Pays de la Loire
Logiquement et malheureusement, la saison en Pays de la Loire a été mauvaise. Les premiers chiffres font apparaître une baisse de 15 %. L'effet Erika, mais également une météo capricieuse expliquent cette tendance. L'intérieur des terres n'a pas été non plus épargné.
La directrice du CRT Pays de
la Loire n'y va pas par quatre chemins : "La saison 2000 n'est pas bonne, la
fréquentation touristique a chuté de 15 %."
On s'y attendait, mais quand même. Et ce chiffre annoncé correspond bien entendu à
une moyenne. Autant dire que, dans certains endroits, on peut craindre en toute
légitimité l'année qui s'annonce. Au Croizic, La Turballe, Piriac, zones
particulièrement touchées par la marée noire, cette baisse flirte ou dépasse les - 25
% ! Gérard Hénault, président du Syndicat départemental, résume la saison : "L'avant
saison a été très moyenne, juillet catastrophique, août acceptable et nous attendons
l'arrière saison qui généralement chez nous n'est pas mauvaise."
Pas la peine d'aller chercher bien loin les raisons de si mauvais résultats. Erika, bien
entendu, conjugué à un ciel des plus capricieux, et il n'en faut pas plus pour faire
fuir les touristes. "L'Erika nous a ôté les touristes étrangers à 90 %",
selon Gérard Hénault et particulièrement les Allemands et Hollandais, assez sensibles
à l'écologie. Malgré les efforts entrepris pour informer sur l'avancée du nettoyage
des plages (6,5 MF de fonds exceptionnels investis par le CRT), les touristes n'ont pas
été convaincus. D'autant qu'une campagne publicitaire de Total-Fina a torpillé celles
des CRT Pays de la Loire et Bretagne - ces dernières ont d'ailleurs engagé une action en
justice contre le pétrolier suite à ce clip désastreux montrant des plages et oiseaux
englués. L'effet Erika s'est notamment fait sentir en juillet, période du pompage des
cuves du pétrolier, mais il n'est pas seul responsable. La météo particulièrement
mauvaise a également joué un rôle, on en veut pour preuve les meilleurs résultats du
mois d'août où le temps s'est fait plus clément.
Il semblerait que cette baisse affecte autant l'hôtellerie que la restauration, mais il
ne s'agit là que de tendances. L'observatoire régional du tourisme reste très prudent
et ne délivre pas de chiffres (une étude, commune avec l'observatoire breton et de
Charente-Maritime, devrait éclairer davantage les professionnels dès le mois d'octobre).
Pour autant, cette situation ne concerne pas uniquement le littoral, mais également les
départements intérieurs tels la Mayenne, la Sarthe ou le Maine-et-Loire. Selon Odile
Brin, de l'observatoire, "ces résultats nous ont dévoilé l'importance de
l'interaction entre le littoral et l'intérieur. On ne s'en rendait pas tellement compte
avant, mais bon nombre de professionnels de l'intérieur travaillent en fait avec la
clientèle du littoral." Gérard Hénault confirme également que des "établissements
situés sur des axes de circulation ont aussi été touchés". Concernant les
hôtels, il semblerait que les établissements appartenant à des groupements régionaux
s'en tirent mieux que les autres, "mais cette offre reste minime par rapport à
l'offre régionale, témoigne Odile Brin. Les produits faisant moins appel à une
clientèle de masse et de fait plus haut de gamme ont été moins touchés".
Le ton monte
A La Baule, "cela a été moins catastrophique que prévu. Nous enregistrons des
baisses de l'ordre de 5 à 20 % en juillet. Mais plus ça va, moins juillet est un mois de
saison, ajoute le directeur de l'office de tourisme, Damien Dejoie. En août, nous
avons globalement bien fonctionné". Une réalité valable pour l'ensemble de la
baie (La Baule, Le Pouliguen, Pornichet) qui représente 70 % de la capacité hôtelière
de la presqu'île guérandaise. Selon Damien Dejoie, "l'hôtellerie s'en sort
mieux que les campings ou le locatif, grâce au passage". Autre fait significatif
ici, les TO de l'hôtellerie en mai et juin (50 à 60 %) se révèlent proches de 1999,
avec un nombre de nuitées moindre (20 % en moins). "Nous n'avons pas vu de
touristes, mais cela a été compensé par d'importants congrès et la saine activité
économique de Saint-Nazaire."
Reste l'arrière saison. D'ores et déjà, les professionnels s'inquiètent des
conséquences du blocage des raffineries et dépôts de carburant. Selon l'UDH, "un
ras-le-bol s'instaure. Une deuxième catastrophe risque de ternir la saison touristique
déjà morose, alors que le beau temps présageait une bonne arrière saison". Et
le syndicat de s'interroger : "Comment voulez-vous recevoir les touristes alors
que les pompes à essence sont vides ?" Le ton monte en Pays de la Loire. Même
le CRT fait entendre sa voix en regrettant, à l'annonce du plan triennal de réduction de
certains impôts, qu'aucune "mesure spécifique d'allégement n'a été envisagée
pour les professionnels du tourisme, notamment les hôteliers, cafetiers et restaurateurs
(...) Un abaissement du taux de la TVA qui leur est appliqué aurait constitué un coup de
pouce (...) Une fois de plus, nous avons le sentiment que ce secteur d'activité a été
oublié".
O. Marie
A La Baule, la situation a été moins catastrophique que prévu.
Des baisses de l'ordre de 5 à 20 % en juillet ont été enregistrées.
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L'HÔTELLERIE n° 2683 Hebdo 14 Septembre 2000