La Grande-Motte
Fréquentation moins importante que prévue, politique d'animation et de promotion de la station remise en cause, les professionnels de La Grande-Motte s'interrogent sur l'avenir touristique de la destination.
Jacques Mestre prévient
d'emblée : "Ce n'est pas le manque de potentiel qui nous gêne, mais plutôt le
manque de cohérence en matière de promotion de la station." Président de la
Fédération départementale de l'industrie hôtelière et propriétaire du restaurant le
Clippers, il fait partie de ces pionniers qui ont façonné l'image de marque de La
Grande-Motte depuis sa création, il y a plus de trente ans, et qui regrettent l'absence
d'ambition de la municipalité. "Nous faisons les frais de dix ans de
tâtonnements et d'absence de continuité dans la communication touristique puisque sur
cette période ce sont cinq maires différents qui se sont succédé", estime de
son côté Gaby Atlan, propriétaire du complexe La Féline (bar, discothèque et
restaurant). Avec près de 12 millions de nuitées enregistrées tant en hébergements
marchands que privatifs, La Grande-Motte bénéficie pourtant d'équipements de qualité.
Port, centre nautique, golf, institut de thalassothérapie, palais des congrès, casino,
autant d'atouts qui ne seraient pas suffisamment mis en avant selon les professionnels
locaux. "Nous pensions sincèrement réaliser une très bonne saison, d'autant que
nous devions récupérer une partie des touristes habituels de la côte Atlantique. Or
nous constatons, et c'est particulièrement le cas dans la restauration, une baisse
sensible de l'activité avec des conséquences désastreuses pour beaucoup", juge
Jacques Mestre qui ne comprend pas cette désaffection. "Nous subissons l'absence
de clarté au niveau du positionnement de la station. Il est vital de savoir sur quelles
bases et à destination de qui nous travaillons. Devons-nous accueillir une clientèle
haut de gamme comme à la fin des années 80 ou celle plus populaire, plus jeune et plus
hétérogène d'aujourd'hui ? En tout état de cause, une certaine logique doit-être
respectée pour que nous puissions nous situer et nous adapter au mieux",
prévient Gaby Atlan qui vient d'obtenir la concession d'une des rares plages privées de
la station, après plusieurs années de démarches infructueuses, une innovation pour La
Grande-Motte. Brigitte Lenfant, la responsable de l'office de tourisme, tempère : "Nous
nous efforçons de nous adapter au mieux aux demandes des touristes, notamment en matière
d'animations estivales." L'office accueille 700 visiteurs par jour et fait état
d'une progression de 10 % des demandes de renseignements de janvier à juin.
Pourtant, malgré des taux d'occupation de 63 à 66 % au début de la deuxième quinzaine
de juillet, les inquiétudes des professionnels ne semblent pas s'effacer. "Si
nous devons attendre les prochaines élections pour être fixés sur notre avenir, c'est
malheureux, d'autant que pour l'heure aucun grand projet ne nous a été soumis",
ajoute Jacques Mestre.
Une station vieillissante
Troisième budget du département, la commune doit faire face aujourd'hui à un
renouvellement partiel de ses infrastructures. Quai à refaire, axe et plan de circulation
remis en cause, c'est surtout en matière de communication nationale et internationale que
les professionnels se montrent les plus exigeants. "Nous vivons sur nos acquis,
sans que des actions spécifiques, visant au renouvellement de la clientèle, n'aient
été engagées durablement, ce qui nuit à notre image. Dans ces conditions, force est de
constater que nous ne bénéficions pas du soutien actif des collectivités locales",
estime une nouvelle fois Gaby Atlan qui emploie à lui seul une quarantaine de personnes.
Pour l'heure, c'est sur le bon déroulement de la fin de saison que les professionnels se
concentrent pour rattraper le manque à gagner des premiers jours, "mais il est
clair que sans renouvellement de l'offre, nous continuerons à subir la concurrence de
stations comme Palavas ou Le Cap d'Agde qui font preuve, depuis plusieurs années, d'une
dynamique qui nous fait cruellement défaut", termine Jacques Mestre.
"Si nous devons attendre les prochaines élections pour être fixés sur
notre avenir, c'est malheureux, d'autant que pour l'heure aucun grand projet ne nous a
été soumis", précise Jacques Mestre.
La station balnéaire de La Grande-Motte a décidé de redynamiser son offre touristique et ses équipements, de façon à attirer une nouvelle catégorie de clientèle. Hôteliers et restaurateurs ont été associés à cette réflexion pour proposer de nouveaux services. Objectifs visés, moyens mis en uvre par les professionnels.
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L'HÔTELLERIE n° 2681 Hebdo 31 Août 2000