Votre argent
Profiter des envolées des cours de la Bourse sans prise de risques, c'est le rêve de tout épargnant français, et les banques l'ont bien compris. C'est pourquoi, depuis 1990, elles n'arrêtent pas de proposer à leurs clients des placements censés concilier ces deux objectifs contradictoires. Derniers-nés de la gamme de ces produits, les fonds dits 'à promesse'. Mais peut-on réellement croire aux promesses faites ?
Au fil des années, les
placements proposant soit un capital ou un rendement garanti sont devenus de plus en plus
sophistiqués. Ce qui a permis aux banques d'assortir les engagements qu'elles prenaient
vis-à-vis de leurs clients de conditions souvent peu mises en avant.
Ainsi, dans les publicités actuelles pour les fonds à promesse, l'accent est mis
essentiellement sur le rendement élevé garanti : plus de 20 % en 3 ans. Effectivement,
l'avantage a priori de ces nouveaux produits, c'est d'être fixé dès leur souscription
sur la rémunération qui sera servie. Mais, contrairement à ce que pensent les nombreux
souscripteurs de ces produits, l'obtention de ce taux à terme est soumise à conditions.
Rendement sous conditions
En effet, ce rendement n'est garanti que si, au cours de la période de placement,
l'indice boursier de référence ne descend pas au-dessous d'un certain seuil. Ainsi, le
produit commercialisé par la Caisse d'Epargne assure une performance de 25 % à
l'échéance des 4 ans de détention que si le Dow Jones ou Euro Stoxx 50 n'a pas perdu,
pendant cette période, plus de 20 %. Si ce taux est dépassé, le gain est diminué de
1,25 % pour chaque tranche de 1 % perdue en sus des 20 %. Même promesse limitée pour le
produit commercialisé par la BNP. Le taux de rendement offert est identique sur une
période plus courte (3 ans et 3 mois), mais les conditions pour le percevoir sont plus
draconiennes : l'indice Cac 40 ne doit pas afficher une performance négative au terme de
la période d'immobilisation. Les rendements promis seront donc réduits en cas de chute
des marchés boursiers mais, en revanche, aucun espoir de primes complémentaires en cas
d'envolée de ces mêmes marchés sur la période de référence. Ce sont donc les banques
qui empochent les bonus... et les souscripteurs qui assument les pertes !
Le capital n'est plus protégé
Seconde évolution à connaître par rapport aux premiers produits garantis : le capital
n'est plus protégé. Si l'évolution de l'indice de référence devient désastreuse, le
capital est entamé pour couvrir les pertes enregistrées. Chaque produit diffère sur les
conditions de protection du capital investi. Ainsi, il faut que l'indice de référence
perde 38,4 % durant la période de référence pour que les sommes investies dans le
produit de la Caisse d'Epargne commencent à diminuer. En revanche, à la BNP, il suffit
d'une chute de 25 % du Cac 40 pour que le capital soit entamé.
Enfin, comme pour tous les produits garantis, il ne faut pas avoir besoin de ces fonds
avant la date d'échéance prévue. Quel que soit le gestionnaire, les rachats anticipés
annulent d'une part les promesses faites à la souscription, et d'autre part donnent lieu
au prélèvement de frais importants pour sortie anticipée (de 4 à 6 % du capital alors
reversé). Une punition lourde à ne pas mésestimer lors de la souscription.
Garantir un gain plafonné avec un risque illimité
En fait, la vraie promesse de ces nouveaux fonds est de garantir un gain plafonné pour un
risque en réalité illimité. En effet, qui peut prédire le niveau des indices choisis
comme référence en septembre 2003 (produit BNP) ou en janvier 2004 (produit Ecureuil) ?
Malgré ces garanties sous conditions, 20 milliards de francs ont été investis dans ces
fonds à promesse. Et pourtant, les épargnants avisés auraient mieux fait de continuer
à privilégier les fonds garantis à performance indexée. Ces produits de la seconde
génération sont encore commercialisés et ont l'avantage de permettre un gain illimité
(un certain pourcentage de la hausse de l'indice de référence) pour un risque connu (au
pire, une rentabilité nulle, mais avec la garantie de retrouver la totalité du capital
investi).
M.-C. Barbier
Ne surestimez pas les taux offerts
La publicité de la plupart des fonds garantis, actuellement commercialisés, vous promet
un taux apparemment élevé mais calculé sur 2 ou 3 ans.
Or, ces taux cumulés donnent une fausse idée de la rentabilité exacte du produit.
Sachez donc qu'un capital qui double en 15 ans ne rapporte que 4,75 % par an, qu'un
rendement de 20 % au terme de 3 années est procuré par tout produit placé à 6,3 % par
an, qu'une assurance vie sur laquelle est servi 6 % par an dégage une plus-value de 59,38
%
au bout de 8 ans, et de 139,66 % au terme de 15 années d'immobilisation.
Conséquence : avant de signer, vérifiez la rentabilité réelle annuelle promise.
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L'HÔTELLERIE n° 2687 Hebdo 12 Octobre 2000