Hôtellerie niçoise
A la fin du premier semestre, les établissements hôteliers de Nice comptabilisaient 11 % d'augmentation par rapport à l'année passée (déjà exceptionnelle !). A l'été, ils décrochaient des résultats au-delà de toute espérance. Quant au dernier trimestre, il s'annonce sous les meilleurs auspices.
Les officiels tombent d'accord. La cause première de ce succès, ce sont les 270 MF investis dans la rénovation hôtelière au cours des cinq années passées. Mais ce n'est pas l'unique explication. L'an 2000 a servi de prétexte symbolique pour multiplier et innover dans les rencontres et les congrès. Quant à la hausse du dollar, associée à un effort de modération de la part des hôteliers, elle a permis à la Côte d'Azur de se placer comme l'une des meilleures destinations en termes de qualité et de prix. Après des années marquées par un immobilisme inquiétant, aggravé par la récession économique au début des années 90, l'opération de réhabilitation reste néanmoins spectaculaire. Entre 1995 et 1998, ce sont 175 MF qui ont été investis dans la modernisation des établissements niçois. Et près de 90 MF le seront encore d'ici à la fin 2000. Le grand renouveau vient des 4 étoiles (essentiellement situés sur la promenade des Anglais). En effet, la clientèle du Moyen-Orient - à fort pouvoir d'achat -, qui élisait uniquement Cannes voici très peu de temps, revient sur Nice, avec, à sa suite, une forte proportion de Scandinaves et d'Anglais. A titre d'exemple parmi de nombreux adeptes de cette politique de rajeunissement : le Radisson SAS (332 chambres), dont la mise avoisine les 35 MF ; l'hôtel La Pérouse, qui vient de rouvrir ses portes après 20 MF de travaux ; mais aussi Le Méridien, le Westminster, le Splendid, le Plaza, le West End et le Sofitel Centre qui ont rénové leurs chambres ou leurs façades. Ou bien encore L'Atlantic qui, entre autres travaux, a complètement refait son 'New Bar'. Quant aux 2 et 3 étoiles, ils ne se sont pas exclus de la vague. Le couple Debono et Hugo Van Kerckove ont ainsi sauvé respectivement l'Hôtel Victoria (3 étoiles) et l'Hôtel du Midi (3 étoiles) de la fermeture.
Multiplication des manifestations et congrès
"Il faut se montrer objectif, déclare Jean-Paul Cordero, directeur du Plaza
et président du Syndicat des hôteliers niçois. Nous récoltons les fruits d'un
investissement colossal. J'ai parfois entendu des rumeurs tout à fait stupides concernant
le désastre de l'Erika qui aurait ramené toute une clientèle sur la Côte. Il ne faut
opposer les régions en aucune circonstance car elles ne sont tout simplement pas
opposables." La seconde raison majeure à cet accroissement, c'est la
multiplication des manifestations et congrès. "Nice porte à la fois sur le
tourisme de loisirs et sur le tourisme d'affaires, reprend le président. Elle a
toujours été riche en concentrations professionnelles, mais l'an 2000 a aussi servi de
prétexte à de nombreuses créations." Parallèlement à la coupe Davis, en
décembre 1999, et à la coupe du monde de Patinage artistique, en mars dernier, une
douzaine de congrès internationaux ont eu lieu - comme le congrès mondial du Gaz en juin
avec 6 000 participants, ou encore le premier congrès européen de Cardiologie en juin
avec 3 500 participants. Cinq s'égrènent de septembre à décembre, avec notamment le
sommet européen des chefs d'état à la fin de l'année. "La qualité des
manifestations va de pair avec le nombre de participants, précise Jean-Paul Cordero,
d'où cette poussée très forte."
Un dollar onéreux et un euro en chute libre. Le jeu des monnaies a été un autre facteur
de poids, soit une aubaine pour le tourisme hexagonal et un argument solide pour les
tour-opérateurs.
Le jeu des monnaies favorable
En 2000, la Côte d'Azur est 15 % moins chère pour les Américains, et 10 % pour les
Anglais, par rapport à l'an passé. Jean-Paul Cordero se félicite aujourd'hui d'avoir
libellé en dollars, en 1995, un contrat à long terme passé avec un voyagiste du
Wisconsin, aux Etats-Unis. "Depuis cette date, le dollar s'est apprécié de 30 %.
Ce qui m'autorise le luxe de ne pas augmenter mes tarifs pour ces clients américains
!" Une société britannique confiait par ailleurs à Michel Tschann -
porte-parole du syndicat - qu'il était moins onéreux pour elle de payer un billet
d'avion pour Nice, afin d'y organiser sa réunion dans un 4 étoiles, plutôt que dans un
hôtel londonien. "Ajoutons à cela la carte de la modération que les
professionnels s'entendent à appliquer très sérieusement et surtout dans la continuité,
reprend le président, une activité ludique permanente (très intense en période
estivale), ainsi qu'une qualité et une recherche gastronomique et culturelle en vigueur
sur Nice tout au long de l'année, et vous aurez une vue lucide sur la conjoncture
locale." Globalement, avec une fourchette d'augmentation de 5 à 11 %, la Côte
d'Azur a profité plus que la moyenne par rapport aux autres régions demeurées entre 2
et 4 %. Seule ombre au tableau : une fréquentation fortement influencée par les
touristes étrangers et non par les Français. Le quota des clients nationaux aurait
chuté de 8 à 10 % au cours du premier semestre 2000. "Il faut reconnaître que
nous avons ouvert nos réservations à l'international, notamment vers les Etats-Unis et
l'Asie, et délaissé la France dans nos démarchages, admet Jean-Paul Cordero, mais
je compte bien y remédier très rapidement car le pays reste un excellent vivier pour la
Côte d'Azur."
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L'HÔTELLERIE n° 2689 Hebdo 26 Octobre 2000