Disparition
C'est avec beaucoup de
tristesse qu'il nous faut aujourd'hui annoncer la disparition de Paul Benmussa. Tous ceux
qui l'ont connu se souviendront de l'homme attachant, entier, espiègle, enthousiaste, un
peu fantasque mais toujours très professionnel. Chaleureux, profondément humain, le
patron du restaurant le plus politique de Paris, Chez Edgard, savait mieux que personne
accueillir ses clients comme des gens importants... les placer de manière à ce que
personne ne se croise quand les tensions politiques ou médiatiques étaient au plus fort,
et passer de table en table raconter ses dernières histoires. Il avait su créer autour
de lui un élan d'amitié, autour du cigare, de la politique et de la restauration. Au
plus profond de la crise économique, il s'était personnellement investi dans la défense
de la profession et avait tenté de profiter de ses relations personnelles avec le monde
politique pour que le dossier de la baisse de la TVA soit pris en compte. Il n'avait pas
ménagé son énergie et avait longtemps cru voir aboutir ce dossier. C'est alors avec
beaucoup d'amertume qu'il a dû constater qu'avec lui aussi, les politiques avaient joué
de la langue de bois, lui promettant des avancées qu'il n'a jamais vues. Un peu par
bravade, beaucoup par lassitude, il n'a pas hésité à mettre à exécution sa menace :
la fermeture de son restaurant. Un moment douloureux pour lui bien sûr mais aussi pour
ses équipes qui, des années durant, l'avaient accompagné avec beaucoup de bonheur.
C'est Chez Laurent, sur les Champs-Elysées, qu'il s'est ensuite exilé quelque temps pour
y faire des relations publiques et y retrouver ainsi une partie de sa clientèle orpheline
de Chez Edgard.
C'est en 1969 qu'il s'était lancé dans la restauration et avait repris le restaurant de
la rue Marbeuf dont il allait faire une véritable institution. Né à Tunis, il avait eu
une affaire de textile avant de se lancer dans l'aventure de la restauration.
Paul Benmussa était officier de l'ordre national du Mérite et avait raconté
quelques-uns de ses souvenirs dans un ouvrage intitulé A la table d'Edgard. Il y
était beaucoup question de ses relations avec certains politiques devenus pour certains
des amis, comme Philippe Séguin, avec qui il était au lycée à Tunis, mais aussi Pierre
Bérégovoy.
Il est décédé le 18 août à Paris des suites d'un cancer. Il avait 63 ans. A son
épouse, à ses enfants, nous présentons nos plus sincères condoléances.
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L'HÔTELLERIE n° 2680 Hebdo 24 Août 2000