Le boulevard d'Alsace à Cannes
Situé face à la gare SNCF, à hauteur de la voie rapide, le boulevard d'Alsace n'est pas un quartier touristique. Et pourtant... Jalonné d'anciens hôtels particuliers et de villas du XIXe, convertis en 3 étoiles avec parcs, jardins et piscines, il séduit la clientèle étrangère.
Cinq hôtels dont quatre 3
étoiles - de 17 à 59 chambres - ont fait du boulevard d'Alsace, un quartier de Cannes
pas comme les autres. Et s'il est vrai qu'enchâssé entre plusieurs axes routiers et
ferroviaires, le boulevard n'incite guère à la promenade, les hôtels de cette artère
ont su, en revanche, mettre en avant des caractéristiques propres. Leur côté
"french house" leur attire souvent la préférence des touristes étrangers.
Alors, la vie en rose ? Evidemment, non. Difficile de faire abstraction de l'environnement
gare-périphérique. Du côté des hôteliers du boulevard qui de façon unanime restent
singulièrement attachés à leur patrimoine, les idées ne manquent pas pour améliorer
l'environnement du quartier. Ils proposent, par exemple, une voie rapide bordée d'arbres,
la mise en place d'un éclairage public suffisant et aussi des panneaux informatifs,
histoire de désenclaver l'axe... Parmi les plus fervents défenseurs de ce quartier, les
frères Lazzari (Didier et Serge), qui viennent d'ouvrir Le Cannes Riviera. Le dernier-né
du boulevard d'Alsace a nécessité 9 MF d'investissements pour une réhabilitation totale
incluant le mobilier. Cet établissement compte 59 chambres climatisées, non
personnalisées, à connotation provençale avec une terrasse et piscine sur le toit. Les
tarifs vont de 400 F (single) à 550 F (double) en basse saison, et de 600 à 750 F en
haute saison avec un petit-déjeuner à 65 F. Des prix qui se situent dans la même
fourchette que ceux pratiqués par l'autre 3 étoiles des frères Lazzari, l'Hôtel de
Paris.
Egalement installée sur le boulevard d'Alsace, cette affaire familiale de 50 chambres
dont une dizaine de suites appartenait aux parents Lazzari. Reprise par leurs fils voici
huit ans, l'Hôtel de Paris a, depuis, doublé son chiffre d'affaires et affiche déjà un
taux de remplissage de 65 % qui ne cesse de progresser. Seulement 10 % de la clientèle
est française, avec 40 % de groupes, 30 % de congressistes, et 30 % d'individuels qui
viennent pour la majorité par le biais de tour-opérateurs.
Etre présent dans un maximum de guides
Avec douze places de garage et sept de parking extérieur, un vaste parc, une piscine, et
un bar avec piano qui accueille régulièrement une animation, les frères Lazzari ont
choisi de promouvoir leur établissement à travers des guides payants en affectant un
budget annuel de 20 000 F : celui des Châteaux & Hôtels de France, et de la chaîne
Golden Tulip. "Nous ne pouvons pas nous passer de cet investissement dans les
guides, seuls les établissements de la Croisette peuvent s'en dispenser", estime
Didier Lazzari. Un avis que ne partagent pas Yoko et Daniel Pouilloux à la tête d'un
autre 3 étoiles du boulevard : l'hôtel Vendôme, ex-Villa Claudia installée dans un
très beau bâtiment ancien. Fort d'une solide expérience en hôtellerie internationale
chez UTH, filiale de l'ex-UTA, le couple a visité 32 établissements entre Saint-Tropez
et Villefranche-sur-Mer avant de se décider après un coup de foudre. Ils doivent
patienter jusqu'en 1998 pour entamer des travaux de 1,4 MF. Au Vendôme, les tarifs vont
de 400 à 450 F en saison creuse et de 690 à 1 250 F en période événementielle, avec
un petit-déjeuner à 45 F. "98 % de notre clientèle nous est fidèle, amenée
par une dizaine de congrès. Quant aux touristes, ils se montrent moins réguliers depuis
sept ans, hormis quelques habitués italiens."
Un seul hôtel bas de gamme
Les Pouilloux ont fait le choix de ne pas travailler avec les tour-opérateurs qu'ils
jugent trop exigeants, et amènent parfois "une clientèle peu scrupuleuse".
Une décision qui est à l'origine d'un taux de remplissage irrégulier. "Nous
avons fait un choix de vie. En travaillant seulement tous les deux, nous pouvons nous
octroyer davantage de congés, et nous avons la chance de vivre dans un cadre d'exception."
Un troisième établissement de catégorie 3 étoiles complète l'offre hôtelière du
boulevard d'Alsace. Peu attrayant de l'extérieur, l'hôtel Cézanne propose en revanche
un joli parc pour 29 chambres charmantes, dans le plus pur style du label Hôtels de
Provence. Une telle concentration d'établissements haut de gamme dans le quartier de la
gare est une originalité cannoise. Cependant, les clients peuvent aussi trouver des prix
défiants toute concurrence à quelques centaines de mètres du centre-ville. Il leur
suffit de franchir la porte de l'Hôtel des Glycines. Tenu par Abdallah Frija depuis
trente ans, cette villa désuète - qui a perdu sa seule étoile - propose 10 chambres,
dont 2 mansardées et louées à l'année pour 1 800 F mensuels. Les 8 autres, comprenant
douche avec W.-C. à l'étage, sont à 150 et 160 F en hiver pour 250 F en été, avec
petit-déjeuner à 20 F.
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L'HÔTELLERIE n° 2681 Hebdo 31 Août 2000
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