Granada Compass étudie la vente de ses hôtels
Ce n'est plus un secret pour personne : le groupe britannique, Granada Compass, négocie avec plusieurs acheteurs potentiels la cession d'une partie ou de la totalité de ses hôtels. L'identité de celui qui est le mieux placé n'a pas encore été divulguée, mais Accor figure parmi les candidats. Certains avancent déjà un avantage pour le groupe français.
L'histoire est un éternel
recommencement ! En témoigne le dossier des hôtels Le Méridien. Acquise par le géant
britanni-
que, Granada, en janvier 1996, l'ancienne filiale d'Air France revient aujourd'hui sur le
marché. Et parmi les candidats potentiels figure évidemment à nouveau le groupe
français spécialisé dans l'hôtellerie et les services.
Cinq mois à peine après sa fusion avec Compass, Granada a en effet avoué récemment
mener une réflexion stratégique et être en phase de "discussions exploratoires"
avec différents opérateurs au sujet de la vente d'une partie ou de la totalité de sa
branche hôtelière. A savoir, quelque 430 établissements exploités sous les enseignes
Le Méridien, Posthouse et Heritage. "Il est de notoriété publique que Granada
Compass conduit une revue stratégique de sa division hôtelière", déclare bien
sûr Accor. Tout en précisant que "dans ce contexte, il a des contacts avec
Granada, à ce stade effectivement exploratoire et dont l'issue et l'échéance ne sont
pas prévisibles".
Prête cependant à saisir toute opportunité, si "elle était à la fois
décisive sur le plan stratégique, équilibrée financièrement et relutive",
l'entreprise française, dirigée par Jean-Marc Espalioux, réaliserait un assez joli coup
en mettant la main sur les "joyaux", non pas de la couronne, mais de Forte
Hotels.
D'autant que le pôle hôtelier du Britannique s'apprête à annoncer des "résultats
historiques", en particulier pour la chaîne haut de gamme Le Méridien. Au terme
de l'exercice 1999, Méridien enregistrait d'ailleurs déjà une progression de son
chiffre d'affaires de l'ordre de 5 % et un bénéfice d'exploitation supérieur à 1,7
milliard de francs.
Mariage idéal
Sans tirer des plans sur la comète, il apparaît donc évident que le mariage entre
Sofitel Hotels & Resorts (145 hôtels dans 48 pays) et Le Méridien Hotels &
Resorts (118 établissements en opération) permettrait définitivement au groupe Accor de
renforcer ses positions sur le créneau de l'hôtellerie haut de gamme, et par là même
de faire la nique à un certain nombre de concurrents internationaux sur ce segment de
marché.
Un mariage qui serait d'autant plus heureux que les deux réseaux se complètent plutôt
bien d'un point de vue géographique. La chaîne Méridien est par exemple très
implantée sur le continent africain, en Inde et en Grande-Bretagne (7 unités à
Londres), alors que les Etats-Unis sont le deuxième territoire d'implantation (9 hôtels)
après la France pour Sofitel. La question finale étant de savoir quelle enseigne le
Français déciderait de conserver en cas de victoire. Evalué à 2 milliards de livres,
le nom de Méridien devrait a priori peser lourdement dans la balance. Concernant les
autres marques hôtelières susceptibles d'être cédées par le Britannique, dont
l'identité n'a pas été précisée, l'enseigne Posthouse pourrait néanmoins volontiers
venir grossir les rangs des chaînes 3 étoiles, Novotel et Mercure.
Une interrogation demeure toutefois quant au réseau Heritage, composé de 45 petits
hôtels (3 000 chambres) en pleine propriété. Positionnée comme une collection, la
chaîne, qui réalise quelque 100 millions de livres de recettes et un taux d'occupation
de 72 %, semble s'inscrire en effet moins aisément dans la stratégie d'Accor, quoi
que...
Liquidités
En attendant la fin des négociations (le dossier devrait être bouclé d'ici la fin de
l'année), auxquelles participeraient également d'autres poids lourds hôteliers tels
Hilton et Bass, reste à savoir si Accor serait à même de financer ce
"mariage". De l'avis de différents analystes financiers, "Accor ne
dispose pas des liquidités nécessaires". Mais, le Français a plus d'un tour
dans son sac. D'ailleurs, en ce qui concerne la reprise des hôtels de Vivendi, il
s'était déjà associé à de puissants investisseurs, Colony & Black Stone. Accor
peut en outre recourir à une augmentation de capital ou bien encore à des cessions
d'actifs. "Quatre milliards de francs de cession d'actifs immobiliers sont dans
les tuyaux pour 2000", a d'ailleurs déclaré Sven Boinet en juin dernier.
Tout va en fait dépendre du prix ! Granada Compass semble en effet actuellement lorgner
sur le groupe de restauration Autogrill et l'américain Aramark. Or chacune des
transactions en question, selon le journal The Independant on Sunday, pourrait
dépasser les deux milliards de livres sterling. Dans ces conditions, le Britannique va
sans doute souhaiter tirer le meilleur parti de sa branche hôtelière. En la cédant en
bloc ? Alors, l'histoire va-t-elle encore se répéter ?
Certains avanceraient le chiffre de 35 milliards de francs pour le pôle hôtelier, à
quoi correspondent ces chiffres ? Wait and see...
C. Cosson
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L'HÔTELLERIE n° 2685 Hebdo 28 Septembre 2000