Rubrique animée par Pascale Carbillet.
pcarbillet@lhotellerie-restauration.fr
Je
travaille dans un établissement de luxe dans le département de la Seine-et-Marne. Dans
cette maison, je suis rémunéré au service à 15 % du brut de l'addition du client. J'ai
un salaire minimum assuré comme le veut la loi. Mais lorsque nous touchons nos salaires,
nous ne pouvons avoir aucune preuve du chiffre qui a été fait dans le mois et donc
aucune assurance que notre salaire soit bien le bon.
Comment vérifier que le montant qui nous est versé correspond bien à la somme exacte
? (B.F. de Fontainebleau)
Vous avez la possibilité de calculer votre salaire en consultant le registre spécial
d'émargement que votre employeur est tenu de mettre en place.
En effet, votre employeur a une obligation particulière de transparence comptable
lorsqu'il rémunère ses salariés au pourcentage. L'article R.147-1 du Code du travail,
qui reprend les dispositions de la loi Godard du 19 juillet 1933, lui impose de pouvoir
justifier de l'encaissement et de la redistribution à son personnel des sommes perçues.
Il doit, à cet effet, tenir un registre de répartition qui mentionne journellement :
* Le montant total des notes et additions perçues.
* Le pourcentage perçu sur ce montant pour le service par chacun des employés.
La tenue de ce registre était, à l'origine, une des conditions exigées par
l'administration fiscale pour bénéficier d'une exonération de TVA sur les sommes
versées au titre du service. Toujours d'actualité, il permet ainsi à cette
administration de contrôler l'affectation réelle des pourboires. Ce registre doit
normalement être émargé lors de chaque répartition par le ou les délégués du
personnel, ou, à défaut, par chacun des salariés bénéficiaires.
Vous devez normalement pouvoir consulter ce registre si vous y apposez chaque jour votre
signature. Si ce n'est pas le cas, vous pouvez formuler une demande écrite justifiée (en
recommandé avec accusé de réception) à votre employeur afin d'y avoir accès ou
demander tout simplement au délégué du personnel de vérifier. La connaissance de
l'ensemble de ces chiffres vous permettra ainsi d'établir avec exactitude le montant du
salaire qui vous est dû, en appliquant la méthode de répartition.
En tout état de cause, votre employeur a tout intérêt à respecter ses obligations et
afficher une transparence parfaite. Dans le cas contraire, il risque de perdre le
bénéfice de l'exonération de TVA sur le service et de subir un redressement fiscal pour
la TVA perçue de façon indue. De plus, il n'échappera pas au paiement d'une
régularisation de charges sociales aux Urssaf. Sans parler de l'amende (environ de 3 000
F) qu'il devra payer au titre de l'infraction à l'article L.147-1 du Code du travail
(prévue par l'article R.154-3 de ce code)
.
Employé
en CDI comme réceptionnaire dans un hôtel, je voudrais occuper un autre emploi pour
disposer d'une rémunération supplémentaire. Ai-je le droit de le faire ?
Mon employeur a-t-il le droit de me l'interdire et, si oui, dans quels cas ? (D.T.
de Paris)
Vous avez le droit d'occuper plusieurs emplois à condition de respecter la
réglementation en matière de durée du travail.
En effet, la loi n'interdit pas le cumul d'emplois. Un salarié a ainsi la possibilité
d'exercer régulièrement plusieurs activités professionnelles pour le compte
d'employeurs multiples. La seule limite est de ne pas dépasser la durée maximale du
travail
autorisée.
Vous êtes donc en mesure de cumuler, mais la durée totale de vos différents emplois ne
pourra être supérieure à 52 heures hebdomadaires et à 11 heures et 30 minutes
journalières, durées maximales de travail applicables aux CHR et prévues par la
convention collective du 30 avril 1997.
Votre employeur ne peut ainsi vous interdire d'avoir plusieurs emplois. Toutefois, si
votre contrat de travail comporte une clause d'exclusivité, vous devrez vous contenter de
ce seul poste de travail et respecter vos obligations contractuelles (cela ne vous
empêche pas, par ailleurs, d'avoir des activités bénévoles).
Le non-respect de cette clause d'exclusivité constitue une faute grave qui peut justifier
un licenciement.
Soyez donc vigilant et relisez bien votre contrat avant de vous engager dans une autre
activité d'appoint.
J'exerce la profession de cuisinière dans un petit restaurant. Suite à une embauche favorable où je dois commencer le 1er septembre, j'ai envoyé ma lettre de démission à mon employeur actuel le 3 août, alors que j'étais en congé. J'ai entendu dire que c'était interdit. Qu'en est-il exactement ? Et quels sont les risques encourus ? (S.B. de Vesoul)
Vous avez tout à fait le droit d'envoyer votre démission pendant vos congés. Mais
votre préavis ne commencera à courir qu'à partir de votre retour de vacances.
En principe, le délai de préavis ne peut être ni suspendu ni prolongé. Cependant, en
cas de congés payés, il peut être interrompu ou différé. En effet, la Cour de
cassation considère que les périodes de préavis et de congés payés ne peuvent se
confondre dans la mesure où elles constituent 2 droits différents. Ainsi, il n'est pas
possible d'imputer la durée de l'un sur celle des autres.
Votre démission intervenant pendant vos congés, le point de départ de votre préavis va
donc être le jour de votre retour de vacances. Dès lors, et suivant sa durée, le délai
de préavis risque de dépasser la date d'embauche pour votre nouvel emploi (à savoir le
1er septembre). Vous avez alors tout intérêt à demander à votre employeur de vous
dispenser d'effectuer cette période. S'il n'est pas d'accord, vous n'aurez d'autre choix
que d'effectuer votre préavis. Dans le cas contraire, votre employeur aura la
possibilité de saisir le conseil de prud'hommes et pourra obtenir l'indemnité
compensatrice de préavis ainsi que des dommages et intérêts pour rupture abusive du
contrat de travail (s'il justifie de l'existence d'un préjudice).
PrécisionA la demande du restaurant Les Moules à Lille, nous précisons que la photo de cet établissement a été utilisé uniquement pour illustrer le Courrier des lecteurs "prix net et service compris sont deux notions différentes" paru dans le numéro 2678 du 10 août 2000, mais qu'en aucune façon cet établissement n'était concerné par la question. |
Ça va mieux en le disantDonnez-leur une chance !Allez-y Messieurs, persévérez dans cette voie et vous pourrez continuer à alimenter
généreusement les rubriques "petites annonces" de vos revues professionnelles
ou de l'ANPE. Continuez à "casser" ces jeunes qui viennent effectuer leurs
stages de formation obligatoires dans vos établissements, là où personne ne les
accueille, entassés dans des "chambres" dignes d'un décor de film comme
"Les misérables au XIXe siècle", avec des matelas jonchés de taches, une
douche pour 6 dans le meilleur des cas, là où on leur sert des restes de buffets clients
du service précédent ou, encore, celui de la veille, etc. Cela pour le côté visible du
mal. Madame Lebigre d'Etretat |
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L'HÔTELLERIE n° 2672 Hebdo 29 Juin 2000