la saison
précédente, 4 millions de passagers et 26 millions de nuitées. Pourtant, si l'activité
touristique ayant généré 5,20 milliards de francs constitue une embellie dans
l'économie insulaire (+ 13 % par rapport à 1998), elle ne doit pas masquer les carences
du secteur. Parmi elles, la forte concentration de touristes dans l'espace et le temps,
une offre d'hébergement insuffisante (120 000 lits), déséquilibrée (58 % dans les
campings et 15 % dans les hôtels) ou, encore, la fragilité de l'avant et
arrière-saison.
Premier flux
Bonne nouvelle pour les professionnels, les premiers chiffres de juillet sont à la
hausse. Alors qu'en 1999 le port de Bastia réalisait sa meilleure performance avec un
trafic de 1 803 462 passagers, on devrait largement dépasser la barre symbolique des 2
millions cette année. Pour le premier week-end et le premier vrai rush de la saison, 30
000 personnes ont rejoint Bastia et 17 000 Ajaccio, avec 40 mouvements de navires et 68
mouvements d'avions pour la seule ville bastiaise ! Ainsi, du 30 juin au 2 juillet, la
SNCM a transporté 36 000 passagers (+ 30 %) et 11 000 véhicules (+ 25 %). La hausse est
également confirmée par les loueurs de voitures qui constatent une embellie d'environ 10
%. "Elle devrait se renforcer en juillet, août. Pour l'heure, les étrangers sont
plus nombreux que d'habitude, avec notamment des Anglais et des Américains",
assure-t-on à la société Budget. A Porto, à l'Hôtel Capo d'Orto, on est "ravi
car la saison démarre bien. Heureusement qu'avril a été bon car mai a été une
catastrophe. Là, c'est bien parti. Nous sommes en augmentation par rapport à 1999 et
notre clientèle est essentiellement française". Pour l'heure, les
professionnels sont optimistes. Reste à savoir si la croissance proportionnelle de leurs
chiffres d'affaires sera au rendez-vous de cette saison que l'on annonce exceptionnelle.
A. Croce
Pour l'heure, les professionnels sont optimistes. Cette saison s'annonce
exceptionnelle.
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L'HÔTELLERIE n° 2675 Hebdo 20 Juillet 2000