Bretagne
Difficile de dégager une tendance globale cette année pour la Bretagne. L'Ille-et-Vilaine s'en sort plutôt bien alors que, dans le même temps, le Morbihan subit de plein fouet les effets dévastateurs de la marée noire. Quoi qu'il en soit, les quelques bons résultats ne cachent pas le déficit global de la région.
Il suffit d'observer la fiche
de conjoncture établie mensuellement par l'observatoire régional du tourisme pour
prendre le pouls de la saison bretonne. Pour le mois de juillet par exemple, toutes les
flèches sont à la baisse : fréquentation, clientèle étrangère, mode d'hébergement
et loisirs... Seuls le tourisme de groupe et le site du Cap Fréhel enregistrent une
hausse ! Les commentaires sont logiquement à l'unisson : "Les résultats de la
saison 2000 ne s'annoncent pas bons." Manquent à l'appel les chiffres des mois
d'août et septembre. Quoi qu'il en soit, même bons, ils ne pourraient qu'atténuer le
déficit dû essentiellement à l'effet Erika et à des conditions météorologiques
particulièrement mauvaises.
Des quatre départements bretons (pour le Finistère, voir L'Hôtellerie n° 2681),
le bilan touristique morbihannais se présente comme le plus critique, voire
catastrophique dans certains endroits, notamment les îles (Houat, Belle-Ile, Groix...).
"Nous sommes en baisse partout et les îles ont été très sévèrement touchées",
annonce Philippe Podevin, directeur du CDT 56. "Entre avril et août,
l'hôtellerie enregistre des baisses établies entre 15 et 70 %." Des baisses
entre 16 et 25 % en mai, 15 % en juin, entre 10 et 40 % en juillet, et 2 % en août. Cette
baisse concerne tous les modes d'hébergement (jusqu'à - 60 % dans les campings en
juillet et - 50 % dans le locatif en avril). La restauration n'est pas en reste et suit
cette évolution. Dans ce département, la clientèle étrangère - Allemands et Anglais -
fait défaut, "tout comme la clientèle familiale qui a été impressionnée par
le tapage médiatique fait autour de la toxicité du pétrole", note Philippe
Podevin. Les fidèles n'ont pas manqué à l'appel, mais "ils représentent un
client sur trois ! Et encore, certains ne sont pas venus. Il semblerait que la météo,
particulièrement pluvieuse, ait joué un second rôle, puisqu'en regardant les années
précédentes, on s'aperçoit que l'influence de la météo sur la fréquentation
touristique ne joue que sur 2 ou 3 %", remarque Philippe Podevin. Dans cette
morosité, seules les villes semblent s'en tirer grâce au tourisme d'affaires et
l'activité à l'intérieur des terres paraît stable. "Nous attendons de voir
pour septembre, qui, chez nous, est généralement bon... mais c'est dur, très dur",
confirme le directeur du CDT.
Les étrangers absents partout
Les autres départements bretons ne sont pas logés à la même enseigne excepté pour la
désaffection de la clientèle étrangère. En Ille-et-Vilaine, en effet, on note une
chute de 20,2 % des nuitées étrangères (Allemands et Italiens surtout) en juillet. Une
baisse également confirmée en août. En Côtes d'Armor, Yves Le Sidaner, directeur du
CDT 22, le reconnaît : "Les étrangers, un tiers de notre clientèle, ont manqué
c'est clair, notamment les gens du Nord. Les Allemands par exemple passent, pour
l'organisation de leurs vacances, par des intermédiaires. Ils s'en sont donc préoccupés
très tôt, dès janvier, en plein naufrage de l'Erika. Sans se poser la question de
savoir si c'était la côte nord ou sud, ils ont préféré réserver ailleurs, c'est tout
!" En dehors de cette absence, la saison costarmoricaine semble avoir été
"correcte. Mais ce n'est pas une bonne année, pas un grand cru",
souligne le directeur du CDT 22. L'avant saison n'a pas été mauvaise, excepté en juin.
Juillet a été décevant mais en août nous avons eu du mouvement. Les professionnels
reconnaissent qu'il y a eu moins de monde mais que cela ne s'est pas trop mal passé, bien
qu'on ne puisse pas mettre tout le monde dans le même panier. "C'est très
diversifié, ajoute Yves Le Sidaner. Pour certains cela a bien marché, pas pour
d'autres." Une diversité dans les domaines d'activité mais également
géographiquement. Dinan, ville intérieure avec une dimension culturelle, a semble-t-il
bien marché, à l'image des hôteliers de l'intérieur des terres.
En Ille-et-Vilaine, l'avant saison a été meilleure que l'an passé avec un TO moyen de
63,1 % et 690 581 nuitées réalisées. Sur l'ensemble du second trimestre, l'entité
touristique Rennes Métropole enregistre le meilleur TO avec 67,5 %. En juillet, le TO
(69,8 %) est en légère baisse, tout comme le nombre total des nuitées qui est de 6 %. A
noter pour ce mois les bons résultats de l'hôtellerie 0 et 4 étoiles. Selon les
premières tendances, le mois d'août serait identique à celui de l'an dernier. Cette
année donc, la saison aura été très diversement vécue d'un département à l'autre de
la région. Une chose est sûre, la Bretagne doit jouer sur son attrait pour attirer plus
que jamais les touristes hors saison.
O. Marie
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L'HÔTELLERIE n° 2684 Hebdo 21 Septembre 2000