Paris
Paris est un passage obligé pour les groupes hôteliers étrangers qui souhaitent se faire une réputation à travers le Vieux Continent. Le Britannique Scotsman vient ainsi de s'installer au cur du Triangle d'or parisien en rachetant le fonds de commerce de l'Hôtel de La Trémoille.
Aujourd'hui, les groupes
hôteliers étrangers comptent sans cesse fleurette à la Ville lumière. "Quand
on aime, on ne compte pas !" Et pour plaire à la "belle", autrement
dit parvenir a y posséder un joli pied-à-terre (un hôtel par exemple), certains
affirment même, haut et fort, être fin prêts à casser leur tirelire. C'est ce que
vient finalement de faire le groupe britannique Scotsman.
Société créée voilà quelques mois à l'initiative d'anciens dirigeants de Regal
Hotels International Holdings Ltd, possédant deux établissements outre-Manche, Scotsman
a en effet conclu l'acquisition du fonds de commerce de l'Hôtel de La Trémoille le lundi
31 juillet dernier. Le montant de la transaction, réalisée par le cabinet Christie &
Co pour le compte de Highgate Holdings (compagnie américaine de télécommunications),
n'a certes pas été communiqué. Reste que selon certaines sources informées sur le
marché immobilier hôtelier, le Britannique aurait déboursé la modique somme d'environ
160 millions de francs pour décrocher l'affaire.
Un investissement financier important sachant que l'établissement va devoir subir de
lourdes rénovations pour prendre les allures "majestueuses" des palaces de la
capitale. "Les nouveaux propriétaires souhaitent en effet remettre
l'établissement au goût du jour afin d'en faire un véritable Boutique Hôtel de luxe",
indique d'ailleurs M. Benetti, directeur général de l'Hôtel de La Trémoille. Et
d'ajouter : "Il est en outre fort probable que nous fermions durant quelque temps
pour cause de travaux."
Emplacement
Fondée au début du siècle par la famille Dupré (qui possédait à l'époque également
le George V et le Plaza Athénée), cette unité, qui fut au fil des ans successivement la
propriété du groupe Forte puis celle de Granada, jouit apparemment d'un atout majeur aux
yeux des investisseurs étrangers : son emplacement. "L'établissement a
effectivement suscité un intérêt considérable du fait de sa situation géographique et
de son importante capacité", souligne Michèle Le'Loch, directrice de Christie
& Co Paris. Placé à deux pas des Champs-Elysées, en plein cur du Triangle
d'or parisien, l'hôtel dispose de fait d'une adresse de choix. D'autant plus qu'il est à
l'abri de l'animation, parfois agitée, sévissant sur la plus belle avenue du monde. Sans
oublier que l'Hôtel de La Trémoille compte également 107 chambres, un restaurant
gastronomique Le Louis d'or, un bar et deux salles de réunion.
Des éléments que Scotsman a jugés "inestimables" pour concrétiser sa
première implantation à Paris. Mais, la capitale française a sans doute aussi séduit
le Britannique grâce à ses performances touristiques. D'après les statistiques
communiquées par l'office de tourisme de Paris, la fréquentation touristique devrait
ainsi très probablement connaître une nouvelle hausse en 2000. Rien qu'au terme du
premier semestre, le nombre d'arrivées dans l'hôtellerie a grimpé de 2 %. Quant aux
prévisions estivales, elles tablaient, elles, sur une progression de 3 % des arrivées
hôtelières. Mieux encore ! Selon le baromètre PKF, l'hôtellerie 4 étoiles parisienne
a amélioré son taux d'occupation de 8,1 % (74,9 %), sa recette moyenne chambre de 8,1 %
(1 368 F), et son RevPar de 16,8 % (1 025 F) en résultats cumulés à fin mai 2000.
De quoi évidemment attiser les convoitises des étrangers. Reste à savoir si ces
augmentations seront aussi fortes au cours des prochains exercices. Pas si évident que
cela ! Et par là même, il faudra bien un jour ou l'autre que les prix des acquisitions
hôtelières se stabilisent.
"Aujourd'hui, les acheteurs semblent parfois avoir oublié la notion de
rentabilité des investissements", confie un spécialiste du secteur. Les
dernières ventes parisiennes donnent en effet le "tournis" même aux
gestionnaires les plus ingénieux. Rappelons quelques exemples comme les ventes du George
V, cédé par Granada au prince Al Waleed pour 920 millions de francs. Le Plaza Athénée,
quant à lui, est tombé dans l'escarcelle du sultanat de Bruneï pour 45 millions de
livres sterling...
C. Cosson
Scotsman a acquis le fonds de commerce de La Trémoille. Les murs restent la
propriété de la Caisse autonome nationale de la sécurité sociale dans les mines
(CANSSDM).
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L'HÔTELLERIE n° 2678 Hebdo 10 Août 2000